Chapitre 8

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Will me hèle en passant un main devant mes yeux : « Eliane, tu es encore perdue dans tes pensées ! »

Oups, c'est vrai. Je me plonge dans son regard marron orangé. Je ne comprends pas ce qu'il me veut. D'autres seraient déjà parti devant mon manque de réaction. Mais il reste là à rigoler de mon air ébahi. Je lui souris, contente en quelque sorte qu'il soit là pour me faire penser à autre chose. L'intérêt étrange qu'il me porte m'éloigne d'une blessure profondèment enfouie.

Lorsqu'une douleur s'empare de mon coeur. Je pose mon poing serré sur ma poitrine gauche. Se déroule dans ma tête une scène contre ma volonté.

***Il la tient sur ses genoux, effleure du bout de ses doigts la peau métissée de ses avant-bras. Elle renverse sa tête sur ses épaules pour mieux contempler ses yeux verts marrons et sa tignasse ébouriffée. Ils se sourient et se murmurent des mots que j'avais toujours rêvé d'entendre de sa bouche... pour moi. ***

Je chasse la vision de ma tête. Assez, assez ! Je ne veux pas en savoir plus. Des larmes ruissellent sur mes joues.

- « Qu'est-ce-qu'il se passe ? Tu as mal ? Répond moi s'il te plaît ! » implore Will en me secouant les épaules.

Le pauvre ne sait plus où se mettre devant mes effusions humides. Bravo Eliane, il faut toujours que tu gâches tout. Je me lève du banc, mal à l'aise. Je tente de m'éloigner de lui mais il me retient. Ses deux bras m'entourent et il chuchote à mon oreille :

- « Désolé si j'ai fait quelque chose de mal. Je n'aime pas te voir chagrine. »

Je lui assure qu'il n'a rien fait et profite quelques instants de son étreinte. Il est si mignon que je pourrai rester collée à lui pendant des heures. Mais je me ressaisi et prétexte que des chouquettes m'attendent à la maison pour m'éclipser avant qu'il ne lui vienne à l'idée de poser plus de questions.

J'entre chez moi en soupirant de bienêtre. Ici, personne ne peut voir mes sauts d'humeur, personne ne peut me juger. Emily m'accueille comme promis avec un plateaux de nos friandises préférées. Nous nous empressons de les recouvrir de chocolat, en bonne gourmandes qui se respectent. Elle demande de mes nouvelles, je feins de dire qu'il n'y a rien de nouveau depuis que l'on s'est quittées. Mais ma jumelle hausse un sourcil, peu convaincue.

- « Je ne suis pas débile, alors épargne moi les mensonges inutiles s'il-te-plaît » cingle-t-elle tout en croquant dans sa chouquette.

Je lui explique brièvement que mes visions me pourrissent la vie. Elle soupire et prend ma main.

- « Nos dons nous apportent tous une certaine dose d'aspects négatifs. Pour ma part j'ai assez donné dans cette satanée tour de Vesta. Mais ton don plus que les autres, Eliane, peut se révéler extrêmement utile. Le bloquer ne te feras que sentir plus mal. C'est une partie de toi, tu dois l'accepter. » explique-t-elle d'une voix posée.

J'aimerai avoir son assurance et arrêter d'être la fille timide que je suis.

- « Mais avoue que c'est dérangeant d'observer par la pensée un couple que tu jalouses qui s'embrasse. De visionner l'amour de celui que tu aimes, pour quelqu'un d'autre que toi. Je peux me défaire facilement d'une vision. Mais le sentiment amoureux et le plus fort d'entre tous et c'est celui qui perce mes barrières. » rétorquais-je en fermant mes paupières pour empêcher mes émotions de revenir à la charge.

Ma jumelle reste silencieuse quelque instants, le temps de me regarder avec compassion.

- « Tu l'aimes, je le savais. » murmure-t-elle gênée.

Arcalon, une légende est née [Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant