PERDUE EN TERRE DU MILIEU

Un roi en difficulté

Je ne devais pas céder à la tentation. Ne pas dormir était le maître mot. Malheureusement, j'étais faible!
Je m'étais retrouvée prise entre un état de sommeil et un autre de semi-conscience. Je faillis m'assoupir lorsque Thranduil entra violemment dans la pièce. Je ne voulais pas mettre un peu plus d'huile sur le feu. Je savais que j'allais me faire disputer.
J'ouvris les yeux et me mis debout rapidement. Je lui dis encore grogui:

_ "Je n'ai pas quitté ma chaise!" Lui montrant du doigt l'assise.

Il me regarda avec un air ahuri. Je palpais mon visage pour me réveiller.
Le verre était resté intact. Je voulus le prendre mais le grand elfe fût, encore fois, plus rapide que moi.  Il me retira la boisson des mains et le but entièrement puis il me serra fortement dans ses bras. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. J'étais restée immobile, les bras ballants.

_ "Tu as bu tout mon verre!" Lui dis-je déçue.

Il ne prit pas la peine de me répondre.
Il m'étreignit aussi fort que possible. Il n'avait pas dosé sa force. Thranduil me broya les os.

_ "J'étouffe, Thranduil! Tu me serre trop fort!" Le suppliais-je.

Il eut un temps de réaction extrêmement long, me donnant l'impression qu'il ne souhaitait pas me libérer.

_ "Je ne l'ai pas fait exprès!" Tentant de me défendre comme je le pouvais. Des larmes commençaient à couler le long de mes joues.

Il m'adressa enfin la parole.

_ "Je le sais! Ne t'inquiète donc pas. Legolas m'a tout expliqué."

J'étais restée blottie, tout contre lui.

_ "Une fois de plus, j'ai bien failli ne plus te revoir. Il est inconcevable, aujourd'hui, que je te perdes. Tu es devenue trop précieuse à mes yeux."

Je n'avais pas écouté un seul mot. Je me concentrais sur mes tremblements.
_ "J'ai eu très peur, tu sais!"

_ "Je n'en doute pas, melleth nín." Essayant de me consoler, il me caressa les cheveux.

Le souvenir de la perte d'une personne cher à son coeur, l'ébranla.
_ "Je te croyais en sécurité à Mirkwood. Dès demain, je prendrais des dispositions pour sécuriser certaines pièces du palais."

_ "Je te promets de ne plus me rendre dans la cave!" Lui promettais-je.

Il me relâcha.
_ "Tu n'en auras plus l'occasion. Cette pièce t'est interdite dès à présent. Elle sera fermée à clé. "

_ "A ce rythme-là, je n'aurai bientôt plus le droit de quitter ta chambre."

_ "Est-ce une suggestion? Cela résoudrait bien des problèmes." Il hésita quelques instants et finit par ajouter.
"Considère la comme la tienne, dorénavant."

Je ne sus quoi répondre.

☆☆☆☆☆

J'étais bouleversé par la nouvelle. Comment lui dire qu'elle attendait un enfant. Étais-je en train de rêver? J'allais être à nouveau père. Comment devais-je lui annoncer la nouvelle?
Je décidais d'être patient et d'attendre le bon moment. Y avait-il un bon ou mauvais moment?
Je n'avais qu'une hâte, c'était de la retrouver et de la serrer fort dans mes bras. Je voulais la garder près de moi pour toujours. Était-ce égoïste de ma part? Certes, et j'en étais pleinement conscient. Je refusais de voir ce bonheur m'échapper, pour la deuxième fois.
Je pénétrais dans mes appartements avec brusquerie. J'eus peur qu'elle m'ait désobéi.
Elle était là, devant moi, toute tremblotante, craignant mon courroux.
Je me dirigea rapidement près de la table pour m'emparer du verre. Dans son état actuel, le vin était proscrit.
Je l'enserra dans mes bras. Pendant quelques minutes, j'avais souhaité que le temps se fige sur ce moment; hélas, trop éphémère à mon goût.
Dans un premier temps, j'avais eu l'idée de la cloîtrer dans mes appartements mais, très vite, j'ai dû y renoncer.
Je ne pouvais plus la garder captive comme elle le fût avec ses bêtes.
Je devais apprendre à lui faire confiance et la laisser prendre ses propres décisions, à la seule et unique condition qu'elle ne se mette pas en danger.