Stay with me - Tokyo Revengers

Chapitre 27

Flashback, année 2003

Rei est sorti seul au parc, aujourd'hui. Ça fait déjà plusieurs heures qu'il joue dehors, alors que je regarde tranquillement One Piece à la télé avec Mitsuko.

Maman est partie quelques jours chez notre grand mère en province. J'en ai profité pour inviter ma meilleure amie à passer du temps à la maison.

-T'aurais pas des chips ? Me demande Mitsuko.

-Mmh, je vais voir ça, attends.

Je me lève et marche jusqu'à à cuisine. Seulement, je suis arrêtée par quelqu'un qui toque à ma porte.

Je me dirige donc vers celle-ci et l'ouvre. Sur le perron se trouve un Kazutora en sueur et complètement essoufflé. Derrière lui, Baji est dans le même état.

-Les gars ? Qu'est-ce que vous faites ici ?

-On a un putain de gros problème, Emiko.

Je me crispe et fronce les sourcils.

-Que...

-Il se passe quoi ? Intervient Mitsuko en arrivant derrière moi.

-Rei, il... Un mec l'a enlevé pour faire pression sur Mikey. C'est la merde, putain, crache Kazutora.

-Hein ? Est la seule chose que je parviens à articuler.

J'écarquille les yeux. Mon coeur s'arrête un instant, avant de prendre un rythme endiablé. Mon sang bat dans mes tempes, et l'inquiétude me ronge.

-Où ?

Ma voix est tremblante, à la fois de rage et de peur.

Je vais tous les tuer. Tous ceux qui ont osé s'en prendre a Rei. Comment peut-on s'attaquer à un enfant de sept ans pour des putains d'histoires de gang ?

-Au parking de Shibuya, souffle Kazutora. C'est celui où on allait quand on était petits.

J'enfile les premières chaussures qui me passent sous la main et me mets a courir dans la rue.

Tous, uns par uns. Je vais les faire regretter de s'en être pris a Rei.

Les autres me suivent, mais je ne fais pas attention à eux. Je dois arriver le plus vite possible. Et c'est ce que je fais. Je déboule sur le parking, les membres tremblants d'une colère qui laisse place à la rage pure et simple lorsque je vois Rei maintenu au sol par un lycéen.

Mikey est debout face a lui aux côtés de Draken.

-Alors, Mikey l'intouchable ? Tu fais moins le malin, maintenant qu'on a ce gosse sous la main.

-Ta gueule. Laisse le partir, fils de pute. Vous vous en prenez à un gosse comme des lâches. Venez vous battre.

Un frisson d'effroi me parcourt quand mon petit frère relève la tête. Son regard terrifié rencontré le mien et mon coeur de serre à la vue des larmes dévalant ses joues.

J'évalue la situation rapidement. Il y a cinq ou six lycéens devant nous. Un d'entre eux tient Rei, et les autres entourent nos deux amis.

-Oh ? Vos amis rejoignent la fête ? Remarque l'un des connards avec un sourire carnassier. Cool !

Mikey lance son pied dans la figure du gars qui est projeté en arrière. Un autre se jette sur lui, alors que je me précipite vers celui qui maintient Rei au sol.

-Je vais te crever, connard, je crache.

Mon poing s'élance vers son visage, mais est paré par la main d'un autre. Je me dégage de son emprise et un combat acharné commence. Je dois le terrasser au plus vite, pour pouvoir enfin m'occuper de mon petit frère dont les sanglots terrifiés me détruisent le cœur.

-Grande soeur ! Aide moi, s'il te plaît !

-Oh, c'est ton petit frère ? Sourit celui contre qui je me bats. Quelle mauviette.

Un poing rencontre sa tempe, mais ce n'est pas le mien. Baji se dresse la où était le connard deux secondes avant et crache :

-Ta gueule. T'es juste une grosse merde à t'en prendre à un putain de gosse.

Je me retourne pour me précipiter sur Rei quand un cri de douleur déchirant me cloue sur place.

Mes yeux cherchent la cause de ce cri, et je laisse échapper un hoquet quand je la trouve.

Le gars qui maintenait Rei au sol vient de lui planter un poignard en plein ventre.

Mikey ressemble à une boule de rage alors qu'il attrape le dernier ennemi pour le jeter au loin.

Mes jambes me portent difficilement à mon petit frère qui pleure et laisse échapper des cris de douleur.

Je pose sa tête sur mes genoux, complètement paniquée.

-J'ai trop mal au ventre, Emiko ! Aide moi. Je veux pas mourir.

J'entends Mitsuko appeler une ambulance et essuie les larmes de Rei en caressant ses cheveux.

-Ça va aller, tu verras. Tout ira bien. Tu ne mourras pas. Tu vivras longtemps, et ta vie sera magnifique. Tu seras le héros que tu auras toujours rêvé d'être.

Je ne sais pas qui j'essaie de rassurer avec ces paroles. Mais que ce soit lui ou moi, aucun de nous ne se calme.

-J'ai peur. Il fait froid, grande soeur. Je veux fermer les yeux.

-Non ! Surtout pas ! Ne ferme pas les yeux, Rei. Reste avec moi.

-Je veux maman, pleure-t-il.

Mes mains tremblent et tentent de compresser la plaie, en vain. Elle est trop profonde.

Le corps de Rei se relâche. Mon coeur se brise.

-Je veux pas mourir.

Et il ferme les yeux.

Son corps devient froid, vide. La vie ne le traverse plus. Et les secours ne sont pas là.

Rei vient de mourir sous mes yeux, devant moi. Le sang de mon petit frère est sur mes mains.

Tout ça à cause de ces histoires de gang. Tout ça, c'est de ma faute. Je l'ai entraîné là dedans.

Rei est mort. Mon petit rayon de soleil s'est éteint.

Une douleur immense me compresse le coeur. Je ne veux plus de violence. Plus de gang. Plus rien. Je veux que Rei revienne. Il ne peut pas partir.

Il était si jeune. Il avait toute la vie devant lui. Il rêvait de devenir un héros, de tremper dans ces histoires de gang qui lui ont coûté la vie.

Je l'aimais tellement.

Mais je n'ai pas réussi à le sauver.

Tout est de ma faute.

Ses derniers mots resteront gravés en moi toute ma vie.

« Je ne veux pas mourir ».

J'ai l'impression de l'entendre le répéter dans mon esprit, encore et encore. Comme une prière ou une supplication. Un vœu, que je n'ai pas pu exaucer.

Je hais ce putain de monde.