6- Que faites vous ?

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PDV Levi

Mes jambes dans le vide, je suis assis comme ça en équilibre sur le rebord depuis au moins deux heures, je n'ai pas du tout vu le temps passer, je regarde en bas et observe le balais des ambulances , des infirmers et des médecins de jour qui commencent à arriver, et là je vois la petite Twingo rouge d'Hanji. Je me précipite et saute de l'autre coté du muret pour me cacher, mais c'est trop tard, elle m'a vu et elle semble furieuse. Mes yeux dépassent à peine du muret, mais elle a une vision d'aigle ou quoi ! Elle me fixe avec des yeux effrayants et pince légèrement sa bouche en me regardant comme pour me dire tu ne paies rien pour attendre, j'arrive !

Je me précipite alors pour regagner ma chambre afin de ne pas encore plus m'attirer ses foudres. Je récupère à la volée ma chaussure restée dans l'encadrement de la porte mais ne prend même pas le temps de l'enfiler que je dévale les escaliers à une vitesse que je ne me pensais pas capable d'atteindre. Mes poumons sont calcinés, mais je n'y fais pas attention et mes jambes continuent leur course folle sans écouter les litres de mucus qui se baladent dans ma trachée.

Je déboule dans le couloir blanc qui me brule les yeux et continue de courir jusqu'a ma chambre, mais au moment de prendre le virage. Je vois en face de moi Hanji, cramé ! Elle aussi à bout de souffle, enfin pas autant que moi je pense. Elle a couru pour m'attraper la main dans le sac et ça n'a pas loupé.

En voyant que ça ne sert plus à rien je ralentis et passe devant elle la tête basse alors qu'elle me tient la porte de ma chambre en me fixant sévèrement.

Je m'assoie avec difficulté sur le rebord de mon lit, attrape le petit gobelet prévu à cet effet et recrache difficilement le surplus de mucus en pennant à reprendre mon souffle.

Hanji est assise à coté de moi sur le lit et me tape le dos pour m'aider. Pour le moment elle ne dit rien et attend que je reprenne mon souffle, mais je sais bien que dès que je l'aurais repris, elle me sermonnera bien comme il faut !

-« Pffiou, ça fait du bien un peu d'exercice ! »

Elle me foudroie du regard et franchement elle fait peur.

- C'est pas drôle, le toit, sérieusement ?! T'imagines si la porte s'était refermée, tu te serais retrouvé coincé là haut et personne n'aurait jamais su où tu es !

- J'aurais fait des jolis coucou jusqu'à ce que quelqu'un me voit depuis en bas ! Un peu comme toi

- Pfff, arrête de dire n'importe quoi, Levi. Pourquoi tu fais ça ?

- Pour voir les étoiles, la vue est belle là haut

- Non, pas ça, pas QUE ça! tout ! Pourquoi tu t'obstines à faire tout le contraire de tout ce que je te dis tout le temps ?

- Parce que toi tu te voile la face ! Erwin et les médecins, vous vous voilez tous la face. Que j'aille sur ce maudit toit, à la plage, au parc ou n'importe où ailleurs, ça ne changera rien, même si je tombais du toit le résultat serait le même. Avec un peut plus de nettoyage à faire après serte.

Je sais bien qu'elle déteste quand je fais de l'humour noir comme ça, mais elle sait parfaitement que j'ai raison, une part d'elle le sait, même si l'autre essaye de se convaincre que non. Peut être pour se protéger. Je ne sais pas si c'est vraiment une bonne chose, car le jour où ça arrivera pour de vrai c'est elle qui risque de tomber de haut, sans mauvais jeu de mot.

Je fini par me taire et me recouche. Hanji me lance un dernier regard noir taquin en menant ses deux doigts à ses yeux avant de les pointer vers moi pour me montrer qu'elle m'a à l'oeil. Je lui lance un dernier bisous pour rigoler avant qu'elle ne claque la porte et ne commence sa ronde.

Je reste là dans la pénombre, avec comme seules sources de lumière la lueur jaunâtre du réverbère de la coure de l'hôpital à ma fenêtre et la clarté entêtante du néon blanc du couloir qui passe sous ma porte.

