Et le Johnlock comme promis !
Bonne lecture !_____
John était seul, dans cette grande chambre. La place vide dans le lit à côté de lui creusait dans son cœur un trou plus grand encore, que rien jusqu'à maintenant n'avait pu venir combler. Il commençait à tourner la page pourtant. Il avait fait le tri dans leurs affaires. Laissait de plus en plus souvent son alliance posée sur le meuble de la salle de bain, le matin avant de partir au travail. Il ne voyait plus de psy. Pas parce qu'il n'en avait plus besoin, il en était bien conscient, mais parce que la dernière lui avait pointé une arme sur la tête et avait failli le tuer plus d'une fois par la suite, et que l'expérience était trop mauvaise pour qu'il retente le coup, même si à sa connaissance il n'y avait plus de Holmes caché se promenant dans la nature.
Il laissa son esprit dériver un instant vers ce que Mycroft appelait "l'incident de Sherringford", puis sur Sherlock, qui était peut-être celui d'entre eux qui avait le plus souffert de ce jeu morbide. Il suffisait de voir ses traits tirés et son regard qui devenait vague parfois, pour comprendre qu'endormi ou non il en cauchemardait encore. Sherlock... Il lui avait proposé de revenir vivre à Baker Street, avec lui, maintenant qu'il lui avait pardonné la mort de Mary... Mais c'était prématuré. Ça ressemblait trop à un retour en arrière. Même s'il avait Rosie avec lui, il aurait eu l'impression de tirer un trait sur tout ce qui s'était passé depuis son déménagement, le toit de l'hôpital, ces deux longues années de solitude, sa rencontre avec Mary, le mariage... Cette période comptait à la fois les meilleurs moments de sa vie et les pires épreuves qu'il ait dû surmonter, alors il ne pouvait pas tout simplement agir comme si elle n'avait jamais existée.
Ses pensées continuèrent de vagabonder sur le détective sans qu'il n'y prenne vraiment garde, les laissant juste traverser son esprit, son regard rivé sur le plafond immaculé. La première enquête qu'ils avaient fait ensemble... Cet air fier qu'il prenait, lorsque le docteur le complimentait, et qui faisait immanquablement sourire celui-ci... Les années passaient en accéléré, des morceaux de violons joués en pleine nuit depuis le salon et qui l'aidaient à se rendormir après un cauchemar, à ce discours qu'il avait fait pour lui à son mariage, cette promesse de veiller sur eux...
John se redressa subitement dans le lit, le cœur battant. Quoique le cœur battant, cela était un peu faible pour qualifier la façon dont l'organe s'était subitement figé, avant de redémarrer en trombe, effectuant au passage un genre de looping dans sa poitrine, le genre qui vous donnait des vertiges et l'impression de ne plus vraiment avoir les pieds sur Terre. Il n'avait tout de même pas pu passer à côté de... De ça ! Pas d'une chose pareille, pas pendant toutes ces années ! Si...? En pleine nuit, dans cette grande chambre vide, tout apparaissait différemment. Sherlock qui lui jouait de la musique pour l'apaiser, Sherlock qui énumérait devant tous pourquoi lui, John Watson, était un homme si formidable, le meilleur qu'il connaisse...
Il lui sembla subitement qu'il ne pouvait plus rester une seconde de plus sans être fixé. Il se leva, attrapa à la hâte pour les enfiler les vêtements qui traînaient sans se soucier de s'ils allaient ensemble ou non, et alla chercher Rosie dans sa chambre, la déposant doucement dans son cosy en prenant soin de ne pas la réveiller, avant de l'installer en voiture. Il était presque en pilote automatique tout le long du trajet, tant celui-ci lui était familier, et ça lui laissait tout le temps de tourner et retourner l'idée dans sa tête, la rendant de plus en plus crédible.
Il ouvrit la porte avec sa clé pour ne pas réveiller Mrs Hudson. Il était près de deux heures du matin, mais la lumière filtrait encore à travers les rideaux à l'étage. Il régnait un tel brouillard dans l'esprit du docteur qu'il n'aurait même pas su dire ce qu'il aurait fait s'il avait trouvé le détective endormi. Le cosy de Rosie à la main, il monta lentement les marches. Il poussa la porte du salon, qui s'ouvrit en grinçant, et déposa doucement le bébé endormi dans l'entrée. Sherlock, dans la cuisine en train de faire une énième expérience, s'était figé en entendant le bruit. En voyant le docteur cependant, il reprit comme si de rien n'était, comme si même s'ils n'étaient plus colocataires depuis presque trois ans il lui paraissait toujours aussi naturel de voir le docteur ici, même à cette heure avancée de la nuit.
VOUS LISEZ
The Game Is On (OS Sherlock)
Short StoryRecueil d'OS en tous genres sur la série Sherlock (plus d'infos dans le premier chapitre)