Chapitre 20

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La température de Thomas ne cesse d'augmenter depuis son soudain réveil, qui fut très court mais très perturbant. L'inquiétude noie mon cerveau, Vinciane n'est toujours pas revenue... Imaginez que Peter l'ait trouvé et la séquestre au camp. Je secoue frénétiquement ma tête pour faire sortir cette idée de mon esprit. Du bruit se fait entendre à l'entrée de la cabane, je me retourne pour croiser la petite frimousse de Vinciane.

« Je suis de retour ! »

Elle porte difficilement le petit seau rempli à ras-bord, je me dépêche de la rejoindre pour l'aider. Alors que j'arrivais à sa hauteur, j'aperçois un être non désiré.

« Qu'est-ce que tu fous là ?

- Bonjour à toi aussi ! »

Peter. Toujours là au pire moment. Il affichait un large sourire, si Vinciane n'avait pas été là je crois bien que je l'aurais baffé. Depuis son lit, j'entends Mélissa murmurer un petit « Putain » assez révélateur sur la situation actuelle. Le « grand chef » zieute notre petite cabane et s'attarde quelques instants sur Vinciane et Thomas.

« Tu comptais me le dire quand ?

- Eh bien... Je me frotte de menton. Jamais ! »

Je détourne mon attention de Peter pour me reconcentrer sur Vinciane et le seau d'eau. Je tends ma main vers elle pour qu'elle me donne enfin le seau, fruit de son périple qui a conduit Peter jusqu'à moi. Mais devinez qui attrape le seau avant moi ? Oui ! Cet idiot de Peter, comme toujours. Tout en me regardant droit dans les yeux, Monsieur lève le seau assez haut pour qu'il soit hors de ma portée. Bien évidemment j'ai essayé de lui dérober en sautant, en attaquant par surprise mais rien n'y fait : ce bougre est sacrément grand. Je sors la carte « se comporter comme une enfant ».

« Donne-le moi ! Je croise mes bras sur ma poitrine et rentre légère ma tête.

- Et pourquoi ? Il me sourit en coin.

- Pour sauver la vie de Thomas ! »

Je jette un rapide coup d'oeil autour de moi : Mélissa ne bouge pas d'un cil, toujours sur son lit ; Vinciane est à deux doigts de pleurer et Thomas s'agite de plus en plus. Le sourire sournois de Thomas disparait pour une mine beaucoup plus sérieuse.

« Tu ne le connais même pas !

- Je ne te connaissais pas non plus au début et pourtant je t'aie fait confiance ! Même si tu m'as refilée à la Fée Clochette... J'ai chuchoté cette deuxième partie de phrase. Puis ce ne sont pas tes affaires à ce que je sache ! Tu es peut-être le « roi de l'Île » mais ici tu n'as aucun pouvoir ! »

Mon regard était encré dans celui de Peter qui ne sourcille pas. Je constate petit à petit que le bras de Peter baisse rendant l'accès au seau bien plus simple. Je réussis à l'attraper et me jette aussitôt au chevet de Thomas. Je chope un bout de tissu déchiré que je trempe abondamment dans l'eau fraiche. J'essore le tissu avant de le déposer délicatement sur le front brulant de Thomas. Il semble se calmer. Peter observe la scène en me dévisageant mais je lui réponds par un petit rictus. En me rendant le seau, il a diminué son caractère d'abruti.

Mélissa s'approche doucement de lui :

« Tu devrais partir.

- Non. Il prend une chaise et s'installe. Je reste jusqu'au réveil de cette chiffe molle. »

Je le regarde s'installer comme s'il vivait aussi sous ce toit. Mon attention se reporte rapidement sur Thomas. Je peux distinguer un sourire sur son visage encore rouge, dû à la fièvre. Si Vinciane n'était pas arrivée à temps je ne sais pas dans quel état il serait maintenant.

En somnolant Thomas pose sa main sur la mienne. Elle est douce et chaude... Je sers doucement sa main et sens qu'il me répond par une autre pression. Je sens mes joues rougir gentiment... Comprenez-moi ! Ce n'est pas tous les jours qu'un beau garçon débarque dans ma cabane ou même sur l'île. Les enfants perdus sont loin d'être un idéal de beauté, le seul à remontrer le niveau est Peter. Cette pensée peut surprendre mais j'avoue que Peter n'est pas totalement à jeter. Le petit contact entre Thomas et moi est passé inaperçu pour les filles mais Peter, lui, était aux premières loges. Il se lève brusquement de sa chaise, sans un mot.

« Tu vas où comme ça ? J'avais lâché la main de Thomas.

- « Ce ne sont pas tes affaires ! » comme tu dis si bien. »

Il s'était stoppé à l'embouchure de la porte et me lança un dernier regard. Je souffle bruyamment, quel enfant celui-là ! Je me décide à le suivre en laissant Mélissa s'occuper des deux loustics malgré sa volonté de rester en dehors de tout ça.

« Peter attend ! »

Le pays imaginaire...mon histoire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant