SÍ...

Chapitre 5

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Londres, octobre 2004, minuit

Big Ben venait de sonner les douze coups de minuit et un brouillard épais se levait sur la City. Il ornait d'un épais manteau la cathédrale St Paul. La légende du smog londonien n'en était pas une finalement.

Il n'y avait que quelques rares passants dehors et aucun d'entre eux ne s'était rendu compte de ce qui se tramait dans le petit jardin jouxtant la cathédrale.

Là, une voix rauque s'élevait de l'ombre et s'adressait à un homme vêtu d'une cape noire à capuche.

- Nous ne pouvons accéder à ta requête, tu devrais le savoir.... Cette histoire ne nous concerne plus depuis que les lois ont été bafouées, depuis l'ignoble trahison dont on nous a fait porter le fardeau... Nous ne sommes plus que trois, trois gardiens maudits à cause de la cupidité des hommes ! »

Désormais, les pièces de l'échiquier sont en marche et elles affrontent leur destin. Tu fais partie du jeu, pour notre part, nous demeurerons spectateurs... »

- Pourquoi ne pas vous vengez d'eux ? L'aider, elle, vous rendrait votre honneur et vous permettrai d'anéantir les vrais traîtres !

- Notre honneur est intact... Quant à la vengeance, pour la rendre efficace, c'est le monde entier qu'il nous faudrait anéantir et nous ne nous donnerons pas cette peine : il sait très bien le faire tout seul ! Adieu et ne t'avise plus de me faire venir, je ne répondrai plus à ton appel quelque soit le lien qui nous unit... Je ne te dois rien, tu as choisi ta destinée, tu dois en assumer seul les conséquences ! Ri a dtréigeann a riorchta raibh aon chearta !»

- Alors c'est comme ça, hein ! Vous êtes des lâches !

- Fais très attention à tes propos, roi déchu, la patience ne fait pas partie de mes vertus ! Toutefois, la sagesse oui et je vais faire preuve de clémence à ton égard pour cette fois seule...Luss, rends-toi là-bas au plus vite et trouve le cercle avant qu'il ne soit trop tard !

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De retour à Londres, dans son appartement qui donnait sur Hyde Park, Carolyn ressortit pour la énième fois les cartons qui contenaient les affaires de son père. Elle en avait déjà étudié les contenus à maintes reprises mais cette fois-ci, c'était différent, elle savait quoi chercher. Après avoir fouillé la totalité du premier carton, elle finit par trouver l'article qu'avait mentionné Katy Michel. Il était bien question de l'accident de voiture de ce policier, John Cookson. Le journal n'était plus en très bon état, ses pages avaient jauni et...il semblait anormalement épais. Avec précaution, elle entreprit de le déplier et se rendit vite compte que d'autres documents avaient été rangés à l'intérieur. Il y avait une enveloppe, deux autres articles de journaux et une miniature, le portrait d'une jeune femme aux longs cheveux noirs et aux yeux verts. Il s'agissait d'une femme très belle et Carolyn mit quelques instants avant de détacher ses yeux de la peinture. Elle avait quelque chose d'hypnotique. La signature de l'artiste ou peut-être ses initiales avaient été apposés tout en bas à droite...J oC. Pourquoi son père avait-il gardé ce portrait ?

Délaissant enfin la miniature, Carolyn entreprit avec attention la lecture du premier article. Issu de l'Illustrated London News, il datait du 14 novembre 1899. Férue de brocantes et de vide-greniers, elle avait déjà eu l'occasion de feuilleter ce genre de vieux journaux qui sentent le renfermé. Dans l'article qu'elle avait entre les mains, il était question d'une réception ou plus exactement d'un bal et surtout d'une jeune femme, une dénommée Morgan Mortensen. Cette dernière, alors qu'elle faisait son entrée dans le monde, se serait fourvoyée avec un homme de mauvaise réputation. Leur attitude à ce bal aurait fait scandale et entaché la réputation de la famille.