Les couloirs me semblaient interminables et mon cauchemar n'était pas terminé. Après être revenue sur mes pas plus d'une dizaine de fois, j'avais été escortée par un agent interne jusqu'à la section en question. Nous n'étions pas nombreux. Beaucoup de ceux qui étaient partis avant moi n'étaient pas revenus. Le stress monta en moi. Étais-je dans la bonne salle ou non ?
Je la détaillai d'un seul coup d'oeil. Les murs étaient ivoire avec des liserés prune, le plafond était plus haut que la normal mais moins grand que s'il faisait deux étages. Le sol brillait d'un blanc éclatant. Des fauteuils avaient été mis à notre disposition ainsi que des canapés et des tables. Le tout dans la même gamme de couleur que les murs. Au centre de la pièce, un groupe s'était formé et ricannait en coeur. Je reconnus le gars qui m'avait presque insulté lors de l'inscription. Monsieur Treegof, comme elle l'avait appelé.
Mon poul se mit à augmenter inconsciemment. Je sentis une main se poser sur mon épaule. Je me tendis à son contact avant d'entendre, d'une voix apaisante, dans le creux de mon oreille :
— Ne fait rien, c'est moi.
Je me retournai et lui sautai au cou. Quelque soit le résultat du test, Ayden était là avec moi. J'étais soulagée, du moins, pour le moment. La salle se remplissait petit à petit, mais le monde m'importait peu. Si nous étions dans la bonne salle, nous arriverions bientôt au maximum : deux cents personnes exactement se tiendraient dans la pièce.
Les portes s'ouvrirent une dernière fois en grand. Trois personnes rentrèrent dans la pièce. Le premier était vieux mais souriait de toutes ses dents. Ses yeux pétillaient lorsqu'il parlait aux autres. Le deuxième était son opposé : grand, brun, jeune et un regard sombre. Il avait les bras croisés à la poitrine, ce qui cachait son insigne qu'il laissa apparaître furtivement par mégarde. Les deux feuilles de laurier disposées en couronne, une épée, dont la pointe touchait les brins et barrait le centre, le chiffre 1. Cela ne faisait aucun doute.
Mes yeux remontèrent immédiatement vers son visage. Commandant de la ligue 1 des agents externes. La vérité me frappa en plein visage. C'était le fils de Victoria Fallsbeck, la dirigeante de L'Abris. Il était l'élite parmi l'élite, le diamant parmi les pierres précieuses. Bref. C'était la meilleure personne apte à nous protéger de la surface.
La troisième personne, au côté de Fallsbeck fils, était reconnaissable entre mille. C'était l'une des cinq sous-dirigeants de ce monde mais cette fois-ci elle était là en chair et en os. Son uniforme bleu lui allait à merveille. La technologie était bien faite pour une fois - et l'argent de la communauté était, on ne va pas se mentir, utilisé à tordre par les riches. L'habit lui cintrait parfaitement la taille, la jupe était suffisamment longue pour ne pas faire vulgaire, et suffisamment courte pour ne pas faire trop coincée.
— Bien.
Elle frappa dans ses mains pour mettre fin aux bavardages incessants de la pièce et afficha un franc sourire.
— Passons à la suite des événements. Vous avez été retenus mais les réjouissances ne sont pas encore de ce jour. Vous avez encore un long chemin à faire avant de devenir qui vous serez plus tard. Nous allons lancer la prochaine épreuve.
Le vieux expliqua brièvement le test de cardio. Course, escalade, natation ; à faire dans un temps minimal bien évidemment. J'appréhendai la natation. Ce n'était pas mon sport favoris et encore moi une facilité à mes yeux. Je n'avais jamais vraiment pu pénétrer longtemps dans un bassin d'eau. Pas besoin de donner la raison, elle me paraît désormais si facile à trouver que la dire équivaudrait à spoiler une série à quelqu'un. La réponse ne tenait qu'à un mot, un rang.
Le liquide bleu était pourtant si enivrant. Sa fluidité, sa transparence et sa surface lisse, sans aucun mouvement lorsque personne ne bouge. J'aurais voulu vivre dans le passé pour connaître la sensation sur la peau de la chaleur du soleil d'un mois d'été, les pieds dans l'eau à siroter un cocktail aux couleurs exotiques. J'imaginai si bien les petites gouttelettes perler sur les côtés d'un verre rafraîchit par les glaçons translucides, flottant à la surface. La naissance magique d'un coucher de soleil à l'aube d'une soirée fantastique pour l'anniversaire d'Ayden. Les couleurs si sublimes d'un rouge sang ou encore d'un orange à la limite du jaune sable, contrastant avec le violet des nuages et le bleu toujours présent dans le ciel même après minuit. Je rêvais de pouvoir vivre ce moment.
Je revins à la réalité par un vilain coup de coude dans les côtes de la part d'Ayden. Je le haïrai parfois pour m'empêcher de vivre mes rêves dans ma tête. J'y serais restée longtemps d'ailleurs si ma petite étoile ne m'avait pas secouée un minimum.
— Raaaav !
Je fermai les yeux avant de les rouvrir en direction de ceux de Ayden. Je connaissais trop bien ce regard. Vous savez celui plein d'étoiles, celui qu'il prend lorsqu'il vient de comprendre quelque chose et que ce quelque chose lui plaît beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Après un soufflement quasiment inaudible mais bien long, je me décidai à savoir pourquoi un tel engouement trois heures après l'explication du test en lui-même.
— Quoi ?
— On est dans le bon groupe pour continuer le test !
Il avait pris sa voix enfantine, troooop mignonne, mais j'avais envie de me taper la tête contre le mur. Pourquoi mon meilleur ami était-il si lent à la compréhension ? Mentalement, ma main vint à la rencontre de ma tête et recréa le bruit qui aurait été formé lors de sa rencontre avec un objet bien plus lourd et plus imposant que ma fine petite main. Pourquoi était-il si bête ?
— Non, sérieusement, j'avais pas deviné.
Le sarcasme n'était pas ma réponse préférée mais qu'est-ce que ça pouvait être drôle de voir sa tête se décomposer au fur et à mesure qu'il comprenait qu'il était le dernier au courant.
— Raven, s'il te plaît, ne te moque pas de moi...
Il triturait ses doigts et avait rougi au niveau de ses pommettes. Il aurait fait craquer n'importe qui avec se genre de comportement. Je souris inconsciemment à sa réponse. Cute...
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Human
Science FictionDu haut de ses dix-neuf ans, Raven Greydale a toujours grandi dans L'Abri, nom du bunker des anciens habitants de New-York. Cette société a dû s'enfouir dans le sol de la Terre pour survivre face à des Alfaeliens, des extraterrestres venus d'une con...