-Une bonne chose de faite ! Je laisse échapper, enfin sortie du bâtiment.
Ma satisfaction est complètement feinte. J'ai envie de me rouler en boule et de pleurer à même le sol. Toutes ces choses horribles que j'ai dites à Kazutora me restent en travers de l'estomac.
Mais c'était nécessaire. Du moins, je l'espère. J'espère qu'il ne sera pas trop affecté quand je partirai. Et que lui aussi trouvera le moyen d'aller mieux.
-Emiko ?
Je me tourne vers la source de la voix en m'efforçant d'arborer un visage impassible.
-Takemichi ?
-Je suis tellement désolé, dit le jeune homme en fondant en larmes, tout en se jetant sur moi pour m'étreindre.
Je serre les dents et tente de ne pas me mettre à pleurer à mon tour, mais en vain. La tristesse prend le dessus, et Takemichi vient de me la relancer en pleine face.
-Pourquoi est-ce que tu t'excuses ? T'es la dernière personne responsable de ce qui est arrivé !
Ma poitrine est secouée de sanglots et j'articule à peine.
Mais ça ne m'empêche pas de comprendre ce que me dit ensuite Takemichi.
-J'aurais du réussir à le sauver ! J'ai bien réussi pour Draken, mais là, Baji a sauvé les autres de lui même. J'aurais jamais osé me sacrifier comme il l'a fait, et je prétends vouloir sauver Hina ? Il y avait sûrement un autre moyen, mais là c'est trop tard putain ! Et moi je suis resté là, à penser que j'avais réussi à lui éviter la mort.
Je reste sidérée tout le long de son monologue dans lequel il jette une vague de regrets.
J'ai absolument rien compris. C'est quoi ce bordel. Comment il pouvait savoir que Baji allait mourir ?
Et là, je m'en rappelle.
La veille du combat, quand on a croisé Takemichi et Chifuyu, il lui a demandé de survivre.
-T'es en train de me dire que tu savais que Baji allait mourir, mais que t'as rien dit ? Comment tu l'as su, déjà ? Et pourquoi tu m'as pas prévenue ? J'aurais pu l'empêcher d'y aller, et Baji se serait pas sacrifié pour sauver les autres !
Je vais le démarrer. Sincèrement, je pense n'avoir jamais été aussi en colère. Mais je suis surtout profondément blessée.
Parce qu'on aurait pu éviter ça. Encore une fois. Mais on a pas réussi.
Je n'ai pas réussi.
L'histoire recommence, comme avec Rei.
Et j'ai le sentiment que ça recommencera, encore et encore. Qui ce sera, la prochaine fois ? Mitsuko ? Chifuyu ? Ma mère ?
Je repousse brusquement Takemichi et essuie mes larmes d'un geste rageur.
-Bordel, pourquoi c'est pas moi qui suis morte, à chaque fois ? Pourquoi faut-il toujours que ce soit les autres ?
Je fais volte-face et marche sans plus tarder vers ma maison. Mon lit me manque. J'ai besoin de dormir. Juste pour m'éloigner un peu de tous ces événements.
Je voulais rendre visite à la mère de Baji, mais mon courage a totalement disparu. Je me souviens qu'il ne voulait jamais la faire pleurer.
J'imagine que c'est raté.
J'aurais préféré ne jamais naître. La vie est trop dure pour moi. Les déceptions et la souffrances bien trop dures a encaisser. Je suis pas faite pour vivre cette vie.
Je devrais détester toutes ces histoires de gang, qui sont à chaque fois la cause de mon malheur.
Mais il m'est impossible d'oublier tout le bonheur que ma apporté le Toman. Et ça m'enrage. Parce que si je suis retombée dedans, je risque d'y retourner.
Et de souffrir encore.
Si je devais recommencer à zéro, je pense que je voudrais changer trop de choses. Et ça gâcherait tout.
S'il y a bien une chose que je ne regretterai jamais, c'est d'avoir tout donné à Baji. Le peu de temps que j'ai passé à ses côtés m'a montré que je pouvais me sentir profondément bien.
Mais il n'est plus là. Et je doute de retrouver ce sentiment de plénitude ailleurs.
C'est injuste.
Je claque la porte de la maison derrière moi et monte dans ma chambre sans réfléchir davantage. Mes vêtements sont rapidement remplacés par mon pyjama confortable, et je m'étale sur mon lit.
Mon esprit est complètement torturé. Je jette un regard à ma table de nuit.
Un paquet d'aspirine.
Je fronce les sourcils et l'attrape. Qu'est-ce qu'il fait là ?
Ah oui, maman me l'a emmené. Au cas où j'aurais mal à la tête.
Je décide d'en prendre un. Une migraine atroce me ronge la tête, à force de pleurer. Peut-être que ça m'aidera à y voir plus clair.
Mais le temps passe, et mon mal de crâne ne disparaît pas. Je reprends de l'aspirine plusieurs fois. Je ne sais plus combien exactement. Beaucoup, je crois. Peut-être que j'irais mieux, s'y j'en prends plein. Le paquet entier est vide.
Je frissonne, et mon souffle devient de plus en plus court. Ma respiration est difficile.
Merde. Ça sent pas bon.
J'ai fait une connerie. Je vais mourir. Qu'est-ce qui m'a pris ? Bien sûr que non, l'aspirine ça guérit pas les blessures psychologiques.
Je voulais partir, mais pas comme ça.
Difficilement, je me traine jusqu'à mon bureau. Ma main tremblante attrape un stylo et j'écris difficilement sur le premier papier qui me passe sous la main. Le dos d'un contrôle de physique chimie. C'est marrant, je détestais cette matière.
Ça y est, je parle au passé. C'est fini. Je vais mourrir. J'ai a peine eu le temps de tout écrire. Mais au moins, je n'ai plus de regrets.
J'espère qu'ils s'en remettront vite. Eux, ils sont forts. Moi je ne le suis pas. Ou je ne le suis plus, du moins.
-Emiko ?
Je sursaute et tourne la tête vers mon lit.
Mes yeux embués de larmes s'écarquillent.
-Baji ?
Est-ce que je suis en train d'halluciner ? Très probablement. Mais ça ne m'empêche pas de me jeter sur la silhouette assise devant moi.
Qui disparaît comme un nuage de poussière.
J'ai l'impression de le voir partout, de l'entendre. Non. Je n'hallucine pas. Le fantôme de Baji est venu me hanter, parce que je n'ai pas réussi à le sauver. C'est forcément ça. Forcément. J'ai chaud. Mais j'ai aussi froid. Je ne me sens vraiment pas bien.
Et c'est là que je perdis connaissance.
—
C'est la fin du tome 1
Pardon les gars je sais que c'est allé ultra vite 😭
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Stay with me - Tokyo Revengers
FanfictionIl est préférable d'avoir lu le manga pour lire cette fanfiction, au risque d'être spoilé. Emiko est perdue. Elle déteste la violence. Pourtant, ça n'a pas toujours été le cas. Elle côtoie les fondateurs du Tokyo Manjikai depuis avant la création d...