Mercredi 18 octobre, 16h51 :
Les vertiges reprirent alors que je me changeais dans les vestiaires. Tu es forte, Raven ! Ce n'est pas un petit manque de sommeil qui va foutre en l'air ta journée ! Je me convainquais à moitié mais cinquante pour-cent valaient mieux que rien. Non ? J'étais prête à combattre. Extérioriser ma nuit ne pouvait qu'être excellent pour ma santé morale.
Finissant de réaliser mes tresses, je portai attention à mon visage dans le reflet de la glace. Ma nuit se lisait sur mon visage. C'était indéniable. Les cernes violacés trahissaient mon état, sans parler de ma pâleur à rendre jaloux un fantôme. Je soufflai un bon coup et, rassemblant mon courage, je sortis des vestiaires. Le regard que me portait Hermione en disait long sur ce qu'elle pensait. Il n'y avait pas besoin de mots pour savoir qu'elle me voyait encore plus faible que d'habitude, et ce n'était son foutu pacte qui changerait grand chose.
Elle vint se déplacer à mes côtés et chuchota :
— Raven, tu es à deux doigts de t'évanouir. Refuse de combattre.
Ses paroles me piquèrent au plus profond de moi. J'en avais marre d'être vue comme une fille en sucre lorsque sur le point de vue mental, j'étais légèrement déficiente. Rien ne changeait de d'habitude. J'étais toujours la même.
— Hors de question. Je ne suis pas faible.
Je maintenais un équilibre précaire mais un équilibre quand même. Tant que je n'étais pas au sol, je n'abandonnerais pas. Plutôt mourir que de devoir déclarer forfait. La fatigue n'était que passagère. Une bonne nuit de sommeil et tout rentrerait dans l'ordre.
— Vous reprenez les mêmes adversaires que la semaine dernière. Greydale, Treegof, approchez. Les autres, rompez et combattez.
Nous nous rapprochâmes rapidement bien que mes mouvements se faisaient un peu aléatoires.
— Je veux la même intensité qu'au dernier combat. Même rage, même puissance.
Comment lui expliquer que mon feu intérieur brûlant d'ordinaire fortement, était aujourd'hui éteint, humide et pas prêt de se relancer dans l'immédiat ? Enfin... Mon masque placé de tel sorte sur mon visage m'empêchait de faire quoique ce soit. Jamais je ne serais au bout de mes forces, jamais je ne me laisserai marcher dessus.
En direction de notre zone de combat, Clayton s'arrêta à mes côtés et m'obligea à le regarder. Je sentais bien que si je plongeais trop longtemps dans ses yeux, il lirait en moi comme dans un livre ouvert. Alors, je laissai mon regard se porter juste derrière lui, vers le combat qui avait commencé entre Ayden et Ylan, le châtain qui n'était pas si fort lors de la simulation. Un sourire prit place sur mes lèvres lorsque je vis mon meilleur ami réaliser une de mes techniques de combat. Je nous revoyais fin août, dans cette minuscule salle d'entraînement entrain de se battre. Je me souvenais de ce mouvement de bascule que je lui avais appris. J'étais si fière de le voir l'utiliser aujourd'hui.
Une paire de doigt claqua devant mes yeux. Immédiatement mon regard se raccrocha à ses Iris émeraude.
— On y va ! m'exclamai-je prête à en découdre.
— Raven ! s'exclama Clayton sur un ton sec. Non.
Il n'était pas mon père. Il n'avait pas à m'obliger quoi que ce soit.
— Si tu ne veux pas me combattre, c'est ton choix. Mais ne m'oblige pas à suivre tes ordres. Je ne suis ni un objet, ni ta meilleure amie.
Ses fines lèvres se crispèrent, contractant sa mâchoire en une moue contrariée. Il monta rapidement sur le ring et, pesant ses gestes, il tenta de ne pas trop m'épuiser. Je connaissais ses petits tours de passe-passe pour réussir à m'immobiliser. Il connaissait d'ailleurs les miens mais il s'occupait plus de ma santé que de son combat.
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Human
Science FictionDu haut de ses dix-neuf ans, Raven Greydale a toujours grandi dans L'Abri, nom du bunker des anciens habitants de New-York. Cette société a dû s'enfouir dans le sol de la Terre pour survivre face à des Alfaeliens, des extraterrestres venus d'une con...