Je déteste ce moment, quand j'essaye de m'endormir mais que je n'y arrive pas. J'attend le sommeil mais il ne vient jamais assez tôt, exactement comme la mort qui se fait desirer.....

Dans ces moments là je réfléchi, je pense à tellement de trucs différants en même temps que mes pensées se mélangent et je ne sais même plus où j'en suis. J'aime me demander ce que font les gens que j'aime, mais très vite ça me démoralise encore plus. Ma mère doit être seule dans notre petit appartement. Elle a du rentrer tard hier, elle est serveuse dans un bar restaurant de notre quartier. Elle fait des horaires de dingue et enchaine les nuits blanches pour faire les trajets jusqu'à l'hôpital qui est à plus de 3 heures de route. Ça fait un moment que je ne l'ai pas vu, c'est une bonne chose; ce n'était plus jouable de faire les allers retours comme ça en pleine nuit et d'enchainer les services au bar. C'est moi qui lui ai dit de ne plus venir qu'une fois par mois. Mais je sais bien pourquoi elle a autant de mal à s'y tenir; à chaque fois qu'elle vient elle force un sourire pour faire comme si de rien était, à la regarder on croirait que je suis là pour un bras cassé. Mais à chaque fois elle voit à quel point je diminue et à chaque fois qu'elle me dit au revoir elle se dit que c'est peut être la dernière fois, et je me dis aussi la même chose. Mais tout ça, on le ressent tous les deux en secret mais nous sommes incapables de mettre des mots dessus, par ce que c'est trop douloureux pour nous, mais aussi pour l'autre. Personnellement je suis prêt à partir, je me suis fait à l'idée il y déjà bien longtemps, mais je sais que maman n'est pas prête, et c'est tellement douloureux pour elle à chaque fois qu'elle me voit, après elle déprime pendant des semaines, je ne veux plus la faire souffrir. C'est pour ça que je refuse de la voir trop. Apres il y a Kenny, c'est mon oncle, il est un peu fou et peut paraitre sans coeur à quelqu'un qui ne le connaîtrait pas à cause de sa façon hum... crue de parler, mais au moins lui il dit ce qu'il pense et ne se cache pas derrière des faux sourires et des manières ridicules. Ça choque tout le monde à chaque fois qu'il fait une remarque, mais moi ça me fait bien marrer. Je me rappelle de cette fois, l'année dernière, maman, Kenny et sa fille, ma cousine Mikasa étaient venu me rendre visite à l'hôpital, ils sont arrivés juste après une séance d'afflowest, j'avais une de ces geule de déterré, j'avais même encore du mucus sur le creux des lèvres et des cernes de 12km. Quand elles ont passé la porte, j'ai bien vu les regards de pitier de ma mère et ma cousine, mais mon oncle lui il a éclaté de rire en me tapant sur l'épaule et me disant qu'avec toutes les belles infirmières de cet hôpital, il y en avait pas une pour m'essuyer ma bave de bulldog.

Ça ma fait tellement rire, ma mère et mikasa étaient rouges comme des tomates, mais avec Kenny on étaient pliés de rire. Je me demande bien ce qu'il font maintenant, avec Mika ? Rapide coup d'oeil à ma montre, il est 6h Kenny doit être encore en train de pioncer et Mika va pas tarder à se lever pour aller au lycée. Tout comme moi, enfin ma mère, elle habite loin de la ville et a plus d'une heure de bus pour aller au lycée; fin je dis ça mais ça fait un bon bout de temps que je ne suis pas allé au lycée. Je me rappelle en 3e, j'avais fait une grosse crise la semaine du brevet et avais été transféré à l'hôpital en urgence, j'y avais passé plus d'un moi mais j'avais quand même insisté pour passer mon brevet en rattrapage en août et je l'avais eu, mention bien. Vu que j'avais passé la moitié de l'année dans cette putin de chambre c'était vraiment pas mal. Cependant, je pense pas pouvoir réitérer cet exploit avec le bac cette année. J'ai loupé bien les 3/4 des cours ces 3 dernières années et il faut dire que plus les mois passent et plus mon état se détériore. Je donnerai tout pour que mes poumons retrouvent l'état qu'ils avaient au collège, mais bon, on fait avec.

Bat toi ! pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant