Opération Post-it[BL]

7-Au club informatique

TW : violence, évocation viol

Dylani

Vidéo tourné le 1 novembre à trois heures du matin. Filmé par appareil XXXXX

Au club informatique, je passe la vidéo dans un logiciel perfectionné qui me donne une multitude d'informations, dont la date de tournage et la marque du portable utilisé. Merci l'absence de confidentialité de tous nos appareils modernes.

Donc, le film a été tourné la nuit d'Halloween, par le dernier mobile à la mode qui donne fièrement sa marque, ce sera une preuve de plus contre le propriétaire.

Cela se tient, il y a eu une mégafiesta la nuit d'Halloween, chez les trouducs de l'école. Cette nuit-là, je bossais à Auchan pour faire un inventaire.

Je fais défiler les images, grâce à un logiciel piraté de la police scientifique, pour stopper sur les visages. Une fois que j'ai passé toute la bande en coupant sur les têtes des mecs, j'en ai isolé deux. J'ai réussi à obtenir des gros plans, mais on les reconnait à peine dans l'obscurité, il y a un brun plutôt costaud, un blond mince, plus la personne qui filme. Ils étaient donc trois. Je ne les connais pas et je ne pense pas qu'on puisse les identifier avec ces images.

La vidéo circule sans le son, mais ces cons l'ignorent, je peux le récupérer facilement, car il est encrypté avec les images. En quelques minutes j'ai obtenu les bruitages peu ragoutants. Entre les ha et les gémissements, qu'ils échangent des horreurs. Ils ne s'appellent pas par leurs prénoms, comme s'ils avaient conscience du crime, mais ils sont plus de trois et l'un dit : elle est complètement shootée : bingo ! C'est une preuve du viol !

La décision appartiendra à Vanessa, cependant si elle veut les claquer, elle aura une tapette à mouches géante à disposition.

Je vais sur un site du darkweb, pour récupérer des lignes de code afin de pirater des téléphones. Je vais avoir du travail pour trouver l'origine du message. Au moins, je sais déjà où commencer, aidé par mes copains du club de science sans qu'ils s'en doutent ! Puisqu'ils ont eu la primeur de la vidéo. Je vais commencer par chercher parmi les élèves de la classe Élite.

Je récupère aussi des codes pour implanter un virus que je colle à la vidéo, ainsi il va se diffuser partout, dans les groupes de discussion et gare à celui qui regardera la vidéo vérolée. Son téléphone sera inutilisable, cela devrait en calmer plus d'un.

Je semble être le seul à me préoccuper de ce qui est arrivé à Vanessa.

L'incident, c'est comme cela qu'ils l'appellent au lycée, a donné lieu à un message du proviseur nous rappelant les dangers des vidéos. Ensuite, il est précisé que Vanessa devra s'expliquer à son retour. Genre elle va passer en conseil de discipline.

Je me demande parfois, s'il n'y a que moi qui raisonne normalement sur Terre.

Je connais la famille atroce de Vanessa. Sa mère est une poivrote, qui enchaine les mecs violents. Le lycée ne fera rien et d'ailleurs la vie continue. L'après-midi, le proviseur a mis deux post-its cadeaux, le premier c'est un repas dans un restaurant et l'autre un bon d'achat de 50 euros dans la librairie de la rue principale.

L'association sportive offre, elle, des tee-shirts de temps en temps.

Je pourrai les récupérer, puisque les modérateurs ont le droit d'en profiter, mais je décide de les laisser aux autres. Le restaurant pas le temps... et pour les livres, Ingrid me prête tous les bouquins que je veux et m'a passé tous ces codes d'abonnement internet et même ses accès aux flux documentaires de l'Inra.

Le soir, après avoir bossé à la bibliothèque, je vais au panneau vérifier les messages. Je lis un post qui me désespère, je le fixe un moment écœuré :

On va rigoler, il y aura d'autres vidéos de la grosse saucisse.

Merci pour l'info, je vais attendre, alors, pour mon virus, que le gars balance ses horreurs.

Quand il aura tout envoyé de son côté, moi je balancerai mon cadeau mortel, je vais lui éjaculer à la gueule moi aussi.

Pour décorer les murs de la salle de cantine, ils ont accroché un immense poster de l'équipe de foot. Parmi les joueurs, j'admire mes copains Boubacar, Mehdi et Ahrane. Je suis fier d'eux et tout le monde leur dit qu'ils sont beaux. Il y a deux autres gars de ma classe que je n'aime pas, car ils entrainent mes potes dans des magouilles. Les autres joueurs font partie des autres classes et certains sont de la classe élite. Je les dévisage, cherchant à reconnaitre les visages que j'ai isolés sur la vidéo, sans les trouver. Les monstres qui ont abusé de Vanessa ne seraient donc pas des joueurs de foot.

Je ne vais pas lâcher l'affaire et j'en veux vraiment à ceux qui lui ont fait du mal, comme par hasard des riches.

Cela me rappelle un mauvais souvenir de mon enfance. À Reims, un gamin m'a déshabillé, car il a reconnu ses habits, que sa mère avait donnés à ma grand-mère. J'avais quatre ans et lui sept, je ne faisais pas le poids. Il a dû se faire engueuler le soir, mais moi je me suis retrouvé en slip à l'école. Depuis, je déteste les gens riches et le pire ceux qui me donnent des choses, je suis persuadé qu'ils vont me les reprendre et quand je vois ce qu'ils ont fait à Vanessa, ça me conforte encore plus dans mon aversion.

Je passe au panneau sous ma casquette officielle de délégué. Sur mon message de modérateur, il y a écrit sale con. Aucun respect ! Ces jeunes !

Par contre, je me retiens de pousser un cri de joie, car un message est posé sur le mien, mon correspondant m'a répondu :

Je peux te donner mes mesures, mais crois moi je te ferai du bien.

Il n'écrit qu'à moi, ne s'est pas occupé des autres, j'aime cela, car je suis aussi assez exclusif comme mec, il ne faut se consacrer qu'à moi ! Enfin c'est ainsi que je veux mon amoureux.

Je sais déjà ce que je vais lui répondre, alors je remets un message de modérateur puis un autre message ou j'écris en violet rapidement, conscient que j'aurais l'air malin si je me faisais surprendre.

Tu te rappelles : pas de prise de tête, je déconnais en parlant d'assurer, est-ce que tu es déjà sorti avec quelqu'un ?

C'est excitant, d'échanger en sachant que n'importe qui peut lire notre conversation, j'espère que je n'ai pas un côté trop exhibitionniste !