La traversée des plaines

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Les cols des Monts Brumeux et ses chemins tortueux, où la pratique de la chevauchée pouvait être extrêmement mortelle. Ces montagnes étaient balayées par des vents violents et perpétuels mêlés de neige.

_ "Nous allons devoir continuer à pied!" Ordonna le souverain.

Tous s'arrêtèrent et mirent pied à terre.

Inquiète, je m'empressa de lui demander:
_ "Que se passe-t-il?"

_ "Ne t'inquiète donc pas, nous allons marcher: pour notre sécurité et celle de nos montures. Cela va considérablement nous ralentir mais au terme de ce périple, nous n'aurons à subir aucune perte."

Nous marchions tous en file indienne.

A plusieurs reprises, Thranduil me tira par le bras pour m'écarter du précipice.
Plus nous descendions et plus les nuages se faisaient moins denses. La pluie avait remplacé les flocons.
Delà où nous nous trouvions, nous pouvions admirer les grandes plaines du Rhovanion, baignées de soleil. Les arbres de la grande forêt avaient la taille de fourmis.
Je ralentissais involontairement ma cadence pour observer le panorama. Je me faisais rappeler sans cesse à l'ordre par le roi. Il craignait, plus que tout, un accident.

Puis vint le moment où le jour laissa sa place à la nuit. Nous n'avions parcouru que la moitié du chemin initialement programmé par le chef de file.
Il s'aperçut que ma marche se faisait plus difficile et mes pas de plus en plus lourds. La fatigue s'était fait ressentir. J'avais tenté de l'occulter, ou aurais-je dû dire de la camoufler mais l'oeil experte du souverain l'avait remarquée.

_ "Je vais te faire remonter sur le dos de Soln. Tu es arrivée au bout de tes forces. Tu as du mal à mettre un pied devant l'autre."

Je voulus répondre mais il ne m'en laissa pas le temps. Il passa son bras autour de ma taille.

_ "Il n'est pas dans ton intérêt d'aller à mon encontre."

Thranduil était très persuasif. Il savait être imaginatif et appliqué dans l'infliction de ses châtiments. Cette perspective suffisait à mes glacer le sang et me faire rougir de honte. Il avait raison, j'étais éreintée.
Sans qu'il s'en aperçut, je m'étais affalée sur le dos de cette pauvre bête.

Nous atteignîmes les pieds de la montagne en fin de nuit.
Nous fîmes une halte sur ordre du roi.

_ "Père! J'ai instauré un tour de garde. Gimli et moi, nous nous chargeons d'allumer un feu."

_ "Parfait!" Répondit-il.

_ "Legolas, laissez-moi m'occuper du feu!" Se proposa Gandalf.

_ "Très bien, Gandalf!"

A peine l'eût-il répondu que le magicien s'était retourné et agita lentement son bâton de sorcier. Une petite flamme se forma. Puis il récita un sortilège; un éclair bleu électrique surgit du bout de sa canne et un gigantesque brasier apparut.

Thranduil me prit dans ses bras. J'enroulais mon bras autour de ses épaules et réfugia mon visage dans son cou.
Lorsqu'il eut débarrassé Soln de sa charge, il s'ébroua comme pour signifier son contentement et désankyloser ses muscles; chose qu'il n'avait pu faire auparavant au risque de me réveiller ou de me faire tomber.
Il me posa près d'un arbre. Une sacoche avait été posée me servant d'oreiller et il me recouvrit de sa cape.

Le jour s'était levée, au bout de trois courtes heures. La météo se voulait plus clémente; contrairement au climat, l'atmosphère était loin d'être aussi bienveillant. Tout le monde était tendu. Mes compagnons de voyage étaient sur leurs guets.

_ "Quelque chose se prépare." Suggéra un Gandalf énigmatique.

_ "Vous l'avez remarqué, vous aussi Gandalf." Confirma Legolas.

PERDUE EN TERRE DU MILIEU Où les histoires vivent. Découvrez maintenant