Chapitre 17

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Chapitre 17

*

Vingt ans plus tôt...

Moïra regardait le paysage défiler à toute vitesse. Elle le regardait sans le voir. Elle se sentait vide. Plus rien n'avait d'importance car tous les êtres chers étaient partis.

Après la terrible nouvelle, elle s'était effondrée...Katy avait essayé d'apaiser sa peine mais toute la gentillesse dont elle avait fait preuve n'avait fait que l'effleurer... Elle se moquait de tout ce qui pourrait arriver désormais. Plus rien n'avait d'importance. Lorsque Nestor lui avait dit qu'ils devaient prendre la route au plus vite, elle lui avait rétorqué qu'elle rentrait chez elle, qu'elle tuerait le salopard qui avait massacré ses amis mais il avait insisté et alors, elle avait tenté de s'opposer à lui mais ce dernier avait dû verser un somnifère dans la tisane que Katy avait préparée ...Elle se retrouvait désormais sur le siège passager d'une voiture à côté du vieux borgne et pour ça, elle le détestait. Il n'avait pas le droit de décider pour elle...

- Comment vous sentez-vous ? lui demanda-t-il mal à l'aise.

Elle continua de scruter le défilé de couleurs et de formes sans montrer le moindre intérêt à ce qu'il pouvait dire.

- Moïra, je sais que vous êtes en colère et que vous m'en voulez...

- En colère ?! fit la jeune femme qui s'était brusquement détournée du paysage. Vous ignorez complètement ce que je ressens aujourd'hui. Mes deux meilleurs amis sont morts à cause de moi, à cause de vous...Si je...Et la famille que j'ai en Irlande ? Sont-ils tous morts eux aussi ?!...

- Je n'en sais rien et mieux vaut ne pas essayer de les contacter...Il ne faut pas attirer l'attention...

- ...Mais si vous saviez à quel point j'en ai rien à foutre d'attirer ou non l'attention ! Vous ne comprenez rien, n'est-ce pas ? Je me moque de mourir, je n'ai pas peur...Au contraire, il me tarde de rencontrer l'ordure qui a tué ma grand-mère puis mes amis. Laissez-moi à la première gare, que je rentre chez moi et peut-être...

- Il n'en est pas question ! fit Nestor sur un ton ferme qu'elle ne lui connaissait pas. Vous pouvez me détestez, jeune fille, je n'en ai cure. Je vous emmène en lieu sûr et après, vous déciderez de ce qui est bon ou non pour vous. En attendant, vous allez faire ce que je vous dis.

La jeune femme allait de nouveau lui tenir tête mais il fut plus rapide pour reprendre la parole.

- Là où je vous emmène, vous allez obtenir des informations sur votre passé et notamment sur le père de votre enfant.

Elle voulut dire quelque chose mais referma la bouche aussi sec. Un silence pesant s'installa dans la voiture.

- C'est du bluff ! finit par lancer Moïra.

- Peut-être ! répondit Nestor qui ne se départit pas.

- Très bien, je vous suis mais après je rentre chez moi et je ne vous revois plus jamais.

- A votre guise jeune fille ! fit Nestor, un sourire en coin.

« C'était une seconde bataille de gagnée », songea-t-il.

Ils arrivèrent enfin à Nice. La promenade des anglais était remplie de touristes à cette époque estivale de l'année. La circulation était dense. Nestor s'engagea dans une petite rue perpendiculaire à l'avenue pour pénétrer dans un parking souterrain dans lequel il se gara. Il coupa enfin le contact mais demeura assis sur son siège, l'air grave.

- Où sommes-nous ? demanda Moïra.

- Dans le parking d'un célèbre hôtel niçois, le Negresco. C'est ici que nos chemins se séparent jeune fille.

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