three

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Klaxons que je ne connais que trop bien.

Je me lève, machinalement, et traverse tout l'appartement, encore un peu endormie. Il est huit heure, putain, ça devrai être interdit de réveiller les gens comme ça. Surtout que mon réveil allait sonner dans quelques minutes par une chanson douce...

J'ouvre la fenêtre de la cuisine, celle qui donne sur la rue. Pas de doutes, c'est bien la voiture qu'a pris Samuel hier. Qu'est-ce que...?

Je crois reconnaître Kylian Mbappe qui sort de la voiture aussitôt m'avoir vue. Heureusement que personne ne s'est levé pour aller lui dire de fermer sa gueule.

Hé, c'est bien toi Swallen ? demande Kylian en croisant les bras sur son torse.

C'est Lucas qui t'a envoyé ? rigolé-je. J'en veux pas, de son dîner.

Il paraît que tu as un entretien d'embauche, et, c'est Samuel qui veut te prêter sa caisse. Dépêche, on va devoir rentrer pour aller sur les terrains !

Je déglutis. Je croyais qu'ils m'avaient oubliée, depuis. Ça me fait chaud au cœur, qu'on pense à moi, comme ça. Se dire que quelqu'un a dit mon nom dans sa tête, et monopolisé un peu de son temps, c'est trop mignon. Mais... Bizarrement, je ne me souviens pas leur avoir dit que j'avais un rendez-vous pour avoir un boulot.

Hé ben... Je pense que je n'ai plus le choix... J'arrive.

Attends ! On peut venir vite fait se réchauffer ? Lucas a péter le chauffage hier, et Sam n'a pas pu aller le réparer depuis...

Laisser entrer un footballeur chez moi ? Même pas en rêve, je ricane en fermant la fenêtre.

J'ai juste le temps d'entendre 't'es sûre c'est pas une nazi ?' de Mbappe avant de claquer la fenêtre. J'éclate de rire, et je mange vite fait.

Je vais vite me trouver la tenue que j'ai soigneusement préparé, puis je m'habille. J'entends de temps en temps un klaxon, c'est stressant. Une fois prête, je descend avec tous les papiers dont j'ai besoin pour mon futur patron.

J'ouvre à peine la porte que je vois Lucas dans la voiture. Hé merde, je vais encore devoir refuser. Ce dernier à l'air beaucoup plus en forme, tout de même. Il y a sur la banquette arrière un autre homme dont je ne connais pas le nom.

Je fonce pour ne pas me faire attendre plus longtemps, et m'installe comme si de rien n'était à ma place d'hier.

On a failli attendre, dis donc, grogne Lucas

Où est Samuel, demandé-je en m'attachant. C'est sa voiture, pourtant ...?

Il a juste prêté sa bagnole, il a pas dit qu'il voulait venir, dit Kylian.

Et, pourquoi Lucas est venu ?

Je fais ce que je veux, non mais, dit-il en finissant par tirer la langue.

Bon, tu vas où ? s'impatiente Kylian en démarrant

Le lycée de Rambouillet.

Kylian secoua sa tête négativement en souriant, et fit avancer la voiture. Pendant le court trajet, j'ai surpris le gars assis à coté en train de me regarder, ce à quoi j'ai souris. J'ai pas osé demander comment il s'appelait, ça aurait fait bizarre, non ? Et puis, Ugho qui me disait de ne pas les fréquenter, alors que j'éclate de rire aux commentaires inopinés de Lucas et Kylian.

Quelques rues plus tard, la voiture s'arrête devant le lycée. Mon stress ne fait qu'enfler quand Kylian se tourne vers moi.

C'est là.

T'es sûr ? je demande au cas où.

Tu vois bien tous les lycéens, non ? Aller, ça va bien se passer.

Ouais. Ça va bien se passer, j'approuve, rajoute Lucas. T'as bien une tête de prof. Nazi, chuchote-t-il.

Je descend, les remercie - sauf Hernandez - et m'engage sur la route pour rejoindre l'entrée du lycée.

Hé, Swallen !

Lucas, encore...

Je me retourne, et le vois, le menton posé sur le haut de la vitre baissée.

Oui ?

Pavard qui demande quand est-ce qu'on vient te chercher ?

Pavard ? Ça doit être le mec muet de tout à l'heure.
J'hausse mes épaules, et je réfléchis rapidement à la question 'est-ce une bonne idée de les revoir ?'

Ugho me tuerai. Mais, après tout... Je n'ai plus d'amis qui habitent près de chez moi, maintenant. Ugho est le seul.

Et puis, qui ne rêverait pas de devenir une amie des joueurs de L'équipe de France ?


Je viendrai moi-même vous voir.

Mais...

J'ai fait en sorte que je sois assez loin pour ne pas entendre ce qu'il dit par la suite.

Une demi heure, passée dans le bureau du directeur. Je ferai l'affaire pour un remplacement de quelques jours. Une semaine. Le directeur m'a dit que je n'ai pas le niveau d'une professeure d'anglais de lycée. Enfin, j'ai le niveau, mais, je n'ai pas le bon diplôme.

Comment je n'ai pas pu le savoir plus tôt ?

Du coup, il m'a accordé une semaine de remplacement, juste parce que c'est urgent.

Quoi de mieux pour vous bousiller le moral que de vous dire que vous avez fait cinq ans d'études après le bac pour ne pas avoir ce qu'on veut ?

J'appelle ma mère, rapidement. Je lui explique le problème avec les bons mots (ma mère prend chaque situation au mot près), et, avec un peu d'enpathie, accepte de prendre en charge la réparation de ma voiture et mon loyer du mois.

T'es pas obligée de payer mon loyer, maman, je peux le faire, c'est...

Ne t'en fait pas, j'ai vécu la même quand j'avais ton âge. Oublies le lycée, et, si il y a un collège, va au collège. Je suis sûre qu'ils te prendront.

Le collège... Cette femme est un génie !

Juste après lui avoir raconté comment ma première journée ici s'était passée (on a fini une série avec Ugho, rien d'exceptionnel), nous avons raccroché, et, en rentrant à pied, je me suis permise d'acheter à manger dans l'épicerie près de chez moi.

Je n'arrête pas de repenser à ce que j'ai dit à Lucas. «c'est moi qui viendrai». Je ne sais même pas où est leur centre d'entraînement... Quelle conne.

Je n'ai même pas un de leur numéro, et, ce n'est pas la peine de les contacter par les réseaux sociaux...
Sur mon téléphone, je lis de leur centre qu'il est ouvert au public. J'ai la carte.

Je n'ai plus de raisons de me refuser une visite. Merde.

On Est Deux [Benjamin Pavard]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant