Je ne peux décidément pas rester là à broyer du noir. Mitsuko a fini par rentrer avec des œufs sortis de je ne sais où hier soir, et nous les avons mangés. On a passé une bonne soirée en fin de compte, mais à l'instant où elle a quitté ma maison ce matin, mes pensées sont revenues au galop, et dix fois plus nombreuses.
Me voilà donc déterminée à les effacer, et j'ai alors pris une décision.
Je vais essayer de raisonner Baji et Kazutora. Parce qu'ils ont toujours été les personnes les plus importantes pour moi, avec Mitsuko évidemment. Et que Baji n'a définitivement pas quitté le gang sans raison valable. J'en suis convaincue. Je n'ai pas envie d'aller dire à Mikey ce qu'ils comptent faire sans être certaine qu'ils veulent le faire, ça créerait trop de problèmes.
J'ai laissé mes cheveux lâchés, et ait simplement enfilé un t-shirt large et un jean avant de sortir de chez moi. Le soleil est déjà haut dans le ciel.
Je m'arrête devant un passage piéton en attendant que mon feu soit vert, alors qu'une paire de chaussures entre dans mon champ de vision. D'abord, je n'y fais pas vraiment attention. Puis je relève la tête et écarquille les yeux quand je vois Kazutora s'approcher de moi.
Pile au bon moment. Merci à Dieu de l'avoir placé sur ma route ce matin.
Le jeune homme s'arrête devant moi et son regard indéchiffrable se plonge dans le mien.
-Je dois te parler, je dis en attrapant son bras.
Kazutora est devenu fou, mais il a été mon meilleur ami pendant une bonne partie de ma vie. Et je ne peux ni effacer tous ces souvenirs, ni passer au dessus. J'ai donc décidé de les affronter. Parce que l'autre fois n'a pas été la bonne fois pour couper les ponts. Et parce que j'ai cogité depuis, et j'ai fini par comprendre qu'il ne maîtrise clairement rien. Kazutora a toujours aimé sa mère plus que tout, et la décevoir a du lui mettre un énorme coup qui l'a brisé.
Et je n'étais pas là pour recoller les morceaux.
Kazutora n'a plus de libre arbitre, et ce depuis qu'il a tué le frère de Mikey.
-Je pensais que tu refuserais mon offre, souffle Kazutora alors que je le tire à ma suite dans une petite ruelle. Pourquoi est-ce qu'on se cache ?
-Je voudrais pas que quelqu'un nous voit discuter, surtout Draken ou Mikey, tu vois ? J'explique en balayant les environs du regard.
Rien à signaler.
-Si tu es venue pour me convaincre de ne rien faire, sache que je n'ai pas le choix Emiko. Je dois tuer Mikey, quoiqu'il arrive.
C'est sur, maintenant. Quelqu'un le manipule, mais qui ?
-Arrête de raconter n'importe quoi, abruti. Personne ne t'oblige à faire quoi que ce soit. Tu es libre de faire tes propres choix. Qui t'a dit le contraire ?
-Je ne peux pas en parler, encore moins à toi. Tu m'as abandonné, Emiko. La première fois en quittant le Toman, et ensuite l'autre jour quand tu n'as pas voulu m'aider. Il y a quelques années, tu n'aurais même pas hésité à me suivre.
-Beaucoup de choses ont changé, Kazutora. J'ai aussi changé.
-À cause de Rei ?
Je détourne le regard.
-Je préféré ne pas parler de lui aujourd'hui. Mais oui, en partie. J'ai compris que toi aussi tu as changé. Et je suis vraiment désolée de ne pas avoir été là pour toi quand tu avais besoin de moi. Mais maintenant, je veux recoller les pots cassés, et t'empêcher de faire une autre bêtise que tu regretteras toute ta vie.
Kazutora secoue la tête.
-Les pots cassés seront peut-être recollés, mais ils ne redeviendront jamais ce qu'ils étaient avant. Je me suis fait une raison, toi et moi, on a pris des chemins trop différents pour que notre amitié tienne la route. C'est comme ça. Et tu n'as aucune influence sur les choix que je fais sur mon propre chemin. J'ai décidé de tuer Mikey, alors je le ferais. Personne ne m'y oblige, ne t'inquiètes pas pour ça. C'est mon choix à moi.
Je me hisse sur la pointe des pieds et enroule mes bras autour du cou de Kazutora pour l'attirer à moi. Il ne me rend pas mon étreinte mec trop crispé pour réagir alors que je pose ma tête contre sa nuque.
-Je te connais. Je serais toujours là pour toi, je te l'ai dit. Je suis devenue une femme capable de te protéger, alors laisse moi le faire. Tu es mon meilleur ami.
Kazutora finir par entourer ma taille de ses bras, et enfouit son visage dans mes cheveux.
-Je suis désolé, Emiko, souffle-t-il en se reculant.
-Ça va, je vous dérange pas ? Intervient une voix forte.
Je sursaute et trébuche sur une boîte en carton avant de m'écraser au sol, sur les fesses. Baji s'approche de nous, et pose son regard sur moi. Je me détourne immédiatement et me crispe.
-Baji. Qu'est-ce que tu fais ici ? Demande Kazutora en se plaçant devant moi.
-J'ai entendu du bruit, donc je suis venu voir... et il semblerait que j'ai bien fait. Je pensais qu'on s'était mis d'accord.
-C'est le cas. Elle...
-C'est bon, je suis pas stupide, je le coupe en me relevant. J'ai bien compris que vous me cachez quelque chose, tous les deux.
-Donc tu ne lui as rien dit ? Demande Baji, étonné.
-Bien-sûr que non, peste Kazutora. Je suis peut-être devenu fou, mais j'ai pas envie de faire du mal à ma meilleure amie.
Mon regard passe de Kazutora à Baji, et j'ai de plus en plus envie de leur sauter dessus. Ou de les balayer.
-Bon sang arrêtez de parler de moi comme si je n'étais pas là !
-On doit parler, Emiko, souffle Baji en passant à côté de Kazutora pour se placer devant moi.
-Pour quoi faire ? Tu t'es juste amusé avec moi, je ne suis rien pour toi et je l'ai bien compris. Tu veux remuer le couteau dans la plaie, c'est ça ? Ça flatte ton ego de savoir qu'une fille est tombée amoureuse de toi ?
Le visage de Baji passe de la froideur totale à l'étonnement, et je fronce les sourcils.
-Qu'est-ce que vous racontez ? Intervient Kazutora.
-Kazutora, laisse nous, s'il te plaît. Je t'expliquerais plus tard, dit Baji sans me quitter des yeux.
J'ai envie de protester, mais je dois aussi parler à Baji, alors je ne dis rien et me contente d'observer mon ami s'en aller.
Ça promet, comme discussion.
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Stay with me - Tokyo Revengers
FanfictionIl est préférable d'avoir lu le manga pour lire cette fanfiction, au risque d'être spoilé. Emiko est perdue. Elle déteste la violence. Pourtant, ça n'a pas toujours été le cas. Elle côtoie les fondateurs du Tokyo Manjikai depuis avant la création d...