Chapitre 32

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Daniel

Je prends place à côté de Brenda sans pour autant lui prêter attention. Même si ça me fait mal d'être à la fois si près et si loin d'elle, je ne peux pas lui dire ce qui me pèse sur le coeur maintenant. Du moins, pas devant Ella. Celle-ci, d'ailleurs tout comme son amie, affiche une mine bien surprise. Elle ne devait pas s'attendre à ce que je m'invite à leur table. Je n'ai même pas le temps de les saluer que Brenda se lève et emporte son plateau avec elle.

Bon, c'est pas gagné.

— Relax, mec. Elle va pas t'ignorer pour le restant de sa vie, hein.

Ella dissimule un sourire derrière sa serviette. Je soupire, pas d'humeur à plaisanter et entame ma part de pizza au goût douteux. Je croise les doigts, espérant qu'elle ne soit pas périmée.

— J'espère bien. Je veux juste m'expliquer avec elle. Mais bon, ça risque pas d'arriver, à ce rythme-là.

Je soupire.

— C'est ton amie, non ? Tu veux pas m'aider ? lui demandai-je en posant mes bras tendus vers elle à plat sur la table.

— Non, absolument pas. Débrouille-toi tout seul !

— Méchante, l'insultai-je en me redressant.

— Désolée, c'est trop divertissant de vous voir vous courir après, comme ça, avoue-t-elle en pouffant.

Je roule des yeux pour toute réponse.

Elle sert qu'à se foutre de ma gueule, celle-là !

Redevenue sérieuse, Ella jette un regard en direction de la concernée, mais elle n'est déjà plus là.

— Je devrais aller la voir.

— Non, attends. J'ai besoin de lui parler bien plus que toi. Et comme madame ne veut pas m'aider, je dois faire encore plus d'efforts.

Elle rit à nouveau et me fait signe d'aller à sa poursuite. Avant d'obtempérer, je lui demande si elle va bien et elle m'affirme que oui. Je devine facilement qu'elle répond par automatisme. C'est certain, elle ne me le dirait jamais, si ça n'allait pas.
Je me lève, laissant mon repas certainement immangeable presque intact et me dirige vers la sortie plus ou moins en courant. Balayant le couloir principal du regard, j'essaie de repérer la chevelure noire de Brenda, mais abandonne vite quand je me rends compte qu'il n'y pas âme qui vive dans les parages.

Tout le monde mange à cette heure-ci.

Où peut-elle être allée ? Je passe mentalement en revue les endroits où elle pourrait se trouver : les toilettes des filles, la salle de musique et son caiser.
L'un d'eux m'étant interdit d'accès, je décide de commencer par la salle de musique que je trouve malheureusement fermée. Je rebrousse le chemin et me dirige vers son casier, se trouvant à quelques couloirs d'ici. Coup de chance, elle est en train de le ranger.

— Brenda !

Je m'approche, mais elle m'ignore. Heureusement, il n'y a personne dans le couloir. On va pouvoir discuter librement. Je claque la porte de son casier de ma main bandée, ce qui me vaut un regard réprobateur.

— Il faut que je te parle. Je peux ?

Elle croise les bras sur sa poitrine après avoir remis la bretelle de son sac à dos en place. Sans rien dire, elle examine tour à tour mes blessures avant de river son regard sur le sol et lâcher un soupir. Je prends son silence pour un "oui".

— Écoute, je sais ce que tu penses... mais je t'assure que tout est fini avec Morgan. On n'est définitivement plus ensemble. Alors, je me deman...

Elle me coupe.

— Daniel, je ne crois pas que ce soit une bonne idée.

— Mais si, je te promets que tout ira bien, maintenant. Il n'y aura plus personne pour se mettre entre nous, et...

Elle relève enfin les yeux vers moi. Son regard déborde de détermination.

— Non, Daniel. Ce n'est pas parce que je ne veux pas, c'est parce que je ne peux pas.

L'incompréhension doit se lire sur mon visage.

Qu'est-ce qu'elle raconte ?

— Je ne te fais pas confiance, m'avoue-t-elle.

Aïe.

Au moins, c'est honnête.

— Mais...

Elle lève un sourcil.

— De toute façon, on ne s'était pas mis d'accord sur le fait que c'était une erreur, par hasard ?

Peut-être, mais je ne pensais pas ce que j'ai dit, bordel !

Je ferme les yeux et baisse la tête pour essayer de trouver une solution. Peut-être qu'on devrait... ralentir, ou quelque chose comme ça. C'est vrai qu'on s'est un peu précipités. Après tout, on ne se connaît depuis pas si longtemps que ça.

Ralentir... mais oui, c'est ça !

Une idée me vient à l'esprit.

— D'accord, t'as raison.

Je regarde son visage de profil tandis qu'elle range son casier rouvert quelques instants plus tôt.

— Bien, alors je peux pa...

C'est à mon tour de l'interrompre.

— Alors, qu'est-ce que tu dirais de ça : on n'a qu'à commencer par être amis ?

Elle s'arrête et se tourne vers moi, visiblement confuse.

— Amis ? T'es sérieux, là ?

Je me gratte l'arrière du crâne.

Le suis-je ?

Ne me laissant pas le temps de regretter ma proposition, Brenda verouille son casier avant de faire la chose qui me surprend le plus. Elle accepte.

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En espérant que la relation amicale marchera mieux que la relation amoureuse !

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Merci de votre lecture !

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