Éclats

Chapitre 26

Tyler

Elle se détache de mon emprise et retourne vers le sofa pour saisir son sac à main en velours dans lequel elle range son téléphone.
Je n'en crois pas mes oreilles. Elle ose me désobéir ? Sous le choc, je ne réagis pas tout de suite. Ce n'est que lorsqu'elle tire la fermeture éclair de son sac que je sors de ma transe. Mes poings se crispent en même temps que ma respiration s'accélère.

Elle fait tout pour m'énerver, ou quoi ?

D'un pas déterminé, je rejoins Maddison.

— Qu'est-ce que tu fais, là ?

— Je m'en vais.

Je saisis son bras avec plus de brutalité que voulu.

— Tu n'iras nulle part. Ni maintenant, ni ce soir. Je ne comprends pas pourquoi t'en fais tout un plat, Maddy.

Elle se libère de mon emprise, me tire à côté d'elle sur le canapé et me fait face, les yeux brillants.

— J'en ai marre que tu me dictes tout ce que j'ai à faire et à dire, Tyler. Je suis ta copine, pas ta chienne. C'est clair ?

Je pense rêver. Elle va tout me mettre sur le dos ! En me parlant sur ce ton, en plus !

— Moi ? Moi, je te dicte tous tes faits et gestes ? C'est des conneries !

J'accompagne mes rugissements d'un coup de poing sur la table basse et me relève par la même occasion. Maddison retient un cri mais ne peut s'empêcher de sursauter. En reportant mon attention sur elle, je surprends sa lèvre inférieure en train de trembler et ses yeux en train de briller.

Elle a peur.

Ce sentiment de puissance, qui m'est depuis longtemps familier, me possède pour la énième fois de ma vie. Il me procure toujours le même malsain plaisir. J'ai le pouvoir de répandre la peur autour de moi aussi simplement qu'une traînée de poudre et ainsi, obtenir la soumission d'autrui. Par conséquent, je passe souvent pour le méchant de l'histoire.
Mais, que voulez-vous ?
Après avoir goûté à ce sentiment, ça devient comme une drogue. On ne peut plus s'en passer. On y pense tellement que ça devient une obsession qui nous ronge de l'intérieur. On en redemande, encore et encore, peu importe ce qu'il nous en coûte.

Je me demande si Morgan ressent la même chose par rapport aux réelles drogues... certainement que oui.

Dans mon cas, ce n'est pas compliqué d'obtenir ce que je veux : un peu de violence verbale, même physique s'il le faut, ainsi que quelques sous-entendus glissés au bon moment et le tour est joué. Je suis devenu un expert en la matière.
Pas étonnant, je fais ça depuis mon plus jeune âge. Au fil du temps, j'ai acquis un certain charisme ainsi que beaucoup d'expérience.
Mais surtout, j'ai appris du meilleur : mon père. Il m'a toujours dit que si quelqu'un s'oppose à mes désirs ou à mes objectifs, il faut à tout prix que je m'en débarrasse. Pour se faire, il suffit simplement de bien connaître son ennemi, comme le dit si bien le dicton : "sois proche de tes amis, et encore plus de tes ennemis". Je ne connais pas de meilleur proverbe pour illustrer ce fait.

D'ailleurs, c'est exactement ce que je fais. J'en apprends le plus possible sur chacun de mes proches et de mes "ennemis" — croyez-moi, il y en a beaucoup — et ce, sans rien dévoiler sur moi-même. Ce concept me permet de connaître les gens qui m'entourent sans qu'aucun d'entre eux ne puisse faire de même avec moi.
Au final, personne ne me connait réellement, puisque je ne me dévoile pas. Au contraire, je ne montre que ce que les gens veulent voir de ma personnalité. Je crois d'ailleurs que seul mon père et Daniel peuvent affirmer connaître le vrai Tyler, et encore... Je crois que même moi, je ne le connais pas, en fin de compte.

— Tyler... t'as aucune idée de la façon dont tu me traites.

Maddison me sort de mes pensées en atteignant les limites de ma patience.

— Mais, de quoi tu parles ? Et depuis quand tu joues aux rebelles, comme ça ?

Je sais que si je me regardais dans la glace à l'instant même, mon visage serait aussi rouge que les rideaux de cette pièce.

— De quel droit tu m'accuses ne pas te traiter correctement ? T'es en manque d'attention, Maddy, hein ? Tu peux pas jouer aux petites amies normales, sérieusement ?

Je plante mon regard dur dans le sien tandis que mon rythme cardiaque s'accélère. Je réalise que ma colère grandit dangereusement au fil de cette dispute.

Tant pis pour elle. Elle n'avait qu'à m'écouter.

— Évidemment, madame a besoin d'être différente. Mais laisse-moi te ramener à la réalité, Maddison. (Je me penche vers elle, toujours en soutenant son regard) T'es la fille la plus banale et la moins exceptionnelle que j'ai rencontré de toute ma vie.

Elle pleure, maintenant. Ne sachant quoi faire face à ses larmes, je m'assieds à côté d'elle sur le canapé et laisse le silence emplir la pièce.

Merde, j'y suis peut-être allé un peu fort, pour le coup...

Je réalise alors que je me comporte en sombre connard. Alors, pour essayer d'arranger les choses, je me rapproche de ma copine et tente de prendre ses mains dans les miennes. Ce fut une grosse erreur.
Elle recule sur le sofa avant de lever la main droite et me flanquer une claque si violente que ma peau brûle mes doigts lorsque ceux-ci se posent dessus.
Je vois bien qu'elle ne s'est pas retenue.

J'imagine que je l'ai mérité, celle-là.

Je laisse tomber. Ça ne sert à rien de tenter quoique ce soit : Maddison est trop énervée. On discutera de tout ça plus tard. Je la vois prendre son sac en silence, toujours avec de grosses larmes couvrant ses joues, et se diriger vers la porte. Elle s'arrête avant de l'ouvrir.

— T'es qu'un connard.

On m'a déjà traité de pire. Je préfère l'ignorer et ne pas empirer la situation. Elle sort de la maison en claquant la porte.

Je suis alors de retour à mon point de départ.

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J'espère que ce chapitre vous a plu ! :)

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