twenty seven

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L'aéroport de Moscou est... gigantesque. Je suis une aiguille dans une botte de foin. Je viens d'atterrir, et je me sens... bizarre. Je n'ai jamais pris l'avion, et la Russie n'est pas du tout le pays que j'aurai voulu visiter en premier, mais soit ! Il est 14 h ici, soit 13 en France, et nous sommes le 29 juin 2018.

Bien. Je suis sortie du bâtiment, maintenant, il faut que je retrouve la voiture de Samuel... Tiens, je vais l'appeler sur Instagram. Mon opérateur m'a dit que le réseau était fonctionnel depuis hier, il a intérêt à ce que ce soit vrai. Bientôt, la jolie tête de Samuel apparaît et, rassurée, je soupire.

— On te voit, me dit directement le joueur. Je vais faire des appels de phare, attends.

— Ouh ouh !! crie Lucas en sortant de la voiture pour me faire des grands signes.

Effectivement, je vois plus le bras de Lucas que les appels de phare. Heureusement qu'il est là. Je m'avance moi et ma valise sur la route, pour les rejoindre, quelques secondes avant que Lucas ne me prenne dans ses bras une seconde, puis mes affaires pour les mettre dans le coffre.

— Demain c'est les huitièmes ! hurle Lucas en chantant tout en fermant le coffre.

— Salut Samuel, merci beaucoup d'avoir fait la route, je dis en souriant en entrant derrière.

Benjamin n'est pas là, et je suis quelque peu déçue, mais il avait sûrement bien d'autres choses de prévues.

Y'a pas de quoi, prononce Samuel en regardant Lucas s'installer.

— Tu vas voir, notre camp de base est incroyable ! Y'a même une salle de cinéma privée ! s'excite Lucas.

Je vois sur le GPS du conducteur qu'il y a environ une heure de route pour rejoindre la petite ville où se situe leur camp. Je me sens soudain très gênée de leur avoir fait toute cette route, uniquement pour moi. Mais, Lucas me fait vite oublier ces pensées en me demandant mon téléphone.

— Euh, oui, tiens, je lui dit en tendant mon smartphone. D'ailleurs, il fait frais ici, vous n'avez pas froid ?

— Non, ça va. On se réchauffe vite, réponds Samuel. Ça a été ta surveillance de brevet ?

J'hausse les épaules. Malgré la bonne humeur des garçons, je me sens... blasée. Le soleil brille doucement, en plus, je ne sais pas pourquoi une vague négative m'est passée dessus. Je ne veux surtout pas déconcentrer les hommes qui doivent être au max pour demain, leur huitième de finale contre l'Argentine. Même si une oreille attentive m'aurait été... agréable.

— Oui. Je pensais surtout à vous rejoindre, en fait.

Aussitôt, les deux poussent un "mooooh" moqueur.

Et tu dois corriger après ou t'as fini ? continue Samuel, très intéressé.

Je lui souris dans le rétro, tandis qu'il s'engage sur une route.

— Non ! Je n'ai rien à corriger. Je crois qu'il faut plusieurs années de métier pour pouvoir le faire, mais je ne suis pas pressée du tout.

Là, sur les enceintes de la voiture de Samuel, sort un son que je connais. Lucas jubile que son plan ait marché.

— J'ai connecté ton Spotify en Bluetooth parce que moi je n'ai plus de batterie, explique le numéro 21. Elle est cool cette chanson !

Lucas fait semblant de la connaître et la chante en yaourt. Je crois qu'il a fait ça pour toutes les suivantes, aussi. Lucas ne changera jamais, je pense. D'ailleurs, je ne sais pas si j'étais sensée être au courant, car personne ne m'a rien dit, mais Lucas parlait avec Camille, sur Snapchat. Suspicieuse, je me dis que je me renseignerai plus tard, et que de toute façon, Camille finira par m'en parler à un moment.

On Est Deux [Benjamin Pavard]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant