Chapitre 6

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-Quelle journée nulle, je me lamente en m'étalant sur la table dans un geste plein de désespoir qui n'échappe pas à ma professeure.

Celle-ci me lance un regard noir que j'ignore obstinément, puis je reporte mon attention sur la fenêtre. Il fait très beau dehors, mais ce n'est pas ce qui m'interpelle le plus. En effet, mon regard est rivé sur une silhouette que je reconnais immédiatement.

-Mikey ?! Je crie, m'attirant par la même occasion un regard noir de ma prof qui se lève.

-Sortez immédiatement, vous perturbez mon cours !

Je grimace, gênée, et me lève alors que la porte de la salle s'ouvre en fracas. Ahurie, je regarde Mickey se diriger vers moi. Bah dis donc, il s'est téléporté ou quoi ? Le chef du Toman empoigne mon sac et range soigneusement mes affaires dedans sous mon regard perdu avant de me sourire.

-On y va ? Demande-t-il comme si c'était évident en se tournant vers la sortie.

-C'est inadmissible ! Complètement inacceptable, s'insurge la vielle mégère alors que je suis Mikey en dehors de la salle de classe.

La prof crie toujours lorsque nous sortons de l'école, et que je me décide enfin à demander :

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

Mikey, qui porte toujours mon sac, se tourne vers moi.

-On va aller discuter du cas du Moebius avec Draken, Pachin et Peyan. Ils nous attendent.

J'acquiesce et le talonne dans un silence qui me permet de réfléchir. Pourquoi avoir besoin de moi dans ce cas là ? Je ne suis même pas un capitaine de division, et je suis revenue avant hier...
Après quelques minutes à marcher côte à côte, nous arrivons dans un sorte de hangar plutôt vide. À l'intérieur se trouvent les trois adolescents qui nous regardent entrer. Mikey s'installe sur un banc, et je m'immobilise à sa droite, les bras croisés, après avoir salué Draken.

-Bon, le fight contre le Moebius doit avoir lieu. Ces ordures doivent payer pour ce qu'ils ont fait. J'ai donc décidé de-

Mikey est coupé par l'arrivée fracassante de Takemichi qui court vers nous sous nos regards perplexes. Celui-ci, essoufflé, s'arrête aux pieds de Mickey, et souffle tant bien que mal :

-On doit surtout pas se battre !

Je suis d'accord avec lui, bien que je ne connaisse pas ses raisons...
Du coin de l'œil, je vois Pachin bouger, et mon coeur s'arrête brusquement lorsque son poing rencontre la joue de Takemichi. Alors qu'il s'apprête à réitérer son geste, je me lève et saisis son bras suspendu en l'air en plantant un regard assassin dans le sien.

-Je veux bien user de la violence sur les enflures du Moebius, dis-je d'une voix faussement calme. Mais je ne peux pas tolérer que tu t'en prennes à un innocent, d'autant plus qu'il fait partie du Toman. Donc tu vas ranger ton poing et arrêter de taper sur tout ce qui bouge. Dirige ta haine sur tes ennemis, pas sur tes alliés. T'as pas pensé que Takemichi possède une excellente raison de ne pas vouloir ce combat ?

Je lâche le bras de mon camarade et me tourne vers le jeune homme, secoué de sanglots, qui répète encore et encore qu'on ne doit pas se battre.

-On a pas le choix, Takemichou, dit Mikey d'un air déterminé qui ne souffre d'aucune protestation.

-Attends, Mikey... commence Draken avant d'être coupé par une voix forte.

-Vous parlez de nous ?

Un mec en rouge vient se placer au centre du hangar, et des gens habillés de blanc l'entourent rapidement. Sur leurs vêtements, on peut lire le nom du Moebius.

J'aide Takemichi à se relever tandis que Mickey et le chef ennemi se regardent en chiens de faïence. La tension est palpable.

-On a appris que vous nous cherchiez, alors on est venus à vous.

