SÍ...

Chapitre 24

*

Ils rentrèrent à l'hôtel dans lequel Cornélius avait passé la nuit et réservèrent pour la suivante. Il n'y avait en effet plus de car en partance pour Galway, le voyage ne pourrait donc s'effectuer que le lendemain matin... de bonne heure car il leur faudrait alors traverser toute l'Irlande dans sa largeur. Ils avaient certes songé à prendre une voiture de location mais s'étaient finalement mis d'accord sur le fait qu'il serait moins fatiguant de se laisser conduire. Ils avaient donc quartier libre pour le restant de la journée.

Carolyn ne demeura pas longtemps à l'hôtel. Elle devait, leur dit-elle, trouver une pharmacie afin d'obtenir quelque chose qui pourrait calmer ses douleurs ophtalmiques. Elle proposa même de prendre des cachets pour Cornélius mais ce dernier lui montra sa boîte pleine tout en lui expliquant qu'il devait ses migraines à son irresponsabilité.

Ainsi, Cornélius et Michael se retrouvèrent de nouveau en tête à tête et le second en profita pour donner ses impressions et questionner le premier ouvertement.

- Elle est étrange, non ?

- Non. Elle est tout à fait charmante, fit Cornélius, l'air de rien.

- Sérieusement Cornélius ?!

- Quoi ?...

Michael fixait le vieil homme sans dire un mot.

- D'accord !... Je pense qu'il est évident qu'elle cache des choses mais n'en faisons-nous pas autant ? Enfin, vous non, puisqu'en sa présence vous êtes atteint de mutisme aigu !

- Je me méfie, c'est tout et pour le moment, je préfère observer.

- Vous n'observez rien, vous boudez dans votre coin comme un enfant.

- Peu importe ce que vous pensez et puis, je ne vois vraiment pas l'intérêt de porter des lunettes de soleil.

- Elle vous a expliqué...

- Oui, des « problèmes oculaires ! » fit Michael en tentant d'imiter son accent.

- Michael, je crois que cette jeune femme vous trouble et je vous comprends, elle est très belle ! Mais...

- Elle ne me trouble pas du tout. Elle n'est pas si jolie, on ne voit jamais ses yeux et puis son accent british m'agace au plus haut point. Je la trouve bizarre, c'est tout !

Pourtant, tout en disant cela, il ne parvenait pas à la chasser de son esprit. Cette femme était certes étrange mais elle était surtout ensorcelante et donc dangereuse.

- Sincèrement, Cornélius, pourquoi est-elle là ?

- Vous l'avez dit vous-même à plusieurs reprises, elle est impliquée. Elle a tout autant que vous le droit de savoir.

- Et vous y croyez, vous, à son histoire ? Elle se fait agressée, se cache...Une jeune femme normale aurait immédiatement alerté la police, ses proches ! Elle serait rentrée chez elle ! Et d'ailleurs, où s'est-elle cachée ?

- Dans une ferme près de Luss.

- Une ferme ?! Ça ne tient pas debout, il y a quelque chose qui cloche !

- Ecoutez, je ne suis pas stupide. Encore une fois, bien sûr que je pense qu'elle ne nous dit pas la vérité et encore une fois, nous faisons de même...

- ...Faux ! Nous cachons des choses car nous ne connaissons pas cette femme. Elle, elle ment, j'en suis certain ! Toute la différence est là Cornélius !!!