5- observer les étoiles bercé par la symphonie des sirènes et des hélicoptères

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Pdv Eren

Encore une journée interminable, Je suis allé voir Armin à l'hôpital et j'ai regardé dans tout le hall, mais je n'ai pas vu le garçon de d'habitude, enfin je dis d'habitude, mais je ne l'ai vu que 2 fois haha.

Nous sommes tous les trois à table et nous savourons un bon poulet roti préparé par moi même, bon je suis pas un grand chef, je suis allé à la rotisserie et je l'ai mit dans un plat, voilà.

Bref, nous discutons comme d'habitude de tout et de rien, maman nous raconte sa journée de travail, comment elle a sauver les vies d'un couple et d'un motard dans un accident de la route. Papa qui est d'habitude si captivé par les récits de maman est un peu dans la lune. Il picore dans son assiette sans trop d'entrain, comme si quelque chose le tracassait. Je sais bien que son travail n'est pas facile tous les jours et qu'il doit en voir de toutes les couleurs à l'hôpital, mais d'habitude il arrive à laisser ses tracas du travail au travail, aujourd'hui visiblement non. Alors je me risque à lui demander; Je pose une main douce sur la sienne pour capter son attention et lui demande tendrement:

« Papa, tout va bien ? »

-« Heu, oui, ne t'en fais pas Eren, comment s'est passé ta journée de cours ? » 

Il force un grand sourire beaucoup trop grand pour être naturel. Mon père est un homme qui s'est construit tout seul, il en a bavé pour arriver là où il est, et aujourd'hui il est un des plus grands pneumologues de Paris, voir de France et, même si il n'a absolument pas volé sa place, il ressent encore de temps en temps le besoin de paraitre un super héros que rien n'atteint, comme si son poste lui interdisait d'aller mal lui aussi. Mais comme je lui répond souvent, même les médecins tombent malades des fois. Sa carapace ne tient plus, ni avec moi ni avec maman, alors on le pousse gentiment à se confier à nous quand on sent qu'il en a besoin.

- « C'était une journée plutôt banale, lycée quoi !, mais toi, qu'est-ce qu'il y a, tu sais que tu peux tout nous dire. » '

Il me fait un autre sourire, plus discret celui là, mais je l'aime bien plus car je sais qu'il est honnête.

- "Merci Eren, ça fait des années maintenant qu'on a ce jeune qui revient régulièrement pour le suivit de sa mucoviscidose, mais là, elle a sacrément progressé. Il y a de très grandes chances qu'il ne sorte pas de l'hôpital cette fois."

L'atmosphère se glace d'un coup mais on ressent bien que parler fait du bien à mon père alors on l'écoute attentivement.

- "Il a ton age Eren, et je sais bien que dans mon métier c'est pas bien de trop s'attacher aux patients, mais à chaque fois que je le vois, je ne peux pas m'empêcher de te voir toi et .... C'est dur."

Au bord des larmes il s'arrête et mange un morceau de poulet pour éviter nos regards compatissants.

Le repas se termine dans un silence de mort, puis nous allons nous coucher. Toute la nuit je ne peux que repenser à ce jeune patient dont m'a parlé mon père et j'essaye comme je peux de me mettre dans sa peau. Comment je réagirais moi si je n'avais que quelques mois à vivre. Je ne peux même pas le concevoir. Je me sens tellement con, et dire que je panique car je ne sais pas ce que je vais faire plus tard alors qu'il y a dans cet hôpital ce garçon qui sait qu'il n'aura pas de plus tard. C'est tellement injuste !

PDV Levi

Encore une nuit blanche, de nuit les équipes sont réduites au minimum et Hanji et Erwin ne sont pas de garde ce soir alors je me risque à m'éclipser de ma chambre pour rejoindre mon petit coin de tranquillité. Je traverse les couloirs affreusement blancs, éclairés par des néons presque fluos, comme si l'architecte avait prévu cette couleur pour compenser la pénombre de la mort qui règne en permanence ici, ou alors pour que nos yeux se préparent à la couleur du paradis, hahah quelle ironie !

Dans un tas de films stupides la mort est représentée comme un long couloir blanc, peut être que c'est juste le couloir de cet hôpital et que tout le monde passe par là pour mourir. Ahhah tant mieux je suis déjà sur place, mon ange gardien est un pressé; en même temps ça fait 17 ans qu'il prepare le coup ! Non , pardon 17ans et 2 mois, c'est très important, j'y tiens déjà que mes chances d'avoir 18 ans un jour sont minces, vous comprenez certainement que je ne crache pas sur 2 mois comme ça.

Bref, je quitte enfin les lumières artificielles du couloir central pour le petit escalier de secours sombre qui déboule sur le toit.

La porte s'ouvre avec une barre que de l'intérieur, si elle se referme derrière moi je serai coincé dehors, alors je glisse ma chaussure dans l'encadrement et avance doucement sur le toit.

J'adore cet endroit, d'ici on voit tout l'hôpital et une bonne partie de la ville, l'air y est frais et il n'y a personne. Une bonne récompense vu l'effort qu'il m'a fallut pour gravir les 6 étages de marches. Je tousse à m'en arracher la gorge et mes poumons sont en feu, mais le jeu en vaut la chandelle. Je reste là à observer les étoiles bercé par la symphonie des sirènes et des hélicoptères. Alors que la plus part des enfants sont bercés à « une sourie verte » ou « ainsi font fonfon », pour moi c'est cette symphonie qui au fil des années est devenue ma comptine. 

Bat toi ! pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant