twenty three

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Dehors il fait froid. Et Benjamin à l'air de s'en rincer. Il me tire comme un dingue sur le parking, et ça s'entend de loin : le bruit de mes petits talons résonne contre les murs du bâtiments, et il est amplifié puisque j'ai la flemme. Un cachalot tiré par un mouton.




Bon, hé, tu vas me dire ce qu'il y a ? dis-je en me détachant d'un coup sec de sa poigne.




Il se retourne, levant les bras sur ses cheveux. Puis il pose ses mains sur ses hanches, cherchant une réponse, sans doute.




Je n'arrive pas, avoue le bouclé. Je n'arrive pas, putain...

Wait... Qu'est-ce que tu n'arrives pas à faire ?

L'amour, là... C'est con, c'est chiant. J'en ai ras le cul...

Mais...

Nan ! crie-t-il en écrasant son index sur ma bouche comme s'il voulait éclater mes dents. Tais-toi avec tes astuces de merde vues sur Instagram.




Bon, ben je me tais. Il sort de sa veste un paquet de cigarettes et cherche un briquet à tâtons dans ses deux poches. Après quelques secondes, je lui sort le miens.




Merci, crache-t-il en me le prenant du bout des doigts.




Il me fixe en allumant sa clope, puis tire une taffe et détourne le regard. Je me sens vraiment conne, là. Pourquoi il m'a emmenée dehors si c'est pour m'engueuler et être désagréable ? Autant rester avec les vingt kilos de Lucas sur l'épaule. Je me retiens de partir. Benjamin à vraiment besoin d'aide.

D'ailleurs, il commence à marcher plus loin. Vers une poubelle. Bon, pourquoi pas ? Je le suis, doucement, comme une brise de printemps. Il semble se calmer. La pression autour de nous se détend, et c'est agréable.

J'avais tort. D'un coup, il attaque la grosse poubelle d'un coup de pied.




Hé ! Benji ! hurlé-je en le voyant tituber, après avoir essayé en vain de s'accrocher à la poubelle.




Je m'agrippe à lui, plus précisément à son col de chemise, et je le stoppe. Mais, bon, puisque tout se passe toujours hors de mon contrôle, je le vois grogner, rouler ses yeux en arrière, et à peine eut-il le temps de remettre ses yeux en place qu'il baisse la tête, inopinément, il cogne son nez contre mon front, éclate de rire nerveusement, frôle mon nez et finit par pincer mes lèvres avec les siennes.

Je clos mes yeux, pas vraiment certaine de ce qui va se passer ensuite, mais bon. Il finit par se détacher, en gémissant.




Putain ma jambe, chuchote Benjamin, en posant son front sur mon épaule, pour se maintenir et poser sa main sur sa cuisse.




Pleine d'incompréhension, mais tout de même gentille, je l'entoure d'un de mes bras, et je pose mon autre main dans ses cheveux.




Quelques pas et y'a un bord de trottoir, dis-je en commençant à marcher sans le lâcher.




Il soupire, puis boitille légèrement jusqu'au trottoir, où je l'aide à s'asseoir.




Ça va mieux ?

Ouais... J'suis désolé.

De quoi ?

J'suis vraiment un connard.

On a qu'à dire que rien ne s'est passé...

C'est bien ça le problème, ça s'est passé.



Un silence. Je ne sais pas quoi dire. Et je n'ai pas envie de l'enfoncer encore plus. Il soupire, et un petit nuage de vapeur est aussi sorti de sa bouche. Encore un silence. J'ai envie de lui dire un truc pour lui redonner le sourire, mais bon, je sais pas s'il va bien ou mal le prendre.

Bon, tant pis. Qui ne tente rien n'a rien.




Hé, au moins tu embrasses mieux qu'Ugho.




Il soupire en souriant, mais ce n'est pas vraiment un sourire. Puis il tourne la tête, grimaçant un peu, en regardant mon cou.




C'est vrai ...? demande-t-il tout timidement.

J'te jure.




Il se met à rire, toujours en regardant vers le bas de mon visage.




On aurait dit la voix que fait le Bled'Art dans sa chanson, dit-il en riant.

L'araignée ?

Exact... Tu sais que t'as de bonnes ref ? OrelSan, Independance Day, la chanson de l'araignée...

Tu ne vas pas me dire que la chanson de l'araignée c'est une excellente ref à avoir absolument Benjamin ! dis-je en éclatant de rire, surprise.

Non, mais presque...




Il remonte ses yeux dans les miens, et le silence revient au moment où nos rires s'estompent.




Ça va ta jambe ?

Je crois que je saigne, mais genre pas beaucoup...

Tu te... Mais Benji ! C'est grave !

M'appelle pas Benji, boude-t-il.

Tu restes ici je vais chercher Samuel, pour t'emmener à la maison.

Mais, non, Swallen !




J'allais me lever, mais il me rassoit immédiatement en me tirant vers le bas. Dans l'élan, je me casse un peu la gueule sur le côté, et il en profite pour me coincer dans ses bras.




Benjamin, tu vas mourir, dis-je en riant, sentant ses doigts essayer de me chatouiller en vain.

Tu exagères un peu, là...

Tu as une coupe du Monde à gagner, en tout cas. Alors tu vas rentrer. Illico.

On Est Deux [Benjamin Pavard]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant