Prologue - Laure

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    Il est 2h30 du matin lorsque je sors pour échapper au vacarme qui règne à l'intérieur de la maison. J'ai beau être à 20 mètres de la maison, j'entends toujours la musique et les cris qui proviennent de l'intérieur. Je me dirige tranquillement vers un petit bois qui se trouve un peu plus loin. Sur le chemin, je sors mon portable et je regarde si j'ai reçu un message.

   Camille : « Tu survis ? »

   Son SMS me fait sourire.

   Moi : « Ouais... »

   Je n'avais aucune envie d'aller à cette fête mais je l'ai quand même fait pour faire plaisir à mes parents. Je savais très bien que ça allait finir ainsi : la musique à fond et les adultes criant par-dessus. J'arrive dans une clairière après quelques minutes de marche. Là, je pousse un long soupire en regardant les étoiles. Le silence régnant dans ce bois provoque en moi un sentiment de sérénité.

   Je m'allonge sur l'herbe et observe le spectacle magnifique qui se trouve au-dessus de moi. Je ne mets pas beaucoup de temps à repérer la Grande Ours. Je reste un long moment à observer les étoiles dans le silence, en ne pensant à rien d'autre.

   Soudain une branche craque sous le poids de quelque chose. Je bondis sur mes pieds et regarde autour de moi. Je ne vois que très peu de choses à cause du noir dans lequel est plongé le bois. J'ai un mouvement de recul lorsque je distingue une silhouette humaine à la lisière de la clairière. Cette dernière sort soudain de l'obscurité et ma vigilance retombe d'un coup.

   Mon petit frère s'approche doucement vers moi. Je me rallonge sur l'herbe et regarde de nouveau les étoiles. Noah fait de même et nous restons ainsi pendant de longues minutes. L'atmosphère se rafraîchissant de plus en plus, Noah se blottit contre moi pour trouver de la chaleur. La petite brise accompagnant la baisse de température me fait beaucoup de bien.

   Après quelques minutes Noah me demande :

   — On part quand ?

   — Je ne sais pas, répondis-je.

   Je soupire. Je tourne la tête vers mon frère. Je suis surprise en le voyant pleurer. Je m'assois et le prends dans mes bras.

   — Pourquoi est-ce que tu pleures ?

   — Je veux... ren... trer, hoquète-t-il.

   — Pleures pas, on va bientôt partir.

   Enfin, j'espère.

   Nous restons un long moment dans cette clairière à attendre que mes parents se décident à partir. La sonnerie de mon portable retentit brisant le silence apaisant de la clairière. Je décroche et j'entends la voix inquiète de ma mère à l'autre bout du fil :

   — Vous êtes où ?

   — Dans le bois pourquoi ?

   — QU'EST-CE QUI VOUS A PRIS D'ALLER LA-BAS EN PLEINE NUIT ?!

   J'écarte le portable de mon oreille.

   Purée j'ai plus de tympan ! D'accord c'est peut-être un peu risqué de se promener dans un bois la nuit mais pas de là à me crier dessus.

   Je change de sujet pour qu'elle arrête de crier :

   — On part quand ?

   — Maintenant, alors dépêchez-vous !

   Sur cette phrase elle me raccroche au nez. Je soupire et me tourne vers mon frère.

   — Viens on rentre.

   Après quelques minutes nous arrivons dans la cour de la maison des amis de mes parents. J'entre dans la voiture sans dire le moindre mot. Je reste quelques minutes à attendre seule dans la voiture. Après quoi mon père s'assoit au volant.

   Hein ?! Maman tu ne peux pas le laisser conduire, tu sais bien qu'il a trop bu ! Fait quelque chose !

   Malheureusement, ma mère le laisse conduire. Je ne dis rien pour ne pas qu'il s'énerve même si mots me brulent les lèvres. Il ne faut surtout pas énerver mon père lorsqu'il a bu car il peut devenir agressif.

Je m'enfonce dans mon siège et regarde par la fenêtre en espérant que le trajet jusqu'à la maison se déroule bien.

   Après vingt minutes de routes, mon père se déporte sur la gauche pour doubler un camion, sur une ligne continue et dans un virage dangereux.

   Mais qu'est ce qui te prend de doubler ?! On n'a aucune visibilité !

   Mon cœur saute un battement lorsque je vois des feux d'une voiture en face de nous. Je fixe mon père attendant avec inquiétude sa réaction. Ce dernier appuie sur l'accélérateur.

   Mais qu'est ce qui lui passe par la tête ? Il s'est cru dans Fast and Furious ou c'est comment ?

   Mon père se rabat de justesse mais sous la vitesse la voiture se déporte vers la droite. Il fait de son mieux pour qu'on ne tombe pas dans le fossé. Il parvient à récupérer la direction de la voiture. Je pousse un soupir de soulagement

   BOUM !

   Ma mère hurle à mon père de freiner mais c'est déjà trop tard. La voiture se met déjà à faire des tonneaux. Ma ceinture de sécurité me retient en me coupant le souffle. Par contre, elle n'empêche pas ma tête de se cogner contre l'appuie tête de mon siège. A ce moment, le vide s'empare de moi.

   Je me réveille avec une douleur insoutenable derrière le crâne. Je porte ma main à l'endroit qui me fait souffrir. Là, je sens quelque chose de chaud et poisseux se déverser sur mes doigts. Je descends ma main à hauteur de mes yeux pour voir de quoi il s'agit. Les lueurs de la lune illuminent une main entièrement couverte de sang.

   Ma vue diminue petit à petit. Je tourne la tête vers mon frère. Son visage recouvert de sang est sa bouche ouverte. Il a un regard vide et vitreux. J'ai envie de crier mais je n'en ai plus la force. Des flashs bleus et rouges provenant de l'extérieur de la voiture attirent mon regard. Je tourne la tête avec difficulté. Ma vision est floue mais je distingue du mouvement autour de la voiture.

   — A l'aide, parvins-je à articuler dans un soupire.

   Petit à petit, un trou noir s'empare de moi.  

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