Chapitre 3

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Les jours défilent, Millena rend de plus en plus souvent visite à sa sœur Daphné. Les dames de la crèche sont très perturbées, la petite fille n'ayant pourtant qu'un mois semble en avoir six. Elle passe en ce moment même une radio pour vérifier si cette croissance accélérée n'a pas laissé un organe de côté. Car vous imaginez bien qu'un cœur de un mois ne peut pas prendre en charge un corps de six mois...

Moi, je suis accoudée au ponton du lac des naïades. Oui encore ici. Normal, c'est mon endroit préféré. Mon occupation ? Rien de plus banal, je regarde les gens, l'eau, les bateaux et les poissons. Tout est si paisible ici. Comme pour contredire mes pensées, un élégant plouf retentit non loin de moi. Je sursaute et aperçois une jeune fille, blonde, aux yeux bleu, et toute mouillée. Elle me ressemble étrangement. Plus que mes autres demi-sœurs. Je l'observe, elle m'observe. Je me surprends à cligner d'un d'œil pour vérifier qu'elle ne soit tout simplement pas mon reflet dans l'eau. Mais non, elle ne cligne pas en même temps que moi mais me fait plutôt un regard étourdi. Non sans humour, j'affirme qu'elle me ressemble comme deux gouttes d'eau.

Un groupe de filles d'Aphrodite dont Célestine rigole. Je tends ma main à la pauvre fille trempée. Elle semble peinée. Mon don me souffle que ces pestes lui ont joué un mauvais tour. Elle prend ma main avec reconnaissance et je la tire hors de l'eau sans grande difficulté (Merci à l'escrime pour ces nouveaux muscles). Sur terre notre ressemblance est encore plus frappante. Même taille, même forme de visage. C'est impressionnant. Célestine et sa clic ne gloussent plus, en même temps, qui y arrive en ayant la bouche grande ouverte ? Une haine soudaine m'envahit. De quel droit se permettent-elles de la jeter à l'eau comme une vulgaire poupée ? Puis me reviennent en tête tous ces moments où c'était moi leur souffre douleur. C'est étrange mais, bien que je n'ai pas réagi face à leurs anciennes farces, ma conscience me dit ne plus laisser passer celle-ci. Elles peuvent s'attaquer à moi, je m'en fiche, mais pas aux autres. Ou pas à elle, me dis-je en regardant cette jeune fille.

Maintenant je la vois clairement dans mon esprit, elle est venue ici pour s'intégrer et les filles l'ont rejetée après l'avoir humiliée. Le film se déroule dans ma tête, on dirait que je peux voir le passé en plus du futur. Comme quoi on finit jamais d'apprendre des choses sur nous même. Mal-être, peine. Les sentiments s'entremêlent dans mon esprit.

Ma jumelle fulmine aussi de colère. Ses longs doigts fins s'agitent, le soleil tantôt caché derrière des nuages apparaît subitement. Des rayons viennent se refléter sur le miroir où se contemple Célestine et un éclair aveuglant se heurte alors dans ses beaux yeux violets. Un cri aigu déchire l'air et la malheureuse s'en va mi pleurante et mi folle de rage vers l'infirmerie. Les autres filles s'en vont de peur de recevoir le même sort. J'apprends de Emily, mon double, que Célestine ne sera pas aveugle car la lumière n'était pas assez forte et qu'elle ne l'a pas regardée assez longtemps. Heureusement, sinon Emily aurait pu avoir de gros problèmes. Notre règlement nous interdit de nous faire du mal les uns les autres. Moi en tout cas, je suis éblouie par sa performance, maîtriser les rayons du soleil, rien que ça !

Millena, Emily et moi formons un petit groupe sous le Saule pleureur qui se tient entre le lac et la forêt. Nous attendons Illidel qui ne devrait pas tarder. D'ailleurs le voilà, et il n'est pas seul.

- « Excusez moi pour mon retard gentes dames, mais je cherchais quelqu'un. » annonce Illidel d'une voix redondante en nous désignant Armen. Il a toujours les mimiques qu'il faut pour faire rire celui-là.

Nous nous saluons tous amicalement, puis les regards inquisiteurs des garçons se posent sur l'étrange personne assise à ma droite. J'interromps leurs exclamations de surprise et leur demande d'écouter ce que Emily va nous raconter.

- « Si nous ne nous sommes jamais croisés avant, c'est simplement que j'étais l'une des filles qui travaillait dans cette tour et qui ne pouvaient en aucun cas en sortir. » clame-t-elle d'une voix qu'elle veut claire et sans peur.

Arcalon, une légende est née [Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant