19-Un roi en son royaume

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Anakin

Ce lundi, Ani2 est revenu, il était absent la semaine dernière. Je le sais, car je l'ai cherché comme un vrai stalker et manque de bol Violette était absent aussi, puisqu'il ne répondait pas à mes messages.

J'ai été parler aux quatre mecs doués en dessin, l'un après l'autre. Limite, il y en a un qui aurait fait dans son froc. Ils ont fait les carpes, bégaient. Ce qui est sûr c'est qu'ils sont tous effrayés par moi, tandis que je leur demande s'ils sont les auteurs des dessins que je leur montre en photo. Ils ont nié, en admirant le style du graphisme. Ils jurent que ce n'est pas eux, qu'ils n'oseraient pas me faire marcher. J'ai l'impression d'être un parrain devant leurs attitude ridicules. Ce qui achève de me convaincre c'est qu'ils étaient tous en stage de peinture à Paris, la semaine de la rentrée de janvier, il se trouve que j'avais pas mal échangé avec Violette à ce moment-là.

Pour son silence, j'ai deux pistes, la première c'est que je l'ai agacé à le chercher, l'autre solution c'est qu'il est Ani2 ? Ou alors je prends mes rêves pour la réalité.

Je pensais l'avoir perdu quand le mardi matin, une réponse m'attend.

Tu m'as manqué et je n'étais pas malade

Je suis persuadé que ce n'est pas un des quatre mecs que j'ai interrogés, ils n'auraient pas osé. Je mate Ani2, qui discute au milieu des élèves de sa classe. Je ne l'avais jamais vu, mais désormais je ne vois que lui. Emeline a suivi mon regard.

─ Tu regardes qui ?

─ Rien !

J'ai trop fixé sa silhouette fine qui chahute avec ses potes, cette garce n'a rien loupé.

Comme un fait exprès, Vanessa, va vers Ani2 et lui met les bras autour du cou pour l'enlacer.

─ C'est qui avec saucisse ? Je crois qu'il vient d'un pays pourri non ? Je me demande ce qu'il a pensé de partager sa copine, demande cette vicieuse.

Elle me débecte cette fille qui ne lâche pas sa victime. La cruche a quand même été absente deux mois par sa faute.

─ La solidarité féminine, ça ne te parle pas ?

─ Non je suis pour la solidarité des classes.

─ Et moi, pour la solidarité masculine.

Emeline sursaute devant mon ton dur.

─ À ton avis est-ce que je pourrai le séduire ? rétorque-t-elle, piquée au vif par ma réponse.

J'espère vraiment qu'elle n'y arrive pas. Je l'ai cependant déjà vu à l'œuvre, il suffit qu'elle décide de parler à un crétin pour qu'il se mette à bégayer sans plus savoir comment il s'appelle. Elle le fait tourner en bourrique, le plume et lui demande des trucs débiles qu'il s'empresse de faire, comme sauter d'une fenêtre du deuxième étage ou plonger dans la Garonne.

J'ai peur pour lui !

Emeline se tourne vers Fausto, en lui désignant le gars, tandis que je boue intérieurement.

─ Tu as vu celui qui est tout en jeans, avec saucisse, je te parie que j'en fais mon chien en une journée, tu en dis quoi ?

Fausto rigole.

─ Tu te surestimes ma grande, il te faut au moins une semaine !

C'est moi qui ai dévoyé Fausto et Emeline, ils étaient des gosses de riche normaux, quand moi j'aimais bien foutre ma merde, cependant j'ai changé, alors qu'eux sont devenus de plus en plus sadiques.

─ Des gens commencent à remonter vos conneries ! je grince excédé.

Je ne veux pas qu'elle s'en prenne à ce mec et qu'elle le pulvérise, comme elle sait si bien le faire.

Sans m'écouter, elle va le voir.

J'ai un coup au cœur, c'est soudain, car quand elle s'approche, il dirige son regard vers moi, comme s'il pensait que je l'envoie. Il lui parle un moment, nullement admiratif au contraire, il a l'air froid, moqueur. Je détaille le port altier, l'air narquois, tout en lui indique la certitude qu'il est le roi du monde.

Il est visible que pour une fois, elle va se faire envoyer péter et je sens stupéfait que je respire à nouveau. En peu de temps, toute la racaille se resserre autour de lui, comme pour le soutenir.

Elle revient blême, quelques minutes plus tard pour se jeter au cou de Fausto. Elle est au bord des larmes.

─ Ce con a dit qu'on avait violé sa copine et il la pousse à porter plainte !

─ Quoi ! s'écrit Martial à côté de moi.

─ Tu m'as entendu ! Il m'a insulté et dit que j'étais une merde, moche. Il vous a pas mal égratigné les mecs et il connait le nom des quatre responsables.

─ Je vais aller le voir, décide Fausto.

Je l'arrête, car autour d'Ani2 il y a un paquet de mecs pas commodes. Dans une bagarre, on ne fera pas le poids, surtout eux n'ont rien à perdre.

Il m'a fait un clin d'oeil.

J'ai presque l'impression de l'entendre clamer « échec et mat ».

Il m'épate, je ne comprends pas les palpitations qui envahissent mon estomac.

Plus tard, nous nous sommes éloignés, je prends une photo de lui avec mon autofocus alors qu'il a retiré son bonnet. Une fois le cliché pris, je vérifie la qualité de l'image sur mon écran et je reste sidéré devant ce que je découvre. Mon œil de photographe mesure la beauté de ses traits. Il a une bouille adorable, les traits d'un ange. Pour en être sûr et étudier les photos plus tard, je le mitraille. Fausto et Martial se demandent ce que je prépare comme mauvais coup et me laisse faire sans rien dire.

Ces copains le bousculent, l'enlacent, tous ! Ce gars n'est pas un solitaire.

Dans l'après-midi, comme un fait exprès, Ani2 parle à Stanislas et Pierre-Alexandre, puis différentes personnes de la classe élite. Il a visiblement nombre de potes dans le lycée. Tout le monde sauf moi visiblement.

Depuis la menace relayée par Emeline, l'ambiance est devenue morose parmi nous. Seul Fausto s'en moque, les autres sont en paniques et Martial est complètement paumé. Il a séché la dernière heure de cours et j'ai préféré rester avec lui. J'essaye de le consoler, de l'aider, mais il n'écoute rien.

─ Va voir ton père et montre-lui les vidéos. Il saura quoi faire et lui pourra comprendre ce que c'est que la queue qui démange.

─ Il va me tuer et je vais tellement le décevoir.

Je l'enlace à court d'idées, je suis sûr que si je lui propose d'en parler à mes parents il va m'envoyer faire foutre. 

Opération Post-it[BL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant