- Moriarty.
Le nom résonna un instant dans le silence. L'homme l'avait prononcé sans crainte apparente. C'était sa première erreur.
La suivante avait été de recruter ce mercenaire là pour faire le travail. Lui qui cherchait à se débarrasser d'un concurrent n'avait fait que le rendre plus puissant encore...
Mais cela, personne ne pouvait encore le savoir.
🐅
Sebastian Moran prenait un verre dans l'un des bars de la capitale hongroise quand son portable sonna. Il jeta un œil au numéro. Masqué. Rien de très surprenant, il s'agissait de son portable professionnel et peu de criminels dévoilaient leur numéro de téléphone à leurs employés.
Sebastian Moran avait été chasseur de tigre, en Inde, dans une autre vie. Il s'était fait un nom là bas. Certains murmuraient qu'à force de côtoyer ces fauves il en était devenu un lui aussi. Un prédateur sans pitié. La suite de ses agissements ne démentait pas la rumeur.
Il s'était lassé des jungles indiennes et des chasses aux tigres. Comme il ne savait rien faire d'autre que tuer, il avait gardé son fusil et s'était proposé comme mercenaire. Les contrats n'avaient pas tardé à affluer.
Quand il avait eu assez d'argent, il avait quitté l'Inde. Voyagé, beaucoup, en continuant de servir pour un temps ceux qui avaient les moyens de l'engager. Les criminels de cette envergure se faisaient rares. Et ses tarifs ne cessaient d'augmenter.
Dernièrement, ses déambulations avaient mené ses pas jusqu'à Budapest. Une ville charmante. Il n'était pas là pour ça mais autant apprécier le paysage quand on l'a sous les yeux non ?
Si Sebastian Moran était à Budapest, c'était pour rencontrer quelqu'un. Ou plutôt pour épier quelqu'un. Quelqu'un dont il suivait les agissements depuis un moment déjà. Mais il arrivait toujours après son départ, après son exploit anonyme.
On le surnommait l'Araignée, le Napoléon du crime. On racontait qu'il s'était inventé lui même son métier de criminel consultant et que quiconque prononçait son nom mourrait dans les 24h. C'est pour cela que, dans les milieux du crime organisé, c'est avec crainte et prudence que l'on évoquait le nom de Moriarty.
Sebastian se leva, paya sa consommation et décrocha le téléphone. Il l'avait déjà laissé sonner une fois. Si la personne à l'autre bout du fil le rappelait c'est qu'elle avait vraiment besoin de lui. Il n'était pas seulement le nom suivant sur la longue liste des mercenaires disponibles.
- Sebastian Moran à l'appareil.
- Montez dans la voiture. Je vous attends.
Son interlocuteur raccrocha sans un mot de plus. Sebastian ne s'en formalisa pas. Les criminels avaient un tel sens du théâtral ! Mieux valait ne pas les contrarier.
Il monta donc sans se poser de question dans la berline noire qui stationnait devant le bar. Le chauffeur se tourna vers lui, semblant vérifier son identité, puis démarra. Le trajet se fit en silence. Sebastian était habitué. Il ne posa pas de question : il aurait ses réponses en temps et en heure.
La voiture s'arrêta devant un immeuble désaffecté : probablement le quartier général de son futur employeur. Décidément, tout cela manquait d'originalité. On se serait cru dans un vieux film d'espions.
Mais il garda ses réflexions pour lui et se laissa conduire au dernier étage par un homme aussi muet que son chauffeur jusqu'au bureau du grand patron.
Celui-ci était assis dans un large fauteuil. Ses yeux bleus perçants devisagèrent Sébastian quand il entra. Ses cheveux blonds, presque blancs, et ses traits taillés à la serpe peignaient un tableau plutôt intimidant de mafieux slave. D'origine polonaise détermina immédiatement Moran.
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The Game Is On (OS Sherlock)
NouvellesRecueil d'OS en tous genres sur la série Sherlock (plus d'infos dans le premier chapitre)