Ses propos sont suivis de quelques « Ouais ! », « on va vous démarrer » ou encore de rires agaçants. Quelle bande de guignols.

-Quelle délicate attention, je souris avant de passer mon bras autour des épaules de Takemichi.

Le regard du chef ennemi se pose sur moi sans pour autant s'attarder. Son attention est rapidement accaparée par Pachin qui, les poings serrés et le regard haineux, se dirige droit sur lui.

Cependant, notre cher ami se fait complètement démarrer. J'ai arrêté de suivre au premier coup qu'il s'est pris. J'avoue n'avoir jamais vraiment apprécié Pachin, mais le voir en sang et pourtant si déterminé me surprend. Il est inconscient mais tient encore debout. Et je n'ai qu'une envie : aller botter les fesses de tous ces guignols qui se moquent de son courage pourtant si flagrant.

Mikey finit par se décider à intervenir, et rattrape Pachin au moment où celui-ci s'écroule au sol.

Le chef du Toman dépose son ami au sol et se dirige, le regard vide, vers le mec en rouge. Bam, one shot. Et tous les guignols se taisent.

Des gyrophares retentissent, et j'échange un regard inquiet avec Draken.

-Mikey, on se tire ! Crie mon ami.

J'ai a peine le temps de cligner des yeux que le chef du Moebius s'est relevé.

-Draken ! Le prévient Takemichi d'une voix gorgée d'angoisse.

Le jeune homme arrête assaillant avec facilité. Mais le choc dessine sur ses traits lorsque Pachin se redresse et plante un couteau dans le ventre de l'ennemi. Je retiens mon souffle. La police se rapproche. Moi, je n'entends plus rien. Les yeux passent du corps inerte du chef du Moebius à Pachin qui, en larmes et en sang, nous implore de partir. Mon coeur bat dans mes tempes, et je détache mes yeux de cette vision d'horreur pour affronter la réalité. Pachin va se faire prendre. Il va partir à son tour, après avoir ôté une vie.

On est tous des meurtriers, ou quoi ?

Draken attrape Mikey alors que je saisis la main de Takemichi. Là, la priorité, c'est de fuir. On doit partir le plus vite possible.
Alors que nous courrons, Takemichi tombe dans les vapes et s'écroule. Draken dépose Mikey au sol et dit :

-Je l'emmène à l'hôpital. Éloignez-vous d'ici, le plus loin possible. Allez à la rivière.

J'acquiesce et attrape la main de Mikey qui semble complètement vide. Après encore quelques minutes à courir comme des dératés, je nous arrête au lieu demandé par Draken et m'étale dans l'herbe, épuisée.

-J'aurais du rester à l'école, je peste entre deux grandes inspirations.

Mikey s'assied à la droite, silencieux. Je ne veux pas briser ses réflexions. Et puis, j'ai peur de comment il risque de réagir. Donc je ferme les yeux, et je laisse ma respiration redevenir stable. Je ne sais pas combien de temps nous restons comme ça. Peut-être dix minutes, même plus. Mais cette bulle est brisée par Mickey qui souffle :

-On aurait du le sauver.

-C'est trop tard. Il a fait son choix, on ne peut que le respecter.

-Elle a raison, dit Draken en s'installant à ma gauche. On peut pas l'aider.

-On a qu'à faire une cagnotte ! S'emporte le chef du Toman. Si tout le gang donne, on pourra le faire sortir !

-Mais il ne le veut pas ! Il a décidé de se rendre, on peut rien y faire.

-Mais on peut pas l'abandonner.

Les deux se lèvent d'un bond et je sursaute quand ils se mettent à se crier dessus toutes sortes des choses.

-Arrêtez ! Calmez-vous ! Je crie en me plaçant entre les deux. Bordel, vous êtes malades ?

Mikey peste et fait volte-face pour s'en aller.

-Tu vas où ? Je lui crie.

Aucune réponse.

Là, c'est vraiment la merde.

Stay with me - Tokyo Revengers Où les histoires vivent. Découvrez maintenant