Ta vie ne t'appartient pas

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Pas de couple particulier aujourd'hui, juste un OS que j'ai eu envie d'écrire en revoyant le deuxième épisode de la saison 4.
En espérant qu'il vous plaira !
Un premier Molliarty arrive dimanche ^^

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- Votre vie ne vous appartient pas, n'y attentez pas.

Combien de fois l'avait-il répété ? Cette femme l'écoutait-elle seulement encore ? Elle ne courait plus aucun risque de toute manière, il venait de balancer son arme dans la Tamise. Il voulut se retourner vers elle mais fut pris d'un vertige, s'effondrant contre le garde-fou qui n'avait jamais si bien porté son nom. Lorsqu'il parvint enfin à relever les yeux vers le banc, Faith Smith n'y était plus. Pourquoi y serait-elle encore ? Il avait dit qu'il prenait son affaire, c'était bien la seule raison qui l'avait poussée à passer la nuit à déambuler dans les rues de Londres en mangeant des frites avec un camé en manque non ? Il répéta de nouveau, à peine un murmure, comme un mantra.

- Votre vie ne vous appartient pas, n'y attentez pas...

Le banc, le parc, la Tamise, tout devenait flou autour de lui. Attiré de force dans son palais mental, assailli par un souvenir enfoui qui revenait, plus tenace que jamais. D'abord complètement aveuglés, ses yeux finirent par s'habituer au flash des néons qui éclairaient la scène. Des pièces d'un blanc immaculé, presque agressif, séparées par des couloirs de la même teinte étourdissante qui lui donnait à la fois le vertige et la nausée. Des voix, tout autour, celles d'hommes et de femmes sans visage, vêtus de blouses aussi blanches que le reste.

- Son rythme cardiaque baisse encore.

- Si ça continue il tiendra pas jusqu'en salle d'op !

- Bipez quelqu'un, qu'on nous amène le défibrillateur.

Les voix se font lointaines, ténues, inaudibles. Le blanc s'efface lui aussi, ne restant plus qu'une lumière. Une lumière douce, rassurante, au bout d'un long couloir sombre... Il y était presque oui, si proche qu'il pouvait l'effleurer du bout des doigts...

- J'ai donné ma vie pour sauver la tienne Sherlock, tu t'en souviens ?

La main du détective se stoppa, à quelques millimètres à peine de cette douce lueur. Sa voix tremblait.

- Cette valeur que tu lui as donnée... Je ne suis pas sûr qu'elle la mérite. Je ne sais pas quoi en faire Mary...

Feu Madame Watson s'approcha de lui, tapant sur ses doigts d'un air réprobateur , les éloignants de la lumière blanche.

- Commence par tenir ta promesse gros bêta. Sauve le en le laissant te sauver. Pas en pleine overdose dans un parc au milieu de nulle part. Comment voudrais tu qu'il y viennes ? Non, provoque ce Culverton Smith, débrouille toi pour impliquer John et laisse les choses se faire. Tu lui fait confiance pas vrai ?

- Les yeux fermés.

- Alors ferme les ces yeux justement. Je ne veux plus te voir accorder un seul regard à cette lumière parce que crois moi, la mort n'est pas aussi attirante qu'elle en a l'air.

Sherlock imprima une dernière fois sur sa rétine l'image de son amie perdue. Puis il ferma les yeux... Et les rouvrit en sursaut, prenant une grande inspiration, comme si sa vie en dépendait, comme si l'air n'avait pas circulé dans ses poumons depuis...

- Huit minutes ! C'est un véritable miracle ! Je n'avais jamais vu ça, surtout chez un gosse de son âge !

La scène se fracassa sur ses sens avec la violence d'une déferlante se brisant sur les rochers. Toujours ce blanc insupportable qui agressait sa vue, son ouïe assaillie par les bips affolés des machines, tout son corps endolori, la bouche pâteuse. On le transfère, de couloir en couloir, de pièce blanche en pièce plus blanche encore. Il avait dû finir par s'assoupir.

- Ta vie ne t'appartient pas Sherlock. N'y attente plus jamais.

Cette voix... Alors c'est de lui que ça lui venait ? S'il l'avait su il l'aurait peut-être moins dit... Il cligna plusieurs fois des paupières avant de poser les yeux sur Mycroft. Qu'il était jeune encore dans ce souvenir ! Vingt-quatre ans ? Vingt-cinq ? Certainement pas plus. Lui-même ne devait donc n'en avoir que dix-sept.

- Se prendre la vie. C'est cela l'expression ? C'est cela que tu as voulu faire ? Les médecins ont dit au parents que ton overdose était intentionnelle. Bien sûr qu'elle l'était, est-ce que ce n'était pas évident ? Tu es l'idiot le plus doué en mathématiques que je connaisse. Tu n'aurais pas dépassé la dose fatale d'un seul milligramme à moins de le vouloir.

Il se souvenait maintenant. Enfin, se souvenir était un bien grand mot. Des flashs tout au plus. Des moqueries, encore des moqueries. Ses parents mangeant chez des amis. Son grand-frère parti de la maison depuis plusieurs années déjà, lancé en politique, plus un instant pour lui. Un seul compagnon fidèle à l'appel...

- Cette maudite seringue. Je pensais te l'avoir confisquée la dernière fois. Tu en auras trouvé une autre, bien évidemment. Il va falloir que je sois plus clair dans ce cas. Regarde moi petit frère, et écoute moi bien parce que la prochaine fois je t'enverrai directement en cure de désintoxication sans me poser la moindre question est-ce que c'est bien clair ?

Sherlock regarda plus attentivement son grand frère. Ses paroles étaient dures, mais lui semblait juste fatigué. Épuisé même. Las. D'aucun le connaissant moins bien aurait même pu arguer inquiet.

- La mort Sherlock, ta mort, c'est quelque chose qui arrive aux autres. Que tu leur impose. Tu n'en aura même plus conscience toi-même que nous te pleurerons encore.

Dans son souvenir, Sherlock ricana. Enfin, cela ressemblait plutôt à un grincement éraillé. Rien de surprenant après les douze jours de coma qui avaient suivis son réveil miraculeux. Le jeune homme qu'il était alors ignorait qu'il avait dormi si longtemps. Il faudrait attendre que leurs parents rappliquent pour cela. En attendant, il grinça, toujours de sa voix faible qu'il parvenait tout de même à rendre moqueuse.

- Nous ?

Mycroft, pris en flagrant délit d'émotivité, détourna le regard.

- Les parents bien sûr.

- Tu as dit nous.

- Ma langue a fourché !

- Déjà en train de vous chamailler tous les deux ?

Les deux Holmes se tournèrent d'un même geste vers leur mère.

- Absolument pas.

- C'était Mycroft !

Mrs Holmes esquissa un sourire attendri. Pas de doute, Sherlock allait mieux. Et si le souvenir restait éphémère, il en avait tiré une leçon. Une leçon qu'il n'oublierait jamais...

 Une leçon qu'il n'oublierait jamais

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The Game Is On (OS Sherlock)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant