Maurice lâche un juron et se lève de l'accoudoir sur lequel il était appuyé. J'ai à peine le temps de tourner la tête en direction du bruit que la personne entre déjà, sans avoir pris le temps de savoir si je pouvais recevoir une visite ou si je pouvais être dérangée. L'intrus s'avance, sans prendre le temps de fermer la porte, en m'adressant à peine un regard. Il se tourne vers Maurice.
- Hemerit, je vous croyais en congé.
L'inconnu, me présentant son meilleur profil de ¾, n'arbore aucune marque d'émotion avec seulement une lueur dans son regard qui se veut être d'une curiosité bienveillante. Je reporte mon attention sur Maurice dont la réponse pourra surement éclairer la conversation que nous n'avons pas eu le temps de clore.
Maurice le salut d'un signe de tête.
- Inspecteur Martin, dit-il par politesse avant de passer furtivement un œil sur moi. Je viens effectivement de prendre quelques jours de repos pour pouvoir assister à l'enterrement. Je suis directement venue voir les jumelles, je n'ai pas encore eu le temps de me changer.
A-t-il « pris » quelques jours de congés, ou l'a-t-on obligé, comme il essayait de me le faire comprendre la minute précédente ?
Mon regard se pose alors sur l'inspecteur, tentant de comprendre ce qu'il y a de louche chez lui. Il est vrai que son grand costume noir en impose face à Maurice, déjà grand et qui, pourtant, se fait dépasser d'une tête par ce géant.
- Bien, répond-il à Maurice.
Il s'avance enfin vers moi, tassée au fond de mon lit.
- Bonjour Luna, je suis l'inspecteur Martin.
Le plus impressionnant chez lui est ce tronc taillé en V d'un homme qui mène sans conteste d'intenses entraînements vis-à-vis de ce tas de muscles qui lui fait office de corps. Pourtant, cette impressionnante carrure est parfaitement proportionnée, musclée sans exagération et non sculptée par ces régimes hyperprotéiné, loin de là. C'est simplement un molosse pur et dur.
Lui, un inspecteur de police ? Il doit surement faire pas mal d'heures supplémentaires.
Il me tend la main avant de remarquer que mon poignet droit est enfermé dans une attelle. Je ne bouge pas le bras et me contente de le dévisager.
- Je suis chargé de l'enquête concernant le meurtre de votre tutrice. Thérèse Vallières, s'empresse-t-il de préciser. Pourrais-je te poser quelques questions ? Ce ne sera pas long.
Je ne peux qu'acquiescer par un bref mouvement de tête, la gorge nouée par le chagrin qui revient d'un coup sous les mots « meurtre de Thérèse Vallières ». Hemerit détourne le regard, morne.
- Tu devrais te rallonger Luna, me recommande Maurice d'une voix douce. Je serais dans le couloir si tu as besoin.
Il se retire en adressant un dernier regard à l'inspecteur, s'approchant plus, de mon point de vue, d'un avertissement que d'un simple signe d'au revoir.
Le géant ne fait même pas attention à lui et, tandis que je m'adosse contre ma tête de lit, l'homme prend place sur le siège en face de moi, sortant crayon et bloc-notes.
Je suis un instant Maurice du regard, qui referme la porte derrière lui, puis redirige mon attention vers mon interrogateur. Il fait chaud en ce début d'été et il retire sa veste. Ses cheveux clairs touffus encadrent un visage étonnamment fin pour son gabarit de gladiateur.
- Toutes mes condoléances.
Son air se veut empathique pendant une fraction de seconde, avant de se vider à nouveau de toute émotion. Ses yeux sont orangés et, aussi curieux que cela puisse paraître, tirant sur le vert.
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Enfants des Astres-Livre I : Nomen Omen
LobisomemAprès l'incendie criminel qui coûte la vie à leur tutrice, Luna et sa jumelle Soleïane doivent faire face à un traumatisme aux étranges conséquences. A l'hôpital, Luna accumule les songes qui hantent son sommeil ; Soleïane, elle, ne semble pas voulo...