38 - « Qui es tu ? »

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Le bruit sourd de l'eau semble m'envelopper et m'enivre, le soleil caresse ma peau douce est saine. Je me sens tellement bien, je n'ai pas mal, c'est la première fois que ça m'arrive ! J'ai alors une idée folle, je voudrai courir aussi vite que mes jambes pourront me porter et plonger, me laisser porter par l'eau salée et sentir mon corps léger flotter sans aucun effort.

Alors je m'élance, je cours comme jamais je n'ai couru, mais je ne sens pas le mucus s'accumuler dans ma trachée, ni mes poumons carbonisés m'hurler de m'arrêter. Non je ne sent rien de tout ça, je me sens juste libre, libéré de toutes ces années de souffrance en cohabitation dans mon propre corps avec la maladie.

Je reste là à flotter à la surface de la mer calme, elle me berce et les oreilles dans l'eau j'entend ce bourdonnement apaisant rythmé par les vas et vient des vagues.

À deux doigts de m'endormir, j'ouvre alors les yeux en rigolant doucement buvant la tasse dans ce mouvement. Je me redresse alors observe encore une fois le magnifique paysage autour de moi.

Quelque chose a changé depuis toute à l'heure, une hombre, une silhouette se distingue au loin sur la plage.

Je plisse les yeux en cherchant à l'identifier mais je suis bien trop loin. Je finis alors par me rapprocher de la plage, mais la silhouette ne bouge pas. En me rapprochant je comprend qu'elle me tourne le dos. Plus j'avance, plus son image se distingue, ce n'est pas une simple silhouette, mais une véritable personne. Qui peut bien être là dans ce monde parallèle si étrange où tout semble me crier que ce ne peut pas être la réalité ?

Cette personne porte un pull à capuche noir positionnée sur sa tête, me la cachant, elle semble me tourner le dos. J'avance doucement, me rapprochant de plus en plus jusqu'à me retrouver derrière elle, à une longueur de bras seulement. Et je reste là, comme ça plusieurs minutes hésitant ne sachant quoi faire. Puis dans un élan de folie animé par la curiosité je pose une main hésitante sur son épaule l'invitant à se retourner, ce qu'il finit par faire doucement, comme pour entretenir une sorte de suspens grisant et stressant.

Des yeux perçant s'encrent alors dans les miens, je les connais, ces yeux, ce visage, c'est le mien ! Enfin pas tout à fait. Ses yeux ont cette même couleur métallique que les miens, mais on y distingue aucune douleur, aucune fatigue ni résilience, sa peau est claire et fine, mais pas maladive, son nez n'est pas marqué par des années d'irritation du tube à oxigenne.

« Qui es tu ? » Je demande perdu dans un murmure.

Il me regarde alors tendrement, comme un protecteur, comme un grand frère. Un fin sourire se dessine sur son visage apaisé, la lueur orangée du soleil se reflétant sur sa peau douce, le tendre vent marin fait tomber sa capuche pour caresser ses cheveux de gaie soyeux.

Sa voix roque mais saine parvient à mes oreilles : « je suis toi après cette opération »

Il me lance un dernier sourire et disparait soudainement et avec lui tout ce décor merveilleux. 

Bat toi ! pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant