Chapitre 11

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En regardant le soleil, je constate qu'il est à peine 14 heures. Sur le Pays Imaginaire, les montres sont interdites et je doute quelles fonctionnent dans un lieu comme celui-ci. Du coup, tous les enfants perdus apprennent à lire l'heure en se basant sur les mouvements du soleil. Pour vous dire, on apprend d'abord à lire l'heure puis on apprend à voler.

En chemin pour le campement de Peter, je croise Mélissa qui s'y rendait elle aussi. Sans surprise j'ai eu le droit à un interrogatoire costaud pour qu'elle puisse être au courant de tout. Je l'ai rassuré comme je pouvais mais ce qui l'inquiétait maintenant c'était Peter et c'est compréhensible : aujourdhui je porte une veste, une première depuis mon arrivée ici. Mélissa eu tout plein d'idées plus improbables les unes que les autres :

>Je me suis fait piquée par un moustique pendant la nuit, le bouton est tellement gros et répugnant que je préfère mourir de chaud sous ma veste que de le montrer au monde.

>Je commence à avoir la varicelle et logiquement je la cache pour la refiler à tous les enfants du camp.

>Moment de nostalgie, je veux me rappeler l'odeur de mes parents.

La dernière idée est la plus vraisemblable mais je vous rappelle que cette veste en a vu de toutes les couleurs. Résultat toute odeur a disparu ; et ça Peter le sait. La dernière option est l'improvisation au moment crucial, nous devenons très imaginatives sous le stress.

Pendant tout le trajet, Mélissa n'a cessé de proposer des idées de couvertures, sans succès. Une fois au camp, nous sommes confrontés à notre « angoisse » du moment : Peter. C'est dingue, dès qu'on le cherche il est introuvable mais lorsqu'on veut absolument l'éviter il est toujours là. A croire qu'il lit dans les esprits. Alors que Mélissa et moi voulions passer incognito à travers le camp, Peter m'interpela et me lança à pleine vitesse une pomme. Je l'attrape de justesse avant qu'elle ne percute mon visage. Je la lève bien haut dans les airs pour que Peter la voit puis crie :

« MERCI POUR L'ENCAS ! »

Je croque à pleine dents la pauvre pomme alors que Peter se force à afficher un sourire. Je prie pour qu'il se retourne et n'aperçoive pas ma tenue peu habituelle mais ça aurait été trop beau. Il plisse ses yeux puis dit :

« Depuis quand tu portes une veste toi ? »

Panique à bord ! Je lance un regard de détresse à Mélissa qui commence à faire marcher ses neurones à deux milles à l'heure. Il faut absolument qu'elle nous sorte une excuse qui tient la route. Soudainement elle plaqua sa main sur mon front et déclara :

« Elle a de la fièvre ! »

Comme pour appuyer ses propos, je me force à tousser assez fort pour que Peter puisse entendre. Ce dernier haussa un de ses sourcils comme il sait si bien le faire lorsque quelque chose ne le convainc pas ; je sus immédiatement que cette excuse ne lui convenait pas mais il ne chercha pas plus d'explication et partit rejoindre un groupe d'enfants perdus.

J'essuie mentalement mon front, nous avons évité la catastrophe. Mélissa se remercia intérieurement d'avoir trouvé cette idée qu'elle trouvait génial. Alors que je voulais la remercier, une petite masse vint la plaquer au sol.

« Les filles ! »

La petite masse n'est autre qu'Henry en mal d'affection. La situation était à mourir de rire : Mélissa allongeait au sol avec un petit être qui l'écrasait de tout son poids. Un enfant qui met K.O une « adulte ». Je ne peux pas m'empêcher de rire sous le regard amusé d'Henry et celui de Mélissa qui est plutôt désemparé.

« Vous m'avez laissé seul pendant trop longtemps...

- Désolée petit gars mais on a plein de truc à gérer. »

Je lui frotte énergiquement la tête et lui demande de se lever pour laisser Mélissa se relever dignement, enfin si elle peut. Henry m'inspecta de la tête aux pieds.

« Pourquoi t'as une veste ? Il fait super chaud !

- Je me sens un peu fiévreuse...

- Fait voir ! Il me montre sa main mais je la repousse.

