36- "Au bord du précipice"

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Autour de moi encore ces machines insupportables que je connais trop bien, mais cette fois elles sont là pour une raison précise.

Je suis au bloc opératoire, le ballet des médecins et des infirmiers commence à s'activer, le cliquètement du matériel chirurgical en parfait symbiose avec le moniteur à coté de moi qui indique les faibles et irréguliers bâtemments de mon coeur s'harmonisent pour créer un parfait brouhaha aussi bien oppressant que rassurant tant il m'est familier.

Je suis au bord du précipice, de l'autre coté, un trésor, la vie, la vraie, pas dans une cage de néons blancs aux odeurs de désinfectant, non la vraie vie, celle des grands espaces verts, de la mer, du lycée et des découvertes ! Je baisse la tête, et là et à mes pieds, le grand vide, la fin ! Aujourd'hui c'est tout ou rien, la vie ou la mort.

Tous les acteurs semblent en place, l'anesthésiste approche le masque de mon visage, je prend une dernière grande inspiration, et avant que le rideau ne se ferme, le docteur Jeager juste derrière me lance un dernier sourire modeste, plein de sincérité et de determination, et je lui rend ! nous allions nous battre dans ce bloc, tous les deux contre la mort, jusqu'au bout !

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PDV Eren

Dans le salon des familles, Kuchel la mère de Levi fait les cent pas, elle tourne en rond comme une furie, chaque pas laissant claquer ses petits talons sur le carrelage blanc gelé.

Autour d'elle, la petite équipe ne fait plus attention à sa drôle de danse, Kenny est avachi sur l'un des fauteuil et dort depuis déjà bien une heure, à croire qu'il s'est endormi à la seconde où Levi est entré dans le bloc, ou même avant. Un peu plus loin dans la pièce, Mikasa est debout devant la petite fenêtre ouverte. Elle observe la cour de l'hôpital et le balais des voitures et des gens qui arrivent et repartent, le même que son cousin avait l'habitude d'observer depuis le toit.

Mikasa n'est pas très extravertie, elle ne se laissera jamais à pleurer en public, même devant sa propre famille, c'est d'ailleurs une des nombreuses choses qu'elle partage avec Levi.

Je ne se pense pas qu'elle pleure, mais elle est invraisemblablement émue et semble avoir besoin de s'isoler.

De mon coté, j'ai été rejoint par ma mère ce matin, elle a insisté pour venir quand elle a apprit que Levi se faisait opéré aujourd'hui et la gravité de la situation. Elle dit qu'elle est là pour me soutenir et montrer son respect à la famille de Levi, mais la vérité je la connais bien, elle veut être là pour me surveiller car elle a peur de la façon dont je pourrait bien réagir si Levi ne s'en sortait pas, et j'avoue que je ne peux pas lui en vouloir, moi même je ne sais pas de quoi je suis capable dans cette éventualité et je comprend parfaitement que ma mère veuille être là pour me raisonner au cas où je perdrais toute lucidité.

Armin nous rejoindra dans l'après midi, il est actuellement au lycée et essaye de louper le moins de cours possibles pour pouvoir me les transmettre et m'aider avec mon retard, même si je lui ai expliqué 100 fois que je me fiche complètement de ne pas avoir le niveau et de devoir redoubler, je ne suis pas à une année près, j'ai cette chance immense dont je me suis rendue compte en rencontrant Levi. Moi je peux me remettre de projeter ma vie sur des décennies, si je dois passer une année de plus en seconde, et bien qu'il en soit ainsi, mais je ne veux pas perdre une minute que je pourrais passer avec Levi, contrairement à mes années, celles-ci sont beaucoup plus rares et précieuses. 

Bat toi ! pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant