Chapitre 11

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Cornélius arriva à Londres dans la soirée. Il prit une chambre d'hôtel pas très loin de Piccadilly Circus dans laquelle il ne parvint pas à dormir correctement... Trop de pensées encombraient son esprit et ses violentes migraines ne lui laissaient plus de répit. Il y avait aussi quelque chose qui trottait dans sa tête, mais curieusement, il ne savait pas quoi ; c'était comme s'il essayait de se rappeler quelque chose mais rien ne venait.

Il s'inquiétait de plus en plus pour Carolyn mais surtout pour Katy. Que lui était-il arrivé ? Pourquoi était-elle partie avec le journal de Morgan Mortensen ? Ce n'était pas dans son habitude d'agir de la sorte mais que savait-il au juste de ses habitudes, il ne la connaissait que depuis un an et Michaël lui avait fait prendre conscience d'un fait : il n'avait jamais cherché à en savoir plus, lui pourtant si curieux ! Est-ce que Katy savait quelque chose qu'ils ignoraient ? Et si l'auteur de la lettre pour Michael l'avait vraiment enlevée ? N'avait-il pas le devoir de prévenir la police quitte à l'avoir sur le dos ? S'il lui arrivait quelque chose, il ne se le pardonnerait jamais. Il avait laissé Michael seul à Paris, ce dernier lui avait prouvé qu'il était très doué pour se mettre dans le pétrin...et il semblait si vulnérable derrière son apparente insouciance. Cet homme était en fait un concentré d'antagonismes : réflexion et impulsivité, vulgarité et finesse, mensonge et honnêteté. Devait-il réellement lui faire confiance ? Ne devait-il pas au contraire se prémunir de lui ? N'aurait-il pas dû l'emmener avec lui afin de le surveiller ou peut-être de le protéger ?... Toutes ces questions, ces inquiétudes le plongeaient dans un état de stress et il fumait cigarette sur cigarette. Il songea qu'il n'aurait pas dû s'entêter, que cette histoire ne valait pas le coup si elle devait mettre des vies en danger.

« De toute façon je suis là maintenant. Le mal est fait. Je fais rapidement ce que j'ai à faire et je rentre. », finit-il par se dire tout en écrasant sa dernière cigarette.

Il se rendit de bonne heure à la gare Victoria et prit un train de banlieue. Il n'y avait que très peu de monde. Il descendit à Stownvillage, la même petite ville huppée de la banlieue londonienne dans laquelle il s'était déjà rendu quelques semaines auparavant pour en apprendre plus sur l'accident de Cookson. Cornélius ne croyait pas au hasard pas plus qu'aux coïncidences...

Il quitta la petite gare et se rendit à pied dans le centre-ville. Il demanda à un passant où se trouvait l'office de tourisme. Ce dernier se trouvait juste en face de la Ste Mary Church, une vieille église du XVème siècle. A l'intérieur du centre d'informations touristiques, il y avait une femme assise derrière un comptoir, répondant à un appel téléphonique. Cornélius regarda tout autour de lui, des tas de dépliants, de livrets d'informations sur les sites importants de la région recouvraient plusieurs étales. Une grande carte était affichée sur le mur, juste derrière la jeune femme qui avait reposé son combiné.

- Bonjour, monsieur. Puis-je vous renseigner ? demanda-t-elle.

Cornélius la salua à son tour et dit :

- Connaissez-vous l'orphelinat Sainte Mary ?

- Oui, bien sûr mais il n'en reste que des ruines aujourd'hui. Il a été fermé il y a quarante ans et depuis il est complètement abandonné. Je crois même qu'il a souffert des bombardements durant la dernière guerre. La toiture s'est effondrée et la végétation l'a envahi.

Si vous désirez voir ce qu'il en reste, allez voir le pasteur Sheffield. Il s'y rend de temps en temps. Il connaissait bien l'une des dernières sœurs qui y a travaillé. Cette dernière avait voulu être enterrée à côté de son établissement, dans le vieux cimetière situé à proximité. Il va entretenir sa tombe. Le pasteur est un homme charmant, je pense qu'il ne refusera pas de vous aider...

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