Chapitre 9

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*

Carolyn ne parvenait pas à ouvrir les yeux, ses paupières étaient douloureuses, comme si elles avaient été marquées au fer blanc. Elle se trouvait à l'intérieur d'un lit moelleux aux draps frais et doux. Elle entendait dans le lointain un air de flûte mélodieux mais aussi mélancolique. Une odeur de pain chaud lui emplit les narines.

- Commencez-vous à vous sentir mieux, Madame ? demanda soudain une voix chaude et grave d'homme.

- Où suis-je ? Qui êtes-vous ? s'enquit –elle aussitôt, cherchant fébrilement à ouvrir les yeux. Elle finit par porter ses mains sur son visage et se rendit très vite compte qu'il y avait un bandeau, elle avait les yeux bandés. C'est alors que la panique l'envahit et elle se rappela soudain tout : la cabane de son père, la porte fermée, le noir puis les flammes, ces paroles étranges et enfin le néant. Que s'était-il passé ?

« Pourquoi ai-je les yeux bandés et surtout, pourquoi je ne parviens pas à le retirer ? »

Un rire se fit entendre et l'homme reprit la parole :

- Disons que c'est un bandeau spécial, dit-il comme s'il avait lu dans ses pensées et moins vous en verrez et mieux vous vous porterez. Sachez qu'ici vous êtes en sécurité et que bientôt, je vous ramènerai chez vous.

Il allait quitter la pièce quand soudain Carolyn s'écria :

- Mais bon sang où suis-je ?

Elle avait fini par réussir à enlever le bandeau et se mettre debout... Son hôte fut interloqué et tout se passa soudain très vite. En une seconde, il se jeta sur elle et à nouveau, ce fut le néant.

**

Cornélius et Michael s'étaient endormis dans leur fauteuil respectif, ils avaient finalement terminé la soirée au whisky, tout en continuant d'échafauder des théories abracadabrantes.

Il devait être cinq heures du matin lorsque Cornélius se réveilla le premier. Il laissa Michaël qui ronflait à pleins poumons, prit son manteau et sortit. L'alcool lui donnait mal à la tête mais il voulait voir Katy et lire les écrits de Miss Mortensen. Son téléphone ne répondait pas et la patience n'était pas son fort ; qui plus est, il avait besoin de prendre l'air. Avant de partir, il laissa un mot à son invité. Il prit un taxi. A cette heure-ci, la circulation était fluide et il ne mit pas trop de temps pour arriver à destination...

Il frappa plusieurs coups à la porte de la petite maison mais personne ne vint répondre. Où était-elle donc allée ? L'inquiétude lui serrant l'estomac, il se servit d'un passe et pénétra dans la maison. Au cours de sa carrière, il avait appris à pénétrer dans des endroits qui ne lui étaient pas forcément ouverts... Les pièces se trouvaient dans l'obscurité la plus totale. Il alluma la lumière du salon : ce dernier était soigneusement rangé. Il se mit en quête des écrits mais ne trouva rien ; il se rendit dans la chambre, il n'y avait rien non plus et chose très inquiétante, sa penderie était vide. Katy était partie avec les écrits de Miss Mortensen. Mais où ? Pourquoi sans rien dire ? Il l'avait sentie particulièrement nerveuse ces derniers temps. Cachait-elle quelque chose ?

Après une nouvelle perquisition de la maison qui ne donna rien, il reprit un taxi et s'en retourna chez lui. Arrivé à destination, il vit des gyrophares un peu partout. Un périmètre de sécurité avait été balisé juste à côté de chez lui.

- Que se passe-t-il ? demanda Cornélius à l'un des policiers en faction.

- Un meurtre, dans la rue...Il désigna la petite impasse qui jouxtait son immeuble.

- Quelqu'un nous a appelés en début de matinée. Il a trouvé le corps entre les deux grosses poubelles. Veuillez partir maintenant monsieur !

Cornélius s'engagea dans son immeuble songeant qu'il en apprendrait davantage en lisant la presse ou en regardant la télé. Il allait ouvrir sa porte quand il se rendit compte qu'une lettre avait été déposée sur le palier. Le prénom de Michael, magnifiquement calligraphié, apparaissait sur le dos de l'enveloppe. Il n'y avait ni timbre, ni adresse. Cornélius fut tenté de l'ouvrir mais il n'en fit rien.

SÍ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant