Enfant de la Lune [Tome 2]

Chapitre 7

La pluie tambourinait la porte fenêtre qui menait au balcon du prince. Ce dernier était couché sur son lit, les yeux rivés sur le plafond, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Il repensait à cette journée mouvementée qu'il venait de passer. Mouvementée mais merveilleuse. Malgré sa déception de ne pas l'avoir embrassé, il était tout de même extrêmement heureux : elle lui avait avoué ses sentiments, quoique maladroitement. Lui qui doutait que les siens soient réciproque, il avait maintenant la confirmation que si. Il mourait d'envie d'aller la voir mais lui avait promis du temps pour réfléchir et, même s'il avait peur qu'elle l'utilise pour s'éloigner, il préférait le lui accorder au risque de tout gâcher.

Pendant ce temps, la louve s'activait, assise à même le sol de sa chambre. Elle traçait des traits avec le petit stylo de charbon noir que lui avait offert le roi de Vertbois-le-Grand. Mais à chaque fois, le résultat ne lui convenait pas. Cela faisait maintenant plus de deux heures qu'elle planchait sur ce dessin mais quoiqu'elle fît le résultat ne lui convenait pas. Il finit par froisser une énième feuille avec un petit cri rageur. Pourquoi était-ce si dur ? Elle avait toujours réussi à poser ses pensées sur papier, pourquoi maintenant elle n'y arrivait plus ? La réponse était facile en réalité, elle était perdue. Des milliers de voix parlaient en même temps dans sa petite tête trop remplie, certaines lui disait qu'elle était devenue folle, qu'elle ne devrait pas se rapprocher autant de cet homme, d'autre, au contraire, l'encourageait, lui disaient qu'elle avait le droit à un peu de bonheur et de réconfort dans sa triste vie. Elle ne savait plus qui écouter. D'un côté elle était terrifiée par la pensée même de devenir si faible devant quelqu'un de l'autre elle mourait d'envie de s'abandonner dans ses bras. Mais il n'y avait pas que ça. Elle savait que le Seigneur Thranduil avait fini par l'accepter comme l'amie de son fils, mais réagirait-il devant la possibilité d'une relation plus ambigüe entre eux ? Mal, c'était certain. Le roi de Vertbois était très ancré dans ses principes, il fallait être sot et aveugle pour ne pas le savoir, alors voir son fils aimé une moins que rien, une simple femme hybride, une errante, sans biens en sa possession si ce n'est son corps et son esprit était inconcevable.
La jeune femme frissonna et se mit à claquer des dents. Contrairement à la chambre de Legolas, la sienne n'avait pas de fenêtre et donnait directement sur le balcon. Ainsi, maintenant que le soleil était caché et que le froid de l'hiver commençait à tomber, la température de la pièce devenait rapidement glaciale. Elle finit par se lever et quitter la pièce pour rejoindre le Sinda dans sa chambre et ainsi, se réchauffer dans ses bras. Cependant, elle eut un moment d'hésitation avant de toquer à la porte : elle lui avait demandé du temps pour réfléchir. Or, si elle allait le voir maintenant, il pourrait penser qu'elle avait fini de cogiter alors que c'était loin d'être le cas.

- Vous allez toquer ou vous comptez rester ici toute la soirée ?

La jeune louve se retourna dans un sursaut en collant une main contre sa bouche pour ne pas crier. Devant elle se trouvait un grand elfe au visage fin, un nez droit, de grands yeux gris et de long cheveux bruns.

- Excusez mon impolitesse, dit-il en la voyant le dévisager de la sorte, je ne me suis pas présenté. Je me nomme Elladan, fils d'Elrond.

- Je suis...

Il éclata de rire sans même la laisser finir sa phrase :

- Je sais qui vous êtes. Comment ne pas le savoir !

Elle pencha la tête d'incompréhension, il n'était pas dur de la remarquer, c'était un fait, mais pour autant il ne semblait pas lui avoir déjà une seule fois adressé la parole.

- Le prince Legolas n'a que votre nom à la bouche. fit-il avec un clin d'œil. Et puis, je suis le fils de vôtre hôte, il serait inconvenant que je ne vous connaisse pas, tout du moins de nom et de tête.