X. Ami(e)s ? (VI)

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Samedi 14 octobre, 16h47 :

Ma sieste de l'après-midi me fit un bien fou ! La soirée de la veille avait été particulièrement épuisante. Nous avions fêté ma première place pour la deuxième soirée consécutive à trois et à mon plus grand bonheur, personne ne nous avait embêté ou encore critiquer ma force. Je faisais des envieux, il n'y avait pas de doute là-dessus. Ils n'avaient qu'à être meilleurs. La richesse avait certes des avantages mais seulement si on savait bien les utilisés. Ceux qui me critiquaient avaient toujours eu une cuillère en argent dans la bouche sans prodiguer le moindre effort, alors que Ayden et moi, nous avions eu, chaque jour de notre vie, à vivre en repoussant nos limites.

Je m'égarai. La soirée avait été excellente, le réveil... beaucoup moins. Un mal de tête frappait mon crâne à coup de massue et l'aspirine n'avait eu qu'un faible effet bénéfique sur moi. Ou peut-être deux. La douleur avait diminué. Elle était certes présente, mais plus discrète. La sieste était le deuxième point positif. Étant épuisée, il n'avait fallu que d'une petite aide pour me transporter, le temps de quelques heures, aux pays des songes.

Je ne savais plus vraiment comment j'étais rentrée dans ma chambre. Note à moi-même pour le futur : réduire sa consommation d'alcool. J'étais rentrée en un seul morceau, c'était pas mal ! Une belle chose. Je relevai la tête avant d'être prise par des étourdissements. Okay. On va éviter pour le moment. Je fis un grognement et laissai retomber ma tête sur l'oreiller. Je fermai mes yeux et me concentrai pour ne pas me sentir partir. Après de longues minutes, je me tournai pour passer sur le dos et observer le plafond. Je savais parfaitement à quoi il ressemblait, chaque détail, chaque imperfection.

Je sentis du mouvement venir de ma droite. Je tournai nonchalamment la tête vers la masse informe sombre qui se détacha des murs. De longs cheveux dorés, parfaitement lisses encadraient le minois de ma camarade de chambre. Son visage fin me regardait d'une indescriptible manière où la confusion, le mépris et l'incompréhension se mêlaient à la perfection. Elle avait surgi de son côté de la pièce sûrement lorsqu'elle m'avait entendue me retourner. Est-ce qu'elle me surveillait ? Mon cerveau se mit à fumer. Il fallait dire que l'alcool qui imbibait encore mon corps ne s'accordait pas avec la clair voyance habituelle. Ou alors... elle voulait parler, mais sans parler. Ou en parlant mais sans vouloir parler en premier.

Hermione s'arrêta au niveau de la séparation semi opaque de nos espaces intimes. Elle prit appuie sur le rebord en métal qui atteignait la hauteur de sa hanche et croisa les bras avant de patienter tendrement. Ce n'était pas dans son habitude de rester là, sans rien faire d'autre que me regarder.

— Qu'est-ce que tu veux ? demandai-je d'une voix neutre en émotion.

Ce n'était pas que je n'avais pas envie de lui parler, mais sur l'instant, je préférais être seule. J'avais besoin de me reposer avant de repartir voir Ayden. Lui devait être clair comme de l'eau de roche. Si je me souvenais bien, malgré ma mémoire brouillée, il avait arrêté de boire lorsque j'entamais mon troisième vers de punch. J'avais décidée de rester soft et visiblement, je n'avais pas tenu longtemps.

— Je sais, annonça-t-elle de but en blanc sans annoncer le contexte.

Je ne me rappelais pas d'elle comme une personne aux paroles aussi concises. Elle n'était pas non plus de ceux qui avait besoin de dix milliards de mots pour exprimer une pensée mais, d'ordinaire, elle était un tantinet plus bavarde. Surtout lorsqu'il s'agissait de me dénigrer, à sa façon bien sûr.

— Tu sais... quoi ? l'invitai-je à continuer.

Je voyais qu'elle avait du mal à en parler. Elle ouvrait et fermait sans cesse la bouche tel un poisson gobant de l'eau pour ressortir des bulles d'air. Elle hésitait, cherchait ses mots mais tentait d'être sincère

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