18 - Thomas

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Je décroche :

- Allo ?

- Thomas...

Je reconnais instantanément la voix de Laure. Je remarque que mon amie est en train de pleurer.

Qu'est ce qui lui arrive ?

- Pourquoi tu m'as fait ça ?

De quoi elle parle ? Attend ne me dis pas que...

- Pourquoi tu ne m'as jamais dit qui tu étais vraiment ?

Oh la vache ! C'est bien ce que je pensais, Laure sais que je suis son frère. Comment a-t-elle pu le savoir ? Ce n'est quand même pas Camille qui le lui a dit ? Reprends toi Thomas tu sais très bien que Camille n'aurais jamais rompue sa promesse de silence. Alors il ne reste qu'une possibilité, Laure à retrouver la mémoire.

- Laure je ne veux pas t'expliquer tout ça au téléphone, rentre et je te promets que je répondrais à toutes tes questions.

Elle raccroche sans prononcer le moindre mot. Je sais que j'aurais dû tout lui révéler moi-même mais quand j'étais prêt à le faire, je savais que Laure n'était pas prête à l'entendre. Je relève les yeux de mon portable et croise alors le regarde interrogateur de Jules.

- C'était qui ?

- Laure.

- Elle voulait quoi ?

- Des réponses à quelques questions.

Jules me fixe avec insistance pour que je poursuive mes explications pourtant j'hésite. Je sais que Jules va très mal le prendre, d'une part parce qu'il avait une confiance aveugle en moi et en d'autre part parce que ce que je cache concerne Laure. Je sais que Jules la considère comme sa sœur et ferait tout pour la protéger.

Arrête de penser qu'à ta petite personne Thomas, Jules a le droit de savoir la vérité !

- Je suis le frère de Laure.

Les yeux de Jules s'écarquillent et son sourire disparait. Mon ami s'attendait à tout sauf à ça. Aussi je peux le comprendre, qui pouvait s'attendre à ce que je puisse cacher un tel secret ?

- Pardon ?

- Laure est ma sœur jumelle.

- Tu te fous de moi là ?

Aïe. Je vais morfler.

- Attends Thomas tu déconnes ?

- Non.

Le regard de Jules se durcis. Comme je le craignais il a mal pris ma révélation.

- Comment tu as pu me cacher une chose pareille ?! Sérieusement Thomas tu étais comme un frère pour moi !

Le sentiment de trahison se lit sur le visage de Jules. Je comprends le point de vu de ce dernier mais je ne pouvais pas le lui dire.

- Comment voulais tu que je te le dise ? Je te connais, tu n'aurais pas pu garder ce secret sans en souffrir.

- Mais pourquoi voulais-tu garder ça secret ?

Bonne question. Moi-même, j'ai du mal à y répondre.

Devant mon silence, la colère de Jules monte d'un cran.

- Pourquoi ne réponds tu pas ? Tu viens de te rendre compte à quel point cette décision est égoïste ! As-tu pensé à Laure au moins ?

Cette question me fait l'effet d'un coup de poignard. Je relève la tête et croise le regard de Jules. A cet instant, j'ai l'impression de me retrouver face au père de Laure lorsque je l'ai vu la première fois. Le regard de Jules est rempli de mépris et me juge tout mon être. Je ne peux pas rester ainsi sans rien dire.

- Tu ne peux pas me comprendre.

- C'est clair que je ne te comprends pas parce qu'à part détruire la vie des autres tu sais faire quoi ?

Jules arrête.

- Tu n'imagines même pas à quel point Laure doit souffrir actuellement par ta faute. Est-ce qu'au moins tu sais ce que ça fait de souffrir ?

Mes poings se serrent et mes muscles se crispent.

- Alors tu ne réponds rien ?

Fais attention à ce que tu dis Jules.

- C'est bien ce que je croyais ta petite vie paisible ne t'as jamais appris ce qu'était la souffrance !

Je suis en train de bouillir mais je prends sur moi pour ne pas exploser.

- Tes parents doivent avoir honte d'avoir un fils pourri gâté comme toi !

Là c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je ne peux plus me retenir. Mon poing vole jusqu'à la joue de Jules. Je n'ai pas retenu mon coup, si bien que Jules vacille.

- Je t'interdis de parler de mes parents, tu ne sais rien de ma vie ! lui craché-je.

Je ne laisse pas le temps à Jules de reprendre ses esprits que je récupère mon casque, mes clés et sors de la maison en coup de vent. Quand je démarre le moteur de ma cinquante, je croise le regard de Jules qui vient d'ouvrir la porte d'entrée. Ce dernier me fusille du regard et commence à avancer vers moi. Je baisse ma visière dans un mouvement provocateur et démarre au quart de tour.

Je roule pendant un long moment sans aucune destination pour me changer les idées. Malheureusement les paroles de Jules tournent en boucle. Je n'arrive pas à me les sortir de la tête et plus elle tourne plus la colère monte en moi. Je décide de m'arrêter car je ne suis pas dans la capacité de conduire sans danger.

J'enlève mon casque et faits quelques pas autour de ma moto pour me calmer. Soudain, je me retrouve à la sortie d'un chemin de terre. Mon souffle se coupe quand je le reconnais. Les battements de mon s'accélère dans ma cage thoracique.

Qu'est-ce que je fais-la ?

J'hésite pendant quelques instants puis décide de m'enfoncer dans le petit bois traversé par le chemin. Au bout d'une centaine de mètres je me retrouve face à un grand portail noir.

Comment suis-je arrivé là ?

Le revoir provoque une vague de souvenirs qui traverse mon esprit.

Ça fait maintenant plus de 10 ans que je ne suis pas venu ici. Depuis cette affreuse nuit où j'ai tout perdu.

J'ouvre le portail rouillé par le temps et m'avance dans la cour de la maison. Cette dernière n'a pas changé depuis ma dernière venue. A l'état du jardin, je déduis qu'elle n'a pas été habitée après la tragédie. Aussi qui voudrai vivre dans une maison où deux personnes ont étés assassinée par une personne qui est toujours en liberté.

Je chasse vite les images qui me traverse l'esprit. Actuellement j'ai tout sauf envie de revivre ces souvenirs. Je m'avance vers la porte d'entrée et presse la poignée. A ma plus grande surprise, cette dernière s'ouvre.

Comment est-ce possible ?

Je regarde autour de moi en cherchant le moindre élément suspect puis pousse la porte pour entrer. Je me pétrifie sur le seuil lorsque je vois l'état de la maison.

Mais qu'est-ce qui s'est passé ici ?

Le salon est retourné. Une tonne de papier est éparpillée sur le sol. Les tiroirs gisent par terre, totalement vidés de leur contenu. Je fais quelque pas pour voir l'ampleur des dégâts. Soudain, je sens quelque chose se briser sous mon pied. J'enlève ce dernier de l'objet et me baisse pour récupérer ce dernier.

L'objet est un cadre avec une photo de famille dedans. Un homme d'une trentaine d'année tiens une petite fille d'environ deux ans dans ses bras. Cette dernière fait un sourire éclatant au photographe. A côté d'elle se trouve une femme qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Elle porte un petit garçon dans ses bras. Cette image montre à quel point cette famille était heureuse.

Papa, maman vous me manquez tellement...

Je récupère la photo et la mets dans la poche de ma veste. Je fais un tour sur moi-même. Je n'ai plus aucun doute. Quelqu'un est passé ici avant moi et il cherchait quelque chose.

A New StartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant