Deux heures de route.
Deux heures d'ennui, en somme. Mon poste de radio est éclaté par un mec dont je ne me souviens plus du nom, lors de la dernière soirée.
J'crois que j'étais bien éclatée, moi aussi.
Je tapote le volant tenu à 10h10, imaginant dans ma tête que des chansons à la mode passent à la radio.
Mes doigts tapant le volant se terminent sur des ongles pas encore très longs vernis soigneusement en rouge foncé.
Ça klaxonne. Merde, j'admirais mes ongles, je n'ai pas remarqué que la file de voiture bouchonnée devant avait avancé.
Ça fait cinq minutes que je suis sortie de ma ville, et je suis à peine entrée sur la périphérie que je suis déjà bloquée. Heureusement que j'ai prévu d'être en avance...
Oh, on m'appelle.
Je prend le téléphone en main, et le plaque entre mon oreille et mon épaule droite.
- Je sais que je ne devrai pas t'appeler alors que tu es sur la route.
- En effet, Ugho.
- Je vais te laisser, alors...
- Pourquoi m'as-tu appelée, alors, si c'est pour me laisser ?
- Je t'attends depuis trop longtemps, il fallait que je t'appelle.
J'aperçois au loin un homme habillé en bleu foncé qui me fixe, dans sa voiture. Ses sourcils froncés et la plaque dorée sur sa veste me glace le sang.
Je met mon téléphone en haut parleur, et le pose sur le siège passager, à contre-cœur.
- Comment ont réagi tes parents ? continue la voix masculine en terminant par un toussotement.
- Ils m'ont rapidement embrassée et...
Merde, le mec plaqué or est en train de venir me voir.
- Et ...?
Je ne me concentre plus sur Ugho, mais sur le policier qui fonce dans ma direction.
J'attrape mon téléphone, raccroche à l'aveugle, et, je repose mes deux mains à 10h10 sur le volant gris à la peinture qui s'écaille.
Une ombre et un toc toc sur ma vitre me fait paniquer. Merde, je suis foutue. Je baisse manuellement la vitre, et souris poliment au gardien de la paix.
- Police nationale, m'dame.
- Oui ?
- Papiers du véhicule.
Ouf. Le vieux attends juste que j'lui sorte quelques papiers. Je fouille dans la boîte à gants, et je lui tend ce qu'il demandait.
Après m'avoir bien gentiment réprimandée sur l'usage interdit de mon téléphone au volant, il m'a lâchée. J'ai pu enfin avancer dans ma file, et mettre en sourdine les klaxons fous de derrière.
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On Est Deux [Benjamin Pavard]
Fanfiction"- Hé, Swallen ! Lucas, encore... Je me retourne, et le vois, le menton posé sur le haut de la vitre baissée. - Oui ? - Pavard qui demande quand est-ce qu'on vient te chercher ?" La seule raison pour laquelle je ne fais pas de description, c'est par...