Je rouvrais les yeux pour me replonger dans le monde réel. Il était essentiel de se rappeler d'où l'on venait mais tout aussi important de savoir où l'on irait.
— Il semblerait qu'il ne reste que toi et moi désormais ! détonna une voix sur ma gauche.
— C'est une manière de me dire que tu arrêtes, Treegof ?
— Juste un moyen de te faire cracher un peu plus tes poumons, Greydale !
J'avais envie de lui rire à la gorge. J'avais bien évidemment du mal à respirer, mais il n'était pas en reste. En le regardant de plus près, on pouvait observer des gouttes de sueurs qui coulaient abondamment le long de sa nuque pour trouver une place sur son T-Shirt désormais gris foncé. Même sa peau, si lisse et d'ordinaire d'un beige parfait, venait se marbrer d'un rouge violacé lié à l'effort. Il ne faudrait que quelques secondes entre nous pour départager le vainqueur du perdant. Notre jeu atteignait ses limites et cette fois-ci, je ne le laisserai pas m'avoir par ses jugements. Je n'avais pas encore tout lu à son sujet. J'avais limité la lecture de son profil pour garder le plus croustillant dans les jours à venir, si mes insomnies reprenaient le dessus ou si ses phrases affligeantes venaient à devenir récurrentes.
Je relevai la tête et fixai mes yeux dans les siens. Si je devais perdre, je le ferai dans l'honneur d'avoir gagné une bataille de regard. Quand deux esprits compétiteurs se rencontrent, il ne peut y avoir qu'une bonne guerre. Augmentant progressivement la vitesse de course, nous jouions avec le feu. Il était de plus en plus dur de maintenir le cap.
Son pied dévia, sortant de la boucle du pédalier. Il perdit alors le contrôle de ses mouvements et afficha un regard noir. Il me fusilla de ses yeux obsidiennes, déformant avec une puissance fulgurantes ses traits par la haine. Progressivement, je ralentissais pour jouir d'une manière incommensurable de la victoire qui était désormais mienne. Mes orbes se détournèrent pour contempler avec fierté, ma première place. Les lignes défilaient les unes après les autres pour laisser entrevoir le classement de chacun.
Ma camarade de chambre ne s'était pas trop mal débrouillée, prouvant avec dignité que les femmes méritaient amplement la place qui leur était dédiée. Nous étions les égales de l'homme, sans plus de qualité ni de défaut. Nous avions tout autant de légitimité à diriger qu'à faire l'action.
Quelques lignes au-dessous mais de manière honorable, le prénom de mon petit protégé, ma petite étoile, s'était affiché. Un grand soulagement pour ma part. Je ne l'avais pas dans ma salle, ni même dans celle d'en face que nous pouvions voir à travers les vitres de verre. J'avais besoin de savoir ce qu'il en était pour lui, comment il avait vécu l'exercice. Je n'avais pas l'habitude d'être séparée de lui, sauf pour ce qui était de nos cours respectifs en journée mais ceux-ci ne durait que très peu de temps et laissaient place par la suite à toute une fin de journée "discussion".
J'arrachai les électrodes de mes tempes pour sortir enfin de mon vélo et rejoindre les vestiaires. Ce n'était qu'une partie de ma journée qui commençait et déjà, je la trouvais épuisante.
— Demain, annonça l'assistant avant que chacun ne quitte la salle, revenez en forme. Vous aurez à courir !
Il n'en fallait pas plus pour m'achever. Après un jour comme celui-ci, je ne donnais pas cher de mes fonctions musculaires demain. Je passai le pas de la porte et n'espérai qu'une seule chose : prendre une bonne douche bien chaude pour détendre mes muscles, tiraillant chaque millimètre de mon être. J'avais l'impression de marcher tel un cow-boy des temps anciens. Mes jambes arquées ne semblaient plus pouvoir soutenir mon poids, jusqu'à ce que je m'écroule sur le banc des vestiaires.
