Les oiseaux chantent, le soleil tape, et les branches d'arbres vacillent doucement, secouées par le léger vent de l'été, alors que je traîne péniblement le sac jusqu'à la poubelle au bout de la rue. Purée, c'est lourd ! Et si je me dépêche pas, quelqu'un risque de me voir. Non pas que j'aie peur des gens, mais vu ma tenue... je porte seulement un short et un débardeur, roses tous les deux. Il fait beaucoup trop chaud pour mettre autre chose.
Mais qu'est-ce qui m'a pris de sortir les poubelles aussi tôt ? Il est à peine neuf heures... Ah oui, Maman m'a forcée.
Après encore quelques efforts, je suis devant la poubelle et hisse le sac pour le jeter à l'intérieur.
Génial. Je pue, maintenant.
Je fais volte-face et cours le plus vite possible jusque-là la maison. Plus que 25 mètres, et personne ne me verra. 15 mètres. 10 mètres. 5 mè--Emiko !
Je pousse un cri pas très virile avant de passer rapidement le portail et de me cacher derrière la porte en bois. Seule ma tête dépasse, et je peux voir Chifuyu accompagné de Baji qui traversent la route pour venir vers moi.
-Qu'est-ce que tu fais dehors aussi tôt ? Je demande en jetant un œil aux alentours pour vérifier que personne d'autre n'est là.
-Je peux te retourner la question.
Ah. Par contre, je suis face à un problème. Si je me retourne pour traverser les quelques mètres qui mes séparent de la magnifique porte, ils me verront de dos. Et dans cette tenue, je ne peux pas l'accepter. Surtout que Baji est aussi là, et que je ne lui ai presque pas parlé depuis deux ans. Donc ils doivent partir à tout prix.
-Je sortais les poubelles. Maintenant, je rentre chez moi. Vous devriez en faire de même, c'est dimanche, aujourd'hui ! Il faut dormir.
-En fait, je venais te voir, dit Chifuyu. L'autre fois, t'as oublié ta veste chez Mitsuko. Elle m'a demandé de te l'amener.
Le blond me tend au dessus de la porte le Graal, l'objet qui va me sauver, une merveilleuse veste. Qui cache absolument tout. Et qui est longue. Je l'attrape et l'enfile immédiatement.
-Chifuyu, t'imagines pas à quel point tu me sauve la vie, là. Merci.
-Euh... d'accord.
La porte de la maison s'ouvre sur ma mère, et je me tourne vers elle. Elle a l'air en colère.
Merde.-Emiko ! Va acheter des œufs, t'as encore tout mangé en faisant des œufs au plat tous les soirs. Qu'est-ce que j'ai fait pour avoir une fille qui gobe tout ce qu'elle trouve ?
-Haha... désolée. Mais c'est trop bon !
-Dépêche-toi, j'ai un gâteau à préparer.
-Attends, laisse-moi au moins m'habiller !
Ma génitrice me lance un sac à main que je me prends en plein ventre.
-L'argent est dedans. Tu ne remettras pas un pied dans cette maison sans une magnifique boîte d'œufs.
Et sur ce, elle referme la porte.
J'observe ma tenue quelques secondes. Un pyjama rose, une veste bleue et des claquettes noires. Plus un sac à main jaune fluo.
-J'ai un flow négatif, là.
-On a vu ça.
-Vous êtes encore là ? Je remarque en me tournant vers Chifuyu et Baji.
-On allait justement au konbini, tu viens avec nous ? Me demande mon ami.
Je suis assez sceptique à l'idée d'y aller. Non pas à cause de Chifuyu, que j'apprécie beaucoup. Mais surtout car Baji est là. Mais bon, j'aime autant ne pas faire la route seule.
-D'accord, je finis par dire, trop pressée d'en finir au plus vite.
Je sors et referme le portail derrière moi avant d'entamer une marche aux côtés des deux garçons.
-Alors comme ça tu manges des œufs tous les jours ?
-Vous avez déjà goûté ? C'est un pur délice, je vous jure !
-C'est hyper mauvais d'en manger aussi souvent, remarque Baji.
-Ça me dérangerait pas tellement que la cause de ma mort soit overdose d'œufs.
-T'es malade ? Demande Chifuyu en s'arrêtant pour poser une main sur mon front. T'agis super bizarrement.
-C'est les œufs, dit Baji en continuant de marcher sous nos regards perplexes.
-Je vais bien, t'inquiètes. C'est la chaleur.
-Le gang se réunit ce soir, Mikey voudrait que tu sois là...
Je me rembrunit d'un coup et lance un regard paniqué à mon ami.
-Ouh, là, attends. Pourquoi je devrais être là ?
-Personne ne va se battre, t'inquiètes pas. C'est juste un rassemblement. Mitsuko a pensé que ce serait cool que tu fasses enfin ton retour... Tu es un élément important du Toman.
-Je veux plus être mêlée à ça. Je te l'ai déjà dit.
-Tu disais pas ça, avant, lâche Baji sans nous accorder un regard.
-Beaucoup de choses ont changé.
-Pas tant que ça.
-Viens juste ce soir, propose Chifuyu. Ensuite, libre à toi de ne plus mettre un pied aux réunions du Toman. Sache juste que tu nous manque à tous, surtout à Mitsuko.
Je soupire, épuisée par cette discussion qui me retourne le cerveau.
En soit, pourquoi je refuse ? C'est ce que je voulais, non ? Que ça redevienne comme avant. La seule chose qui me freine, c'est la violence qui reprendra une place importante dans ma vie si jamais je retourne avec eux. Serai-je capable de la supporter ?Argh, tant pis. J'arrête de faire la philosophie. Et puis, comme dirait Mitsuko, ONE LIFE.
-Dire qu'à la base, j'étais jute partie sortir les poubelles... Allons acheter mes œufs, que je puisse ensuite dormir jusqu'à la réunion de ce soir...
Un sourire se dessine sur les lèvres de Baji qui daigne enfin me lancer un regard avant d'entrer dans le magasin.
-Tu vas venir, alors ? Demande Chifuyu en entrant à son tour.
Je le suis, les mains dans les poches.
-Ouais. Mais au moindre truc, je me casse et vous me revoyez plus jamais.
-Merci. Je suis content que tu fasses l'effort de revenir.
Je soupire et m'empare d'une boîte d'œufs avant de rejoindre Baji à la caisse. Mes sourcils se haussent lorsque je vois ce qu'il est en train d'acheter.
-Des croquettes pour chat ? T'en as un ?
-Mystère.
Je secoue la tête et pose mes œufs sur le tapis de la caisse.
-Aller, dis le moi.
-Il s'occupe des chats errants, lâche Chifuyu en nous rejoignant.
-Oh, c'est vrai ? Tu devrais t'engager dans une association. La SPA recrute, tu sais ?
-Non merci, ça va aller.
C'est étrange d'apprendre de nouvelles choses sur lui, alors qu'avant on se connaissait si bien qu'on savait déjà tout l'un de l'autre. Je récupère mes œufs en haussant les épaules.
-Merci de m'avoir accompagnée, à ce soir.
-À plus, lance Chifuyu avant de reporter son attention sur Baji.
Et je m'empresse de regagner ma maison, toujours vêtue de ma tenue farfelue qui n'est désormais que le cadet de mes soucis.
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Stay with me - Tokyo Revengers
FanfictionIl est préférable d'avoir lu le manga pour lire cette fanfiction, au risque d'être spoilé. Emiko est perdue. Elle déteste la violence. Pourtant, ça n'a pas toujours été le cas. Elle côtoie les fondateurs du Tokyo Manjikai depuis avant la création d...