𝙲.𝟸𝟸

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Point de vue de Mathieu

Septembre 2014
Deux mois plus tard

J'avais plus de voix, j'avais mal à la gorge et j'étais en prime essoufflé. Je venais de passer l'une des meilleures soirées de ma vie, faire le bataclan a dix-sept ans...jamais j'aurais pu l'imaginer un jour.

Il y avait une partie de moi qui n'était pas satisfaite, il m'en fallait plus. J'avais encore envie de monter sur scène, encore envie de rencontrer les personnes qui étaient venu pour nous mais je revenais bien vite à la réalité lorsque Alpha me répétait sans cesse la même phrase.

Tout vient à point à qui sait attendre, laisse les choses venir à toi et ne les brusques pas.

Alors je buvais ses mots histoire de ne pas fauter et de me laisser emporter par les vices du rap dès le début. C'était déjà énorme tout ce que j'avais accompli, un planète rap à quatorze ans, ma première EP qui allait sortir d'ici deux mois, une salle de concert parisienne pleine rien que pour le Panama Bende...c'était énorme.

Je m'affalais sur le canapé qui était dans notre loge avant de souffler un bon coup, je prenais une coupe de champagne que Ormaz me tendait alors qu'il avait secoué la bouteille juste avant, sur toute l'équipe qui était présente.

J'allumais mon téléphone que j'avais éteint en début d'après-midi, histoire d'être à fond dans nos répétions.

Un message de mon beau-père s'affichait d'abord sur mon écran et ma joie de vivre redescendait bien vite.

De Philippe à Mathieu :
J'ai emmené ta mère à l'hôpital en fin d'après-midi, elle ne se sentait pas bien et avait très mal à la tête. Ça serait bien que tu ailles la voir, elle s'inquiète pour toi, ça fait trois semaines qu'elle n'a pas de nouvelle de toi.

Tout retombait sur mes épaules, ma mère était guérie de sa tumeur au cerveau depuis mi-juillet. Je me sentais un peu plus libéré depuis ce temps là, les médecins avaient dit qu'il ne fallait pas crier victoire trop vite...la preuve était juste sous mes yeux.

C'était toujours compliqué dans ma famille, mes parents divorcés me menaient la vie dure. Peut-être qu'ils me faisaient payer mon manque de respect envers eux étant petit, je m'en voulais. J'avais mal, mal d'être l'enfant briseur de cette union.

- Eh mec ! Je détachais mes yeux de mon écran. On bouge en boîte, dépêche ! Me disait Idriss

- Y'a pleins de meufs trop bonne d'vant l'bataclan ! Surenchérissait Ken.

- J'peux pas, j'dois rentrer ma grand-mère m'attend ! Je mentais.

Les garçons soufflaient.

- Gros tu peux bien dire que t'es avec Rose ou alors que tu dois passer au garage ! Disait Marcel.

- À minuit et demie, bien sûr ! Je disais en levant les yeux au ciel avant de me lever du canapé.

Ma Rose,
Elle me manquait et pourtant je l'avais vue ce matin, j'avais de plus en plus besoin d'elle. Tout comme elle avait besoin de moi, ça n'avait jamais été très facile avec elle et pourtant je me devais de la protéger.

Ces deux derniers mois avaient été compliqués d'ailleurs, j'avais eu du mal à trouvé ma place à ses côtés. Je prenais double pincettes et je n'osais plus trop parler de peur de la contrarier, ou même de la faire plonger dans un grand mal-être comme j'avais pu le faire.

Mais le principal était qu'on avait renoué comme avant, elle était même venue plusieurs fois à quelques soirées qu'on avait organisé avec les garçons et ça me faisait plaisir.

𝙻𝙰 𝙵𝙻𝙴𝚄𝚁 𝙳𝚄 𝙼𝙰̂𝙻𝙴 ✧ 𝙿𝙻𝙺Où les histoires vivent. Découvrez maintenant