Les filles avaient été séparées des garçons par une simple cloison de verre opaque. Ainsi, de chaque côté, les discussions pouvaient aller de bon train sans que personne de l'autre sexe n'entende quoique ce soit. Les quelques filles qui étaient avec moi dans la salle n'osait pas franchement dire de mot pour le moment. Nous étions encore timides, je suppose. Seules trois riches filles parlaient et échangeaient des banalités sur ce qui changeait de leur vie de la Zone-6. Hermione, bien que son rang était adulé des familles très huppées de L'Abris, restait légèrement dans son coin. Je restai étonnée face à son comportement. Elle semblait observer chacun des groupes pour savoir lequel serait mieux pour l'accueillir.
Je pris mon courage à deux mains pour me rapprocher d'Hermione et reprendre sur des bases plus stables notre relation. Après tout, nous étions camarades de chambre, il fallait que tout se passe pour le mieux et si elle ne faisait pas le premier pas, je le ferai pour elle. Je vins m'asseoir près d'elle, pour entamer la discussion. Je la coupai par la même occasion de son observation aiguisée ce qui franchement, n'était pas la meilleure idée que j'avais eu. Alors que j'avais à peine ouvert ma bouche, elle m'avait lancé un regard noir qui voulait en dire long sur ce qu'elle pensait.
— N'essaye même pas de parler après ce que tu m'as fait, déclara-t-elle fermement.
Ce fut à mon tour de la regarder avec des gros yeux. Je ne comprenais pas ce qu'elle sous-entendait par ces mots. Justement, je n'avais rien fait, à part peut-être passer première à la salle de bain ce matin mais je ne saisissais pas où elle voulait en venir.
— Si c'est pour ce matin, je suis désolée mais je ne pensai pas que ça te gênerait tant que ça. Tu dormais encore.
— Ce n'est pas ça idiote ! Les orphelins n'ont donc pas appris à réfléchir un peu avant de parler ?
Ouch ! Ça faisait mal. Méritait-elle vraiment que j'essaye d'arranger les choses ? Certainement pas mais qui ne tente rien n'a rien.
— J'ai très bien vu comment tu tournais autour de Clayton, ajouta-t-elle le regard empli de colère. Il est à moi, d'accord ?
J'avais envie de lui rire au nez. Sérieusement, j'étais loin de tourner autour de Treegof. Il était simplement mon défi à abattre. Je ne la pensais pas non plus aussi possessive et à la manière dont il la regardait, je doute qu'il pensait exactement la même chose qu'elle.
— Je te le laisse avec plaisir. Il n'est pas mon style, trop arrogant.
J'accompagnai mes paroles d'un joli sourire digne des plus grands acteurs de notre ère ; et je ne parlai pas des artistes, mais des riches. Je préférais m'éloigner d'Hermione. Ce n'était pas aujourd'hui que notre relation allait évoluer.
La douche me fit le bien le plus fou. Le contact de la chaleur de l'eau contre ma peau détendit peu à peu les muscles de mes jambes. La vapeur envahissait toute la pièce et créait ainsi une bulle de bien-être. Je fis passer la serviette blanche autour de ma taille et retournai vers mon casier pour récupérer mes nouveaux habits. Nous n'allions pas tarder à enchaîner avec un cours théorique sur le monde de la surface pour mieux apprendre à les connaitre.
✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷
Hello hello ^^
Comment allez-vous ?
Vous l'attendiez tous, le voici ! Et de bon matin en plus, quoi de mieux que de débuter sa journée avec le résultat du combat entre Raven et Treegof ?
Avis sur le chapitre, juste ici ➡️
Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.
Xoxo <3
Ptitgibilin ✧
VOUS LISEZ
Human
Science FictionDu haut de ses dix-neuf ans, Raven Greydale a toujours grandi dans L'Abri, nom du bunker des anciens habitants de New-York. Cette société a dû s'enfouir dans le sol de la Terre pour survivre face à des Alfaeliens, des extraterrestres venus d'une con...