Chapitre 4

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- Oh ! C'est encore vous ! Désolée, mais il n'est pas là pour le moment ! dit une voix un peu nasillarde et nonchalante.

Katy raccrocha, déçue. Cela faisait quatre jours qu'elle essayait de joindre Michaël Cookson mais ce fut en vain à chaque fois. Elle avait beau laisser ses coordonnées, jamais personne ne rappelait.

Elle avait réussi à retrouver sa trace grâce aux informations que Stevenson avait bien voulu donner à Cornélius. Acteur ou pas, l'homme auquel avait été confronté son ami n'avait pas menti sur tout. Elle tomba sur une jeune femme qui, après avoir écouté ce que Katy avait à dire, lui répondit que son colocataire n'avait jamais connu son père qui répondait au nom de Cookson. Sa mère, quant à elle, était morte l'été dernier à la suite d'une leucémie.

Michaël Cookson habitait les Sables d'Olonne, sur les bords de l'Océan Atlantique et y travaillait comme mécanicien dans un garage, menant en parallèle une vie un peu dissolue. Depuis la mort de sa mère, il avait beaucoup de mal à se ressaisir. A dire vrai, il terminait souvent ses journées dans l'un des nombreux bars du port.

A trente-neuf ans, Michaël était un homme séduisant bien que profondément marqué par l'alcool. Sa peau halée et ses yeux clairs lui conféraient un côté un peu méditerranéen. Des cheveux bruns coupés en brosse surmontaient un visage allongé. Une fossette au niveau du menton ajoutait à son charme. C'était un homme de taille moyenne, plutôt bien bâti.

Sa montre indiquait 19h00. Il faisait encore chaud en cette fin de journée du mois d'août, la mer, calme, commençait à se retirer.

Quelques vacanciers remontaient de la plage et du monde affluait devant le passeur, le bateau qui faisait la navette entre le port des Sables et celui de la Chaume. Les restaurants accueillaient leurs premiers clients.

Ce soir, Michaël n'avait pas envie de boire, il préférait marcher et il se rendit sur la jetée. Certains chalutiers rentraient au port tandis que d'autres se préparaient pour une nuit de pêche. Il reconnut le « Cachalot », le bateau d'un de ses compagnons de beuverie et ce dernier lui fit d'ailleurs signe de la main.

Il reprit la direction du centre-ville, passa devant le casino puis s'engagea dans une petite ruelle sur sa gauche. Il s'arrêta devant une porte en bois bleu clair. Ayant oublié ses clefs, il sonna. Chantal, une jeune fille avec laquelle il cohabitait, lui ouvrit presque aussitôt.

- Je ne t'attendais pas si tôt mon canard, dit-elle d'une manière très langoureuse. Elle se mit à sourire, découvrant une rangée de dents enchevêtrées et jaunies par le tabac.

- Je suis fatigué, j'ai envie de calme, lança froidement Michaël sans même poser un regard sur sa compagne.

Elle ne sembla pas s'en offusquer et se contenta de le suivre, ne perdant rien de son sourire.

Mademoiselle Boudot aurait pu avoir un certain charme mais sa vulgarité gâchait tout. Trop maquillée, provocante dans un tailleur rose bonbon qui la boudinait plus qu'il ne la mettait en valeur, elle n'était même pas sexy. Sa dentition mal soignée ne venait rien arranger. Cela faisait un moment que Michaël ne la regardait plus.

- Tu as encore eu un appel de cette Katy Mitchel, dit-elle simplement.

Michaël sembla étonné. Il demanda :

- Mais c'est qui elle ?

- Mais si ! J't'en ai déjà parlé mais t'es toujours bourré ! T'as dû oublier ! Tiens, elle a encore laissé son numéro ! Cette fois, essaye de la rappeler...J'suis pas ta standardiste !

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