Chapitre 19

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On m'a emprisonné depuis déjà deux semaines. Deux longues semaines. Ici le temps se délecte de passer plus lentement. Les heures sont des jours et les jours des semaines.

Les prisons se trouvent dans les sous-sols des bâtiments administratifs.
Tout est épuré et propre. Il y a du lino blanc sur les murs, les sols et les plafonds.
Les cellules ne sont pas fermées avec des barreaux mais par des portes blindées et magnétiques.

Cette prison ressemble à un hôpital psychiatrique, voir à un laboratoire secret, faisant des expériences malsaines sur des cobayes humains.
Rien de bien réjouissant en somme.

L'atmosphère est lourde et tendue, le mal est insidieux, sous jacent. C'est vraiment l'opposé de la tour du feu sacré, où l'horreur était affichée avec fierté à tous les recoins.
Je frissonne en repensant aux marques de sang et aux menottes pendues aux murs.

Selon la raison de leur enfermement, les prisonniers ont le droit à plus ou moins de visite. J'en ai une par semaine. Malheureusement, lors des deux visites, je n'ai vu que Le sage que je déteste. Et ces deux fois, il est venu m'interroger sur les accusations portées contre moi.

Est-ce-que c'est moi qui ait libéré deux prisonniers de la tour des Vestales ? Est-ce-que c'est moi qui les ait caché ? Et les branches des arbres qui ont détruit l'intérieur, c'était moi ? Et les chevaux ?

Mais oui, bien sûr, j'ai réussi à me dédoubler pour faire tout ça en même temps...
Je n'ai rien dit durant l'interrogatoire, je ne voulais pas que l'on puisse accuser un de mes amis. Pourquoi est-ce-que j'aurai répondu ? En plus, ça avait l'air de vraiment l'agacer, que je garde le silence. Et ce qui peut l'agacer me fait plaisir.

J'ai un bref sourire à cette pensée.

Je passe mes journées à m'ennuyer. Il n'y a pas beaucoup d'activité ici.
Des fois on nous emmène dans un petit patio entouré de hauts murs garnis de barbelés, pour que l'on prenne l'air. Mais je n'aime pas trop y aller, parce qu'il y a des gens bizarres. J'ai croisé quelques jeunes, mais, la plupart du temps, je ne les revois plus après.

Pourquoi est-ce-que l'on me retient si longtemps, alors que l'on n'a même pas de preuve contre moi ?
C'est injuste. Mais la justice, c'est le conseil des sages qui s'en occupe.

Au patio, je ne crois pas que l'on ait le droit de se parler. Il y règne toujours un silence froid, malgré quelques chuchotis. En même temps, je ne vois pas ce que je pourrai raconter aux autres prisonniers. Leur demander ce qu'ils ont fait pour être ici ne me semble pas approprié.

Les repas n'en parlons même pas. Moi qui pourtant adore manger... Ils ne sont pas très variés, et consistent le plus souvent le plus souvent en des bouillons de légumes.

J'essaye de m'occuper du mieux que je peux, dans cette cellule de moins de neufs mètres carrés. Il m'arrive de chanter, pour briser le silence constant de la pièce.
C'est dans des moments comme ceux-ci qu'on remarque que l'on ne supporte pas la solitude. Je me pensais pourtant assez solitaire. On dirait qu'on a tous besoin d'une présence. Mes amis me manquent.

Will... J'aimerai tellement l'avoir près de moi pour qu'il me rassure et apporte un peu de chaleur au milieu de ces quatre murs blancs. Lorsque je suis allongée sur le lit, je grave sur le mur ses traits. J'utilise un bout de grillage que j'ai ramassé dehors.

Au début, je l'avais pris par sécurité. Car il y a un garde rondouillard qui regarde les filles d'une façon que je n'aime pas. Pas du tout. Il m'a déjà fait des oeillades répugnantes. Alors ce petit bout de ferraille bien placé pourra refroidir ses ardeurs, s'il se rapproche trop de moi. Les filles, ici, ont tendance à se laisser faire. Elles se sentent vulnérables parce qu'elles sont prisonnières. Mais être prisonnier ne signifie pas que l'on peut nous utiliser, que nous sommes à disposition de son bon vouloir.

Arcalon, une légende est née [Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant