Chapitre 10 :

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Les jours passèrent, identique les uns aux autres, Liliana passait une bonne partie de la journée avec son frère avant de rejoindre le prince. Ils passaient assez souvent leurs nuits ensemble mais, deux ou trois fois par semaine, la louve veillait tard, se rendant à la bibliothèque où elle étudiait secrètement puis elle regagnait sa chambre pour ne pas risquer de le réveiller. Elle avait toujours cette impression d'infériorité quand il s'agissait de comparer ses connaissances à celle du Sinda alors elle faisait tout pour combler ce manque mais, pour autant, elle voulait le faire seule, ne voulant paraître comme une idiote à ses yeux ou même à ceux des autres.

Entre eux, rien n'avait changé, ce n'était que quelques baisers volés dans le dos des gens. Legolas était d'ailleurs assez taquin avec ça, il adorait la plaquer dans le coin d'un couloir avant de l'embrasser avec ferveur puis de repartir comme si de rien n'était. Et à chaque fois, cela avait le même effet sur la jeune femme, elle restait planter dans le couloir pendant quelques instants, les yeux fermés, hébétée par son geste avant de se précipiter à sa suite en lui mettant un coup de coude et en le rabrouant.

- Quelqu'un aurait pu arriver ! lui disait-elle à chaque fois.

- Mais personne n'est venu. répondait-il alors avec un clin d'œil.

Quoiqu'il s'en doutait, le frère de la louve n'avait pas été mis au courant de leur relation de plus en plus ambigüe quoique que pas encore totalement officialisée. Après tout, aucun des deux n'avait déjà dit « Je t'aime » mot pout mot à l'autre, pourtant, elle avait plusieurs fois manqué de lui dire mais elle avait peur, peur qu'après il ne s'en aille, peur qu'il la considère comme acquise et se lasse. Ainsi elle attendait qu'il le lui dise. Mais lui aussi, par crainte de la brusquer et qu'elle ne se braque n'avait jamais osé le lui avouer. Ainsi aucun des deux ne voulait faire le premier pas, par un simple manque de communication.

Anor lui n'aimait toujours pas ce prince qu'il jugeait hypocrite et imbu de lui-même. Il était persuadé qu'il finirait par se lasser et par abandonner sa sœur en la faisant souffrir. Ainsi, tous les jours, il essayait de la convaincre sans le dire explicitement qu'il fallait qu'elle s'éloigne, que ce n'était pas une bonne personne. Mais elle ne l'écoutait guère. Malgré tout, le doute commençait à s'insinuer dans son esprit. L'aimerait-il toujours ou finirait-il par se lasser et par la laisser tomber ? C'est pourquoi, un soir, alors qu'ils étaient blottis l'un contre l'autre, elle saisit sa main et joua avec ses doigts, un air préoccupé sur le visage. Legolas le remarqua bien vite et la lui attrapa pour qu'elle arrête de se tordre les doigts.

- Que se passe-t-il princesse ? demanda-t-il en baissant la tête pour la regarder dans les yeux.

Elle ne répondit pas, se contentant de détourner le regard. Il passa alors son index sous son menton.

- Lili, parle-moi. Qu'y a-t-il ?

Elle plongea son regard d'argent dans l'océan bleu du sien.

- Pourquoi je te plais ?

- Comment ça, qu'est-ce que tu veux dire ?

- Pourquoi est-ce que je te plais ?

- D'après toi, pourquoi tu me plais ?

- Je crois que la raison pour laquelle je t'ai plu, au début, c'est que je ne t'appréciais pas justement. J'ai tort ?

- D'accord ! Je sais ce que tu te dis ! Maintenant que j'ai la preuve que je te plais, tu as peur que je me lasse de toi ?

- Je n'ai pas peur ! mentit-elle. Je me demande juste quand ça arrivera.

- Et si je ne devais jamais me lasser de toi ?

Enfant de la Lune [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant