Chapitre 20

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Cornelius se trouvait là où Nestor avait établit sa boutique mais cette dernière n'existait plus : à la place, il y avait une pharmacie entièrement rénovée. Trois jours uniquement s'étaient espacés depuis leur dernière visite et il était impossible qu'un bâtiment ait été rénové aussi vite. Il avait eu beau faire le tour du quartier, arpenter chaque rue pendant plusieurs minutes, c'était bien là que Nestor avait résidé mais aujourd'hui il n'y avait plus aucune trace. Il entra dans la pharmacie tenue par un jeune pharmacien.

- Bonjour, dit-il, que puis-je pour vous ?

- En fait, je ne viens pas acheter quoi que ce soit, j'aurais juste quelques questions à vous poser car je recherche une personne.

- Je vous écoute, demanda le jeune homme avec sourire.

- Depuis combien de jours cette pharmacie a-t-elle été aménagée ?

- Je crains qu'il ne faille pas parler de jours mais plutôt d'années. Cela fait deux ans que je suis établi ici avec mes employés.

Cornélius ne perdit pas son sang froid, il poursuivit son interrogatoire :

- Avez-vous déjà vu un certain Nestor Callaghan, un vieil homme bossu et borgne ?

Le jeune pharmacien essayait de se souvenir de quelque chose mais il finit par hocher de la tête laissant le sourire réservé à sa clientèle de côté. Cornélius prit donc congé sans aucune autre question. Encore une fois c'était invraisemblable, mais depuis quelques temps plus rien n'avait de sens alors il commençait par être habitué, voire même blasé...

Il avait fini par investir dans un portable. La veille, avant leur dispute, Michaël s'en était procuré deux et lui avait appris à s'en servir. Un brave gars, ce Michaël ! Au moment où il commençait par vraiment l'apprécier, tout partait en vrille. Il sortit le portable de sa poche et composa le numéro de son ex partenaire d'enquête et bien sûr, il tomba sur la messagerie : « Michaël Cookson, je ne suis pas disponible pour le moment, veuillez laisser un message ou me rappeler ultérieurement. » Il faillit raccrocher mais laissa finalement un message : « Nestor et ... sa boutique ont disparu... Je vais voir mon ami historien afin qu'il m'oriente sur des recherches en généalogie. Je repartirai demain à Londres afin d'en apprendre plus sur Carolyn. Je pense aussi passer au domicile de Katy avant de partir... On ne sait jamais... Etes-vous retourné aux Sables d'Olonne ? Je suis désolé pour la tournure qu'ont pris les choses...Je ne voulais pas vous blesser... Soyez prudent ! ... Je vous recontacte très bientôt... »

Il rangea son portable et s'engagea vers une station de métro, celle du Pont Neuf. Il devait se rendre à Monceau et il avait un ou deux changements à faire. Durant tout le trajet, une seule personne hantait son esprit : Morgan Mortensen. Cette jeune femme ne parvenait pas à le laisser de marbre, il ne cessait de se demander ce qu'elle avait bien pu devenir et puis il songea à son amie Katy Mitchel, à la photo d'elle qu'il avait vu : il était un peu comme ces jeunes enfants qui ne parviennent pas à réaliser qu'un jour leurs grands-parents avaient eux aussi été des enfants, qu'ils avaient aimé eux aussi, qu'ils avaient fait les quatre cents coups...

Arrivé à destination, il sortit de la bouche de métro et arriva au parc Monceau. Il marcha quelques instants puis s'assit sur un banc au pied d'un gros chêne qui devait être plus que centenaire : il songea à tout ce dont il avait dû être le témoin et se fuma une cigarette. Il se remit en route, sortit de l'autre côté du parc et se rendit à l'entrée d'un bâtiment haussmannien, typique de la capitale.

- Tiens, je ne m'attendais pas à te voir ! Ça fait plaisir ! Entre, je t'en prie !

Cornélius n'avait pas dit un mot. Il entra. Son ami se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Il désigna un fauteuil en cuir recouvert d'un plaid à carreaux rouge et vert. Cornélius ne se fit pas prier pour s'asseoir.

SÍ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant