Éclats

Chapitre 28

Ella

Je prends peur.

Est-ce que je suis prête à aller plus loin ?

On était à deux doigts de le faire, la dernière fois. J'étais allée chez lui et on avait fini sur son lit, mais pour une raison x, j'avais refusé d'aller plus loin. Ça l'avait beaucoup contrarié, mais il s'en était vite remis. Je me sentais prête, pourtant. Simplement... pas avec lui. Mais ça, il n'a pas besoin de le savoir.
Je me dégage doucement de son étreinte.

— Non. Je... je ne suis pas prête.

Exactement comme je l'avais imaginé, Ethan soupire d'exaspération, s'éloigne de moi et s'appuie de nouveau contre le mur. Il ne doit pas être habitué à ce qu'on le fasse autant attendre. D'ailleurs, ça m'étonne qu'il soit encore avec moi après tout ce temps.
Je commence à me ronger les ongles, horrible manie que j'ai gardé depuis le début du collège. Un silence gênant s'installe entre nous, et, voyant qu'il ne compte pas le rompre, je prends les devants.

— Est-ce qu'on peut sortir prendre l'air ? S'il te plaît ?

En plus de cette chaleur insupportable, le brouhaha général m'empêche de m'entendre penser. Ethan prend d'abord quelques minutes afin de considérer ma proposition. Puis, en marmonnant un "d'accord", il se dirige vers les escaliers, avec moi sur ses talons. En arrivant en bas, il est accueilli par quelques applaudissements. Ses crétins de potes doivent penser qu'il a réussi à coucher avec moi. Je les fusille du regard mais m'arrête lorsque mes yeux rencontrent la cheveulure d'ébène de Daniel. Il est le seul à ne pas avoir applaudi, ou sifflé, comme certains. Nos regards se croisent et je pense lire de la peur, ou du moins, de l'inquiétude dans le sien. Je dois me tomper, puisqu'il me sourit la seconde après. Contrairement à moi, Ethan ne leur adresse même pas un regard, ce que j'apprécie beaucoup venant de sa part.

Nous sortons enfin de la maison. L'immense jardin à l'arrière de la villa d'Ethan regorgeant de lycéens, nous décidons de nous promener le long du sentier qui mène à la forêt. Curieusement, cette nuit californienne est un peu plus fraîche que les autres. Une douce brise vient se mélanger à mes cheveux, me faisant frissonner au passage.
À présent, j'ai chaud et froid en même temps, mais je ne vais pas m'en plaindre. Toujours en suivant mon copain, je me rends compte que l'on va bientôt entrer dans la forêt, ce qui me fout un peu les jetons, je dois l'avouer. Ethan s'arrête près d'un arbre se trouvant à l'entrée des bois et me prend la main.

— Écoute, Ella. Si t'es pas prête... c'est pas grave. Je comprends. C'est juste que j'en ai envie, mais j'attendrais.

C'est vraiment gentil de sa part de dire ça, mais ça m'étonnerait franchement qu'il arrive à se contenir le temps que je sois prête. Après tout, il reste un garçon. Je décide néanmoins de ne pas tirer de conclusions hâtives et de lui laisser une chance.

— Merci, Ethan. La première fois, c'est vraiment important, pour moi.

Silence. Ne sachant pas vraiment quoi dire, j'essaie de détendre un peu l'atmosphère.

— Pas pour toi, visiblement : tu l'as faite dans des toilettes publiques !

À ce souvenir, je ne peux m'empêcher de rire. Ethan se cache le visage des mains, mort de honte, mais finit par partager mon hilarité.

— Combien de temps tu vas encore me rappeler ça ?

— Comment ça, combien de temps ? Je l'écrirai sur un papier et le glisserai dans ta tombe ! Tu t'en souviendras même dans ta prochaine vie, tu verras.

Ethan secoue la tête, toujours sans cesser de rire. Il s'approche un peu plus de moi et je fais de même. Toujours sans arrêter de sourire, nous échangeons un long baiser au clair de lune.
Ça semble cliché, n'est-ce pas ?
Pourtant, c'est tout le contraire. Je transpire encore un peu à cause de la fête, contrairement à mon dos et mes jambes qui eux, restent gelés. Mes pieds me font un mal de chien à force d'avoir marché avec ces foutus talons et Ethan s'appuie un peu trop sur moi. Il se colle d'ailleurs d'avantage, me plaquant à l'arbre et égratignant mon dos par la même occasion. Je laisse s'échapper un cri. Ethan sursaute mais continue de m'embrasser. Il doit penser que c'était un cri de plaisir. Je tente de l'arrêter mais ça me semble désormais impossible. Lorsqu'il remonte sa main le long de ma cuisse, je comprends que, non seulement il ne veut pas s'arrêter, mais qu'en plus, il ne compte pas le faire. Réalisant ce qui est en train de m'arriver, je commence à me débattre.