- Non ! Enfin je veux dire... Vaut mieux pas que tu m'approches trop, je ne veux pas que tu sois malade. »

Je le repousse gentiment et lui sourit ; ça semble lui suffire. Mais le mioche avait raison pour une chose : il faisait affreusement chaud et la veste n'aidait pas vraiment. La chaleur me monte à la tête, il manquerait plus que j'ai de la fièvre. Mes pieds m'ont spontanément portée à un des troncs d'arbre qui meublaient le camp. Sans perdre de temps, Mélissa et Henry se joignent à moi légèrement inquiets de mon état de « malade ».

« Ça va aller Jade... Tu nas rien de grave. »

Mélissa me frotta énergiquement dans l'espoir de faire disparaitre la douleur. J'ai déjà essayé cette méthode sur mon bras et le résultat est toujours très loin des attentes. Henry me regarde avec son expression de petit chien battu, il s'est rapidement accroché à moi et Mélissa dans le camp. Je le rassure comme je peux :

« Ne t'inquiète pas ! Ce n'est pas un peu de fièvre qui va me mettre K.O !

- Si tu le dis... Il se frotta les mains avant de continuer ; est-ce que vous auriez croisé ma famille sur lîle ?

- Malheureusement non, Mélissa avait répondu immédiatement. Puis tu sais, comme Peter a dit, il y a très peu de chance pour quils puissent atteindre le monde Imaginaire... »

Henry ne répondit pas et se contenta de nous quitter en trainant des pieds afin de rejoindre son lit de fortune.

Je trouve cette situation ironique ; j'ai l'étrange impression de me voir à travers Henry. Lorsque je dis ça, je veux dire que moi aussi, à mes débuts sur l'île, je voulais retrouver mes parents. Comme vous pouvez le constater, les retrouvailles n'ont pas eu lieu et je doute qu'elles arrivent un jour si je reste sur cette île. Je me sens un peu cruelle de faire vivre ça à Henry alors que sa famille fait tout pour le retrouver ; au fond j'aurais aimé que mes parents fassent ça pour moi...

Mélissa me coupa dans ma réflexion :

« Quelque chose ne va pas ?

- Tu ne trouves pas ça injuste de lui mentir et de dire que sa famille ne viendra jamais le chercher ?

- Peut-être mais on n'a pas le choix. On suit les ordres de Peter ! »

Je bondis du tronc et me posta devant Mélissa en bondant mon torse.

« Peut-être que j'en ai marre ! Marre de suivre les petits caprices de Monsieur Pan ! Je peux me rebeller. Franchement Peter est tellement simple avec ses petits tours de passe-passe.

- Arrête de faire ta dure à cuir 5 minutes tu veux ! Mélissa haussa le ton. On ne sait pas de quoi il est capable, réellement.

- Si on ne tente rien, on ne sera jamais !

- Tu es folle ma pauvre... »

Je sais que je désespère Mélissa mais on ne peut pas laisser Peter dicter ses lois comme il l'entend ! La monarchie doit prendre fin et je serais l'étincelle qui enflammera la révolte. La révolte aura un coût et je suis prête à le payer. Cependant Mélissa a raison, Peter est imprévisible et ce pour une seule raison : il n'a pas de coeur.

Je zieute le camp des yeux à la recherche de ma victime du jour mais comme je vous l'ai dit plus tôt ; lorsque l'on cherche Peter, il devient introuvable. Alors que j'allais perdre espoir je le vis sortir de l'obscurité et s'avancer au centre du campement. Je fonce dans sa direction avant qu'il commence une activité qui pourrait être plus intéressante que ce que j'ai à lui dire, même si j'en doute.

Je me fige devant lui, le stoppant dans sa trajectoire. Il hausse son fameux sourcil mais je lui souris seulement avant de lui demander aussi gentiment que possible :

« Je peux te parler deux petites minutes ? »

Il me prit par la main et m'entraina dans un coin du camp. Ça pourrait être le début d'une scène d'amour malheureusement l'auteur en a décidé autrement.

Je sens que la conversation qui va suivre me mettra dans une merde pas possible mais maintenant, je suis déterminée à lui dire ses 4 vérités de dictateur en carton.

Le pays imaginaire...mon histoire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant