8-Concours de math

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TW : violence


Dylani 

Le mardi après-midi, notre club de science participe à un championnat de mathématique qui a lieu au lycée de Dax. Nos adversaires sont plutôt bons et sur le point de l'emporter, finalement nous gagnons de justesse, grâce à des questions de physique que j'ai pu résoudre.

C'est un coup de bol, parce que j'avais travaillé ce sujet il y a peu. Nous sommes sélectionnés pour le concours scientifique régional, qui aura lieu en février, ce qui nous rend particulièrement fiers. Nous aurons ainsi un entretien avec les recruteurs des plus grandes écoles de France comme Polytechniques et Centrale. C'est une occasion en or. Il n'y a pas de pass spécial pour médecine, dommage !

Le père de Pierre-Alexandre nous ramène avec Emile. Je suis monté dans une énorme berline de couleur mate, un bolide racé que je me suis retenu de caresser la carrosserie de la main. Mourad n'a pas de voiture et, si nous devons nous déplacer, nous empruntons les camionnettes de chantier dégueulasse. C'est ce que nous avons fait pour aller au mariage du frère de Samia à Reims, c'était des vacances et trois jours de fête et nous avons dormi à la belle étoile.

Nous rigolons sur le retour, fiers de notre victoire, jusqu'à ce que je reçoive une notification de mon oncle. Il ne me prévient que maintenant le salaud : ma grand-mère a disparu depuis ce matin.

Elle perd la tête, et cela ne s'arrange pas ! Ils ont essayé de la trouver à ses quelques endroits favoris, le parc en bas de l'immeuble, l'épicerie de Salim. Je ronge mon frein dans la voiture.

─ Ça va ? me demande le père de Pierre-Alexandre, qui me regarde avec des yeux ronds, depuis qu'il a réalisé que c'est grâce à moi, l'immigré, que nous avons remporté le trophée.

─ Des soucis de famille, je marmonne.

J'essaie de me rappeler ce qu'elle m'a dit ce matin. Comme elle dit beaucoup de bêtises, je n'écoute que d'une oreille. Il me semble qu'elle m'a parlé de sous-vêtements, parce que les miens sont déchirés. Cela ne me gêne pas pour tenir la bête au chaud.

J'y suis ! Je crois savoir où elle a dû vouloir aller.

J'appelle Mourad à nouveau. Il insiste elle a dû clamser !

─ Elle doit être près des tissus Saint-Pierre de Bordeaux, elle voulait faire de la couture et a dû se perdre.

Le père de mon copain n'en perd pas une miette.

Les tissus saint Pierre, c'est une ancienne boutique de mercerie de Bordeaux, dans les quartiers populaires qui rameutent tous les fauchés de la ville. Inutile de préciser que l'endroit n'est pas classe.

─ Je vais aller voir, cède ce butor. J'ai compris sale tchétchène, je te la ramène ta vieille.

─ Merci Mourad.

De toute façon s'il ne me la ramène pas, j'irai la chercher moi-même.

─ Je suis médecin à l'hôpital Saint Ambert, si tu as des soucis ? glisse le paternel de mon copain. Vu comment il louche sur moi, s'il m'aide, ce ne sera pas gratuit.

Un bref hochement de tête pour le remercier, je détourne le regard pour me concentre sur le rétroviseur, mes copains continuent de ricaner et de s'extasier sur le tournoi. Je les envie d'être si innocents, si inconscients des réalités de ce monde.

J'ai demandé au papa trop intéressé de me déposer près du lycée, il ne voudra pas s'aventurer dans mon quartier avec sa caisse. Quand j'arrive une demi-heure plus tard, une dizaine de voitures customisées reviennent dans la cité, ce sont des voisins qui ont patrouillé pour nous aider à la trouver. Ils ne sont pas bredouilles, et tout fier, Mourad l'aide à descendre de voiture.

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