On Est Deux [Benjamin Pavard]

six

— Giroud ou Griezmann ?

— Giroud.

— Giroud ou Pogba ?

— Giroud.

— Giroud ou Hernandez ?

— Giroud.

— Giroud ou Lloris ?

— Giroud...

Tout le trajet n'a été que choix. Si je répondais autre chose que son nom, il repartait vers le terrain, m'abandonnant à mon triste sort dans les couloirs.

— Bon, Olivier, je pense avoir été une fangirl assez fidèle.

— Tu as raison. Et, tiens, pour te remercier, tu vas avoir droit à un ancien maillot.

— Giroud ?

— Bah bien évidemment.

On arrive devant la porte de sa chambre. Mes derby sont dégueulasses, et elles font sploush sploush sur le sol. Ça me fait plutôt marrer. Quelle gamine, j'vous jure.

Il déverrouille la porte, et m'interdit de rentrer avec des chaussures pareilles. Rapidement, je l'entends fouiller. Il a l'air de galérer.

Bon, de toute façon, c'est le gros bordel dans sa chambre. J'ose poser un pas sur le parquet.

Sploush.

— Viens paaas !

— J'ai compris, mais, je peux t'aider ...?

Sploush.

— Je peux trouver tout seul.

— D'accord, d'accord...

Je reste plantée, en le regardant chercher. Puis, d'un coup, il sort un maillot blanc en criant à la victoire.

— Voilà !

Il revient tout sourire, en me tendant le maillot, même s'il est trop loin pour que je le prenne. Une fois en main, il sort de sa chambre, et attend que je fasse de même.

— Tu peux me laisser ta chambre vite fait ? Pour que je me change sans regards, tu vois...

— Ah... Ben, ouais. Mais, dépêche-toi, ils ont bientôt fini.

Il ferme presque la porte, laissant une petite faille. Il se met devant cette faille, de dos, et semble surveiller les environs.

— Pourquoi ? Après, je rentre chez moi, hé.

— Tu vas pas repartir juste après être venue, quand même ! Voleuse de maillot.

J'ôte mon t-shirt, sous la confiance de son dos.

— Pourquoi t'es venue, en fait, continue-t-il.

— Je ne sais pas vraiment... Ce matin, c'est Kylian qui m'a emmenée sur mon lieu de travail, et quand je suis sortie de la voiture, Lucas m'a demandé quand est-ce qu'ils devaient venir me chercher. Apparemment c'est Benjamin qui lui aurait demandé...

— J'aime pas les histoires de meufs comme ça, j'suis pas ta pote. Dis-moi direct que Benjamin voulait te revoir, c'tout.

— Ce n'est pas vraiment ce que...

— Saches que je suis bien plus informé que toi.

Bon.

Il a le don pour me couper la parole.