twenty five

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Le chemin du retour est bien silencieux. Au volant de ma voiture, je conduis Lucas et Benjamin au camp, tandis que la seconde voiture avec Raphaël au volant me suit. La route de nuit est agréable, mais l'ambiance est un peu bizarre. Les deux hommes sont encore tristes, et heureusement. Ce serait si étrange qu'ils soient passé à autre chose si vite... Enfin, je gare ma vieille voiture sur le parking, et nous sortons.

— Tu connais la route par cœur, maintenant, lâche Raphaël gentiment.

Nous nous approchons tous ensemble du bâtiment, et la lumière automatique s'allume pour nous éclairer. C'est à ce moment que je vois Jeanne très près de Raphaël, ce qui n'a pas l'air de déplaire à ce dernier. Elle a l'air d'avoir un coup dans le nez.

Je connais la route par cœur, du camp, et toi des bars ? Vous avez bu ?

Vite fait, dis Florian. C'est juste Jeanne qui tient pas la vodka.

Alors... c'est pas vrai, désarticule Jeanne. Je suis... bien.

Ah oui en effet elle est déchirée. Raphaël la prend sous les bras, et la fait marcher avec son soutien jusqu'à la salle commune, avec les canapés. Comme des cons, nous suivons sans même savoir pourquoi. On doit être un peu soûls de fatigue, nous aussi. Le bronzé nous dit qu'il va s'occuper de la ramener chez elle, et qu'on n'avait pas à s'en faire. Jeanne, qui ne s'en sortait pas a sortir ses cheveux coincés dans ses lunettes, a absolument voulu mettre à fond la musique pour faire une énorme teuf ici-même. J'ai souri, et j'ai senti quelques doigts se glisser tendrement dans les miens, m'entraînant plus loin, jusqu'aux escaliers. Benjamin.

Ça ne va pas, je demande bêtement en sachant la réponse.

Ce n'est pas la question.

Oh. Le bouclé m'emmène vers la porte arrière du bâtiment, pour aller dans la partie reculée du domaine. Une fois dehors, Benjamin regarde à droite et à gauche. Je ne sais pas du tout pourquoi faire, puisqu'ici, il n'y a pas de lumière automatique, et donc il fait nuit noire. Il m'entraîne donc dans les escaliers, mais, je crois qu'il loupe une marche. En fendant l'air, il tombe contre l'herbe. Heureusement il m'a lâchée, et j'ai essayé de le retrouver pendant sa chute mais je ne l'ai pas trouvé. Dans un rire commun, je tâte l'atmosphère avec des mains timides pour le retrouver. D'un coup, une voix hurle "MILLE DEGRÉS DANS LA SOIRÉE" dans le hall. Jeanne. Même avec la porte fermée, on peut l'entendre. Benjamin se tord de rire par terre, tandis que je rigole aussi, ayant gardé l'idée de le retrouver dans un tel coma de lumière.

T'es où ? je demande en m'asphyxiant de rire.

Je sais pas, putain, répond Benjamin en mourant lui aussi, toujours par terre.

Bon. Les yeux plissés, avec quelques larmes de joie, je reprend ma recherche. Puis je tombe sur quelque chose, qui semble être sa poitrine, puisqu'elle se soulève en même temps que ses éclats de rire.

Tu n'en n'aurais pas un aussi, un coup dans le nez ? dis-je en m'agenouillant près de lui.

A part le coca, je vois pas trop ce qui pourrait me... je sais pas comment construire ma phrase, dit-il en finissant par rire encore plus. Je suis perduuuu !

Ça va aller Benjamin, dis-je les joues en feu.

Je m'allonge à côté de lui, dans le même sens, et j'essaie de me calmer, malgré que son rire est encore plus drôle que la situation. Jeanne crie encore en se prenant pour Lomepal dans le hall. Mais, une sonnerie de téléphone la coupe. Benjamin libère le téléphone de sa poche, et décroche, encore larmoyant.

On Est Deux [Benjamin Pavard]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant