Chapitre 2

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« Cookson ? », interrogea une voix étonnée au téléphone. Elle poursuivit dans un anglais rapide :

« Attendez quelques instants ! Je vais regarder nos fichiers ! »

Cornélius l'entendit pianoter sur ce qu'il pensait être un clavier.

« Ça y est ! Il y a effectivement un Cookson. Apparemment, il travaillait pour nos services dans les années soixante et je vois qu'il est mort dans un accident à cette même époque.

Désolé, rien d'autre n'est précisé. »

Cornélius n'abandonna pas pour autant et demanda à qui il pouvait s'adresser pour avoir plus d'informations. Son interlocuteur le fit patienter quelques instants qui lui semblèrent très longs puis sa voix se fit de nouveau entendre :

- Il faudrait vous déplacer afin de consulter nos archives. Toutefois, je vous préviens à l'avance que certaines informations sont confidentielles et ne pourront vous être dévoilées. »

- Je vous remercie pour votre aide. Bonne journée !

Cornélius posa le combiné et prit place dans son fauteuil. Il resta songeur un moment, fixant un point invisible devant lui. Mettant fin subitement à ses réflexions, il s'empara du petit carnet rouge posé sur la table basse devant lui et relut les quelques notes qu'il y avait apposées. Apparemment Cookson savait conduire or il y avait renoncé par suite d'un traumatisme mais peut-être aussi par culpabilité. S'il a heurté un arbre, c'est que quelque chose l'a dévié de sa route. Peut-être conduisait-il très vite ? Mais pourquoi ? Cherchait-il à échapper à quelque chose ? ... Katy avait peut-être tord de se faire des films au sujet de cet accident... Il a peut-être tout simplement revécu le drame de sa jeunesse et il a fini par « perdre les pédales » au sens propre comme au sens figuré ! Ou autre hypothèse : peut-être qu'il ne s'agissait ni d'un accident ni d'un meurtre mais d'un suicide !

Londres, le 04 août 2004

Cela faisait un moment qu'il attendait que quelqu'un daigne s'occuper de lui. Il était arrivé dans la matinée et avait aussitôt pris un taxi pour le commissariat central de la petite ville de Stonevillage située dans la banlieue de la capitale londonienne. Il y avait beaucoup de monde dans le hall d'entrée et le policier chargé de l'accueil s'occupait d'un couple très énervé. La femme, plus large que haute, le visage rougi, reprochait à son mari, un grand tout mince au crâne dégarni, de ne pas avoir fermé les portes de leur voiture ; apparemment, on leur avait volé.

Cornélius parvint tout de même à savoir où étaient les toilettes de l'établissement, on lui indiqua une porte située tout au bout d'un petit couloir. Sur la droite, on pouvait entrapercevoir les dernières marches d'un grand escalier.

Les locaux avaient gardé tout leur côté victorien du XIXème siècle. Les murs du chemin, qu'il venait d'emprunter, étaient ornés des portraits de grands inspecteurs tous disparus depuis longtemps. L'un des tableaux l'interpella tout particulièrement. Il s'agissait du shérif Rowdwik qui avait officié entre 1874 et 1905. Il avait un regard noir perçant. Ses cheveux blancs et le nombre infini de ses rides accentuaient la profondeur de son regard. C'était vraisemblablement une représentation réalisée à la fin de sa carrière. Il ne souriait pas et une grande froideur émanait de lui. Ce devait être quelqu'un de très autoritaire, pensa Cornélius.

Il tomba soudain nez à nez avec un jeune homme au visage très pâle. Il portait un uniforme de policier mais il n'était pas semblable à celui que portait son collègue à l'accueil. Il avait quelque chose de...désuet.

- Que cherchez-vous, Monsieur ?

- Oh ! Je ne vous avais pas vu...A vrai dire, je reviens des toilettes que votre collègue m'a gentiment indiquées mais je suis venu ici afin de consulter les archives. J'aimerais en savoir plus sur un agent qui aurait travaillé ici dans les années 60, expliqua Cornélius, un peu surpris par la venue si discrète du jeune policier. Les traits de ce dernier lui étaient légèrement familiers mais il n'aurait su dire pourquoi...Juste une impression de déjà vu...

SÍ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant