Enfant de la Lune [Tome 2]

Chapitre 12

Le voyage se passa dans le plus grand des calmes. Malgré les réprimandes du prince, la jeune femme passa les montagnes sous sa forme de loup. L'imposante stature du grand cheval noir que le Seigneur Elrond lui avait offert l'intimidait face à l'étroit chemin de pierre qu'ils arpentaient lentement. Mais une fois dans les plaines sauvages, elle prit un plaisir fou à galoper à pleine vitesse laissant le vent frais du printemps lui ébouriffer les cheveux et lui revigorer le corps. Elle se sentait vivante. Jamais auparavant elle n'avait senti cette sensation de liberté sous sa forme humaine.

Arrivée devant la forêt, au bout d'un mois de route, la louve stoppa sa monture. Legolas l'imita en tournant vers elle un regard surpris.

- Que se passe-t-il princesse ?

- Je... tu es sûr que c'est une bonne idée ?

- De quoi parles-tu ?

- Tu es sûr qu'il ne faudrait pas plutôt que je retourne directement dans ma cabane ?

- Pourquoi le faudrait-il ?

- Ton père...

Il soupira avant de mettre pied à terre. Liliana passa une jambe par-dessus l'encolure avant de, à son tour, se laisser glisser jusqu'au sol. Le prince vint doucement la serrer dans ses bras en essayant tant bien que mal de la rassurer.

- Ne t'en fais pas trop, je ne vois pas pourquoi il est sujet d'inquiétude.

- Parce qu'il n'approuvera pas notre relation.

- Il ne pourra pas m'interdire de t'aimer !

- Mais ce sera un ordre de ton roi !

- Oui, c'est mon roi mais il ne peut commander mon cœur.

La louve sourit contre son cou, ne voulant pas rompre son étreinte, se sentant trop bien blotti entre ses bras. Malheureusement, ce fut lui qui s'écarta.

- Écoute, nous pouvons toujours nous présenter à lui mais si quelque chose ne va pas on retournera dans ta clairière.

- Mais tu seras forcé de rester dans ton royaume...

- On ne pourra peut-être pas se voir tous les jours mais je pourrai te rendre visite régulièrement. Rien ne t'empêchera de franchir nos frontières non plus. fit-il avec un clin d'œil. Cela te va-t-il ?

Elle hocha vigoureusement la tête avant de se hisser à la pointe des pieds pour atteindre les lèvres du Sinda sur lesquels elle déposa un chaste baiser avant que chacun ne renfourche sa monture et de s'élancer à travers les arbres. Legolas semblait connaître le chemin par cœur car il finit même par enclencher le galop, rapidement suivie de sa compagne qui avait bien trop peur de se perdre pour rester à une allure plus modeste.
Finalement, au bout de trois bonnes heures de voyage entre les arbres, l'elfe sylvestre s'arrêta.

- Nous venons de passer la frontière !

- Combien de temps nous reste-t-il avant d'atteindre le château ?

- Une heure ou deux si nous avançons au petit trot.

L'angoisse de la jeune femme était palpable et se faisait ressentir autour d'elle. Malgré tout, elle essaya d'en passer outre et de repartir au pas en s'exclamant d'un ton faussement joyeux :

- Bien allons-y alors, plus vite nous serons arrivés, plus vite nous pourrons passer une vraie nuit de sommeil dans un bon lit.

Les deux compères sourirent à la seule pensée de pouvoir se blottir sous une couette sans avoir de bestioles qui leur montaient dessus, d'herbes qui leur grattaient la peau ou de racines qui leur labouraient